Encore une bien belle histoire Cap'taine Rosaline !
A mon tour d'vous en conter une bien bonne.
Même si j'sais pas faire des belles phrases comme toi.
Ça f'sait bien huit jours que mes lascards et moi on sillonnait le golfe du Mexique � la recherche de butin facile.
Lorsque nous vîmes venir � nous sous le vent un grand bâtiment battant pavillon d'la couronne espagnole.
Aussi sec on a adopté la bonne vieille technique.
Profitant d'être masqués � sa vue par le soleil couchant nous avons hissé le pavillon espagnol et l'avons gentiment laissé venir par le tribord.
En braillant « Ola capitan ! Ola compadre !!» .
Lorsqu'il fut juste assez près pour distinguer nos ganaches de flibustier nous lui avons balancé par surprise une large bordée de canons � mitraille.
Et avant qu'les survivants stupéfaits aient eu l'temps d'piger c'qui s'passe nous les avions déj� mis � genoux en les menaçant d'leur couper les mains, la langue, les oreilles et le reste aussi.
Z'auriez vu ces malheureux officiers nous traiter d'laches, de traitres, de pirates sans honneur !
Mais le code d'honneur et le bel art de la guerre, c'est pas avec ça qu'on devient riches nous autres pauv'naufragés.
Chacun sa manière.
N 'empêche on les a quand même laissés en vie avec quatre jours de biscuit rance.
A l'aube nous filions bon train vers la Havane sur ce fameux rafiot � double rangées de sabords.
(Le capitaine Lephil (Lephil) et ses 398 marins � bord de leur deux ponts carré, 64 canons, pillent un second rang déclassé Espagnol de 436 marins, 67 canons, 13 couleuvrines.)Quel festin mes amis après la revente du royal butin !!
Hélas trois fois hélas...
Alors que nous titubions fin souls devant une grande et belle maison de maître de Havana, en braillant les pires chansons de matelots, il a fallu pour not'malheur que passe cette si charmante donzelle en robe de bal.
Peut-être aurions-nous été plus galants si nous avions su qu'elle était en personne...la fille du gouverneur.
Celui-l� même qui avait au matin passé un savon mémorable � trois de ses officiers pour s'être fait lamentablement voler un navire d'la couronne par ce sac � rhum français du nom de Lephil.
Peut-être n'aurions nous pas tant insisté pour l'accompagner dans la riche demeure...
J'pourais point trop vous conter la suite.
Savoir par quel mystère j'me suis retrouvé dans une geôle de New Plymouth est encore trop confus dans ma tête lourde et endolorie.
Pis j'ai la langue un peu pâteuse.
Mais ça fait rien.
De ma fenêtre � barreaux j'ai bien vu qu'la ville avait l'air riche.
Et j'avais encore mon navire hé hé.
Alors j'me suis dit : Aussitôt sorti j'me fais la ville !
On est comme ça nous les naufragés.
Bon rhum � tous !
Cap'tain Lephil
(Après une grosse prise, ne faites pas comme moi... restez calmes. Ça vous évitera de cliquer par mégarde sur "audience auprès du gouverneur" au lieu de "aller au chantier naval" )