Il faisait froid l�  haut. Plus que sur le pont où riait Isaure. Quand Mélissande vit Silk apparaître elle détourna le regard. Quand il prit la parole, elle sourit.  Son expression triste et butée était maintenant plus satisfaite que mélancolique. Elle se tourna. Ses yeux étincelants �  la lueur de la lune, elle faisait face �  Silk, ne scillant plus.

- Non, non... Oublies. Je croyais que... T'accompagner... m'aurais aidé �  mieux... vous comprendre ?

Thisbé, surprise par la tournure que prenait ce repas, avait arrêté de déguster le met délicieux qui tronait dans son assiette. Elle répondit rapidement aux questions de Barbosa :

- De la haine ? Alors que vous m'invitez sur votre navire sans me connaitre ? Je vous hairais pourquoi ? La seule chose qui jusqu'ici m'a déplu c'est que vous naviguiez sur le pont de mon navire sans que je sache votre nom.

Elle s'arrêta : un bruit étrange venait de naitre au dehors... Mais, voyant qu'aucun évènements ne lui faisaient suite, elle reprit :

- Beaucoup trop de gens de notre espèce haïssent gratuitement. Je suis de ceux qui pense que les pirates devraient s'unir plus que se haïr pour faire face aux autorités. Mais j'en ai trop dit. En tout les cas merci pour ce repas.

Quand Thisbé vit Barbosa partir après un "au revoir" expéditif et hésitant, elle rit. Etait-ce une façon de recevoir ?! Les manières un peu rustres du capitaine la faisait plus sourire que l'offusquait aussi quitta-t-elle le navire sans rancune. Lorsqu'elle fut sur le pont il lui semble une nouvelle fois entendre le bois grincer : un espion ? Après les quelques mots qu'elle avait échangés avec Barbosa... La jeune capitaine fit le tour du pont, la tête par dessus le bastinguage. Soudain, une silhouette lui apparut. Elle dégaina son sabre avec férocité, prête �  fondre sans pitié sur l'intrus...  

Yi Ping avait l'air grave. Le vent jouait avec sa chevelure noire et brillante. Sur ses joues plates et dans ses yeux bridées était née une noirceur auparavant inexistante.

- Ils vaquent �  leurs occupations. Thisbé doit courrir après Jack et Jack après elle. Mélissande doit être en pleine bataille avec elle-même, elle sourit, pour changer. Et nous autres... On profite du repos que nous offre cette agitation.

Sur ces mots, celle qui était maintenant plus ombre que femme invita Elisa �  rejoindre Isaure et quelques autres qui buvaient en festoyant sans pourtant faire trop de bruit. Parmis elle, une silhouette noircissait le tableau : Trompe-la-mort. Celui-ci, assis dans la nuit laissait sa figure en proie aux flammes dévorantes d'une lanterne. Il jetta un bref regard �  la tribade avant de se détourner. Isaure au contraire, semblait être une bayadère perdue. Tous les tissus luxuriants, gorgés de lumière qui la parait mettaient en valeur sa figure et le sourire qu'elle arborait pour acceuillir Elisa.  

Mélissande, un coude posé sur le bastinguage regardait le soleil s'échapper au loin. Il lui semblait que l'astre fuyait toutes les noirceurs et les bassesses d'ici bas. Si elle l'avait pu elle l'aurait surement suivit dans sa fuite éperdue.
Mais son regard alla maintenant �  la ville qui s'endormait, coupant court �  sa rêverie. Son esprit se plut �  imaginer la vie de ceux habitant l� , le regard tourné vers l'océan et qui n'osaient pourtant pas s'aventurer plus loin que leur port. Quelle triste existence ! Elle se tourna alors vers l'intérieur du navire. On s'activait moins �  bord, la nuit ayant imposé, comme �  la ville, un voile apaisant. N'y avait-il qu'elle qui bouillonait prise par l'envie de partir �  nouveau, de faire voile loin ? Pourquoi avait-elle voulu accompagner Silk ? Pourquoi ! Son seul désir avait jusqu'ici été de fuir l'humanité entière, comme le faisait si bien l'astre solaire disparu tout �  fait maintenant, alors pourquoi ? En premier lieu, elle ne chercha pas et préféra aller se réfugier l� -haut dans le nid de pie où jouait le vent.  

- Restez tant que vous voudrez Elisa, mais je me dois maintenant de vous laissez.

Sur ce, Thisbé laissa la tribade et tourna les talons. La capitaine chercha longtemps sa seconde qui était en pleine discussion avec Silk :

- Vous aurez ces renseignements, lui avait-elle dit puis, après un long silence durant lequel son visage torturé se voulait impassible la blonde avait déclaré :

- Mais laissez-moi y aller avec vous.

Mélissande avait ensuite entrepris d'expliquer la ronde du général, le moment propice �  l'attaque et autres détails importants. Thisbé arriva au beau milieu de son explication. Elle prit juste le temps d'apprendre �  sa seconde qu'elle s'éclipsait pour quelques temps et que, par conséquent, Mélissande avait pour ordre de garder le navire. Après ces menues paroles, la rousse s'en fut d'un pas étrangement inscouciant.
Lorsqu'elle arriva sur le navire de Barbosa, la nuit avançait déj�  et le port semblait en proie �  une douce langueur. Toute l'agitation s'était calmée même si, de temps �  autre, deux ou trois soldats traversaient le port �  la recherche du mystérieux voleur.
En constatant cela, Thisbé pensa �  Totus. Où était-il en ce moment même ? Sur son navire... ou en fâcheuse posture ? Elle franchit la passerelle du navire de Barbosa en songeant �  cela...  

Mélissande répliqua sur la défensive :

- Bien sûr qu'elle peut le faire elle-même mais elle veut que se soit vous. Et assassinez... Oui, si vous entendez par l�  tuer quelqu'un de choisit avec discrétion et habileté.

Mélissande oscillait entre tutoiement et vouvoiement, attirance et effroi. Ces deux sentiments mêlés avaient un gout, bien qu'un peu amer, délicieux selon la seconde. Elle s'arrêta, et scruta le bout de ses phalanges blanchâtres. Etait-ce un habile stratagème pour fuir le regard de Silk ?


Surprise par la visite de Barbosa, Thisbé eut une nouvelle fois du mal �  se concentrer sur la discution qu'elle entretenait avec Elisa. Malgré sa dissipation, lorsque les derniers mots de la jeune femme furent prononcés, l'intérêt de la rousse s'aviva. Elle hésita entre plusieurs paroles :

- N'est-ce pas un peu trop romancé ? Ne trouvez-vous vraiment aucun attrait �  la vie que vous menez présentement ?

Ce qu'elle jugea vite un peu trop sec �  dire face �  quelqu'un qui semblait au bord des larmes. Elle opta finalement pour :

- Allons. Oui je comprends bien sûr. Mais �  chacun ses injustices n'est-ce pas ? Toutes les filles de ce navire portent une plaie vive et brulante, fruit amer de quelques histoires injustes, chacunes le surpassent comme elle peut.

La capitaine marqua une petite pause dans le flux continue de ses paroles. Elle hésitait �  chaque mot, : il lui semblait pourtant avoir vu la même femme au bras d'un homme et plus heureuse que jamais ! Mais sa vision était fugace, trop pour que Thisbé soit sûre de ses pensées. Elle attendit encore et finit par déclarer, la voix bourrée de sous-entendus :

- N'y a-t-il pas des avantages à votre existence nouvelle ?

Sur ce, elle se tourna un peu plus vers la tribade, la fixant avec insistance comme pour sonder �  travers ses pupillles le vrai de ses paroles.  

Mélissande entraina Silk loin du brouhaha infernal qui commencait �  lui monter �  la tête. Elle aussi aurait aimé calmer toute l'agitation qui régnait �  bord pour revenir �  l'Essentiel. Avec Silk c'est ce qu'elle fit, elle alla droit au but n'ajoutant ni grimaces ni autres vaines fioritures �  ses paroles.

- Elle veut que vous tuiez, enfin, que tu tues le général du gouverneur... dit-elle avec une moue exaspérée et craintive.

Sur ce, elle s'assit, guettant la réaction du jeune homme qui était au momet même aussi immobile que Thisbé face �  Elisa. La capitaine, elle, méditait les derniers mots de la tribade...

- Parce-qu'il y a une bonne voie ? finitait-elle par dire, les yeux plissés par le soleil et la réfléxion.

Bien qu'intéressée par Elisa, Thisbé ne pouvait empêcher son esprit de s'égarer. Dans son for intérieur, la rousse maudissait le nouveau venu qui était monté sur son navire sans lui en demander l'autorisation et qui monopolisait maintenant toute l'attention de son prétendu "amoureux". Presque aussi exaspérée par les évènements que ne l'étaient sa seconde, elle n'entendit pas les paroles de la femme aux cheveux d'argent ce qui lui força de demander :

- Comment, que disiez-vous ?    

Yi Ping parut frustrée. Sa capitaine lui avait déj�  volé une conquête, et qui lui était chère... Si elle venait �  recommencer, la chinoise déserterait probablement ce qu'elle appelait ce "foutu rafiot". Thisbé entraperçut la réaction de l'asiatique, elle n'en fit rien.
Quand Elisa eut finit, Thisbé sourit. Jack, son "amoureux" ? Le mot l'amusa mais elle ne répondit rien, préférant garder le silence. Ce trouvant trop peu amène, elle se décida tout de même �  parler :

- Pour le navire je ne sais pas. Un camarade de Jack apparemment, murmura-t-elle en désignant son compagnon du menton.
Puis, discrètement, elle chargea Mélissande d'informer Silk de la tâche qu'il devait accomplir. Elle se re tourna alors vers la tribade :

- Alors, maintenant que vous êtes réveillée, peut-être m'en direz plus sur vous ? Je n'ai pas l'habitude d'offrir mon hospitalité �  de parfaits inconnus... Autrement dit, �  qui ai-je l'honneur ? Elisa Novalis, oui ça je le sais... Mais réellement ? Quelle est votre histoire ? Ou les choses qui vous tiennent �  coeur ?

Thisbé se tut un instant et reprit de plus belle :

- Oui, il me semble que connaître les gens ce n'est pas leur coller un prénom mais savoir ce qu'ils ont vécu et ce qu'ils affectionnent. Alors qui êtes-vous Elisa ?  

Alors ainsi Jack jouait lui aussi les mécènes. Thisbé sourit. Masi la conversation devenait trop longue, la capitaine se lassait peu �  peu aussi fit-elle un signe discret �  Mélissande lui intimant d'aller demander �  Silk de la rejoindre.
Quand celui-ci fut prêt d'elle, la rousse lui fit un signe. Elle se retira de nouveau dans sa cabine avec Mélissande et l'"apprenti" pirate... L� , elle s'assit et reprit le même geste mécanique : elle versa dans des verres un vieux rhum qui délivrait une odeur sans pareille...
Thisbé médita longuement : comment aborder le sujet avec Silk elle qui le connaissait si peu ? Malgré ces quelques hésitations qui ne durèrent que peu de temps, elle se lança.

- Matelot, j'ai mis en vous dès notre rencontre une confiance absolue qu'il est temps de justifier. La seule dont l'expression se dégradait de seconde en seconde était Mélissande, trop impressionée pour dire un mot.

Elle marqua une pause, quel culot avait-elle tout de même ! Elle s'en amusait elle-même.  

Alors une prochaine fois.
Merci...  

Je me doute qu'il est un peu tard... Mais je prend le risque... Puis-je participer �  cette quête aussi ou non ?
Si c'est trop tard je comprendrai très bien mais merci de me répondre tout de même. ...  

Yi Ping répondit. Elle avait devançé ses compagnes qui lui lançèrent un regard noir. Ainsi, la jalousie légendaire qui régnait entre elles ressurgissait avec vélocité.

- La capitaine oui. Sacré fille encore que celle-là...

L'asiatique s'arrêta un instant pour reprendre aussitôt :

- Mais ne t'avise donc pas d'aller la voir. Reste avec nous !

Sur-ce, elle saisit la main de la jeune femme en lui lançant un regard de braise.  

Thisbé était restée prèt de Jack et assistait �  l'échange entre lui et le jeune homme. Elle n'écoutait que d'une oreille, encore concentrée sur ses réfléxions. Quand Mélissande, qui avait abandonné l'observation du comportement clownesque d'Elisa, s'approcha de sa capitaine, elle trouva celle-ci assise, la tête dans les mains.

- Un imprévu ?

Thisbé releva la tête, fit un léger signe de tête �  Jack et s'éclipsa avec Mélissande dans sa cabine.

- Que veux-tu Mélissande, rien que la vie ! La vie qui comme d'habitude a jugé bon de nous compliquer les choses...

La rousse déboucha une bouteille de rhum qu'elle tendit à sa compagne.

- Que penses-tu de Silk ?
- Comment qu'est-ce que j'en pense ?

Thisbé sourit.

- Il te parle beaucoup plus qu'�  moi et tu es également beaucoup plus apte �  constater ses progrès. Est-il assez bon pour risquer sa vie... Enfin... Est-il �  même de réaliser une opération périlleuse sensible de le mettre en une bien fâcheuse posture ?

Le regard de Mélissande vacilla quelques secondes.

- Vous dites que vous voulez vous servir de lui... ?
- Je ne dis rien ! Réponds à ma question.
- Il a de grandes capacités, certes mais...
- A affiner ?
- Non, non mais...
- Mais ?
- Rien...
-Très bien, voici donc une conclusion très favorable à mon plan... médita Thisbé.

La capitaine se jetta alors sur le pont. Elle inspira un grand coup et se dirigea de nouveau vers Jack. Elle s'assit près de lui et attendit, plus sereine la fin de la conversation des deux hommes.  

...

Sinon on demande �  Elisa d'illustrer entièrement le site... Ca serait nouveau, tiré d'aucun autre site ou autre... Et ca lui ferait de la pub !!!  :  

Karmélita et Jade se regardèrent avec connivence. Ensuite leur yeux se tournèrent vers Mélissande, qui, impassible, avait gardés les yeux fixés sur Elisa.
Quand elle apercut la jeune femme aux cheveux d'argent, Yi Ping saisit une corde. Elle sembla alors filer comme une flèche : le "renouveau" était si rare par les temps qui couraient ! Elles furent donc trois aux cotés d'Elisa en très peu de temps.
Karmélita était brune et ses prunelles semblables �  de la topaze en fusion, dévisageaient avec profondeur et finesse celle qui lui faisait face.
Jade, elle, avaient de grands yeux verts qui scrutaient avec avidité les traits de la tribade �  la chevelure agrentée.
Quant �  Yi Ping, sa figure basanée était encadrée par de longs cheveux noirs aussi fins que luisants. Son regard était aussi perçant que celui d'un aigle, aussi précis que celui d'un chat. Ses mains, usées par le sel et les cordes paraissaient légèrement caleuses...

- Alors comme ça la belle tu es capitaine ! s'exclama Yi Ping.  

- Votre façon d'aimer est condamnée n'est-ce pas ? Hmmm...fit Mélissande en glissant un doigt dans sa toison d'or.

- Certaines sont d'ailleurs parmis nous pour fuir le chatiment que l'on administre aux gens de votre sorte !

Le regard d'Elisa pétilla de malice, ce que remarqua bien la seconde qui eut un franc éclat de rire.

- Il y a Isaure, Jade, Karmelita et Yi Ping... sourit Mélissande, Enfin, Isaure est plus compliquée... Mais, je vais vous laissez �  leur rencontre. L'une est dans les haubans : c'est Yi Ping. Deux autres nous font face, dit Mélissande en pointant deux jeunes femmes du doigts et il m'est impossible de vous dire ou est la quatrième.

La seconde renouvella son sourire et fixa la tribade.