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Auteur Fil de discussion: Chapitre I : De Basse-Terre à Pointe-à-Pitre  (Lu 6356 fois)
Tifant
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mousse
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« le: 11 Juillet 2013 à 21:43:52 »

Le soleil élevait avec lui les brumes de la forêt moite. Les oiseaux multicolores chantonnaient paisiblement, comme un matin plein de promesse. Dans son hamac de fortune, Frédéric ouvrit les yeux. Combien de temps avait-il dormis, avait-il rêvé les événements de la veille ? Se retournant, il voyait encore s'échapper au loin l'épaisse fumée noire des cannes brûlées pendant la révolte, rappelant au pauvre fugitif sa misérable condition.

Il avait emporté toutes les preuves de son existence au sein de la plantation du seigneur Montgrandis. Mais les esclaves, il le savait, ne pourraient taire longtemps sous la torture sa prépondérante responsabilité dans le meurtre de Marc Vallois et de la rébellion.

Il pensa d'abord longuement au seigneur Montgrandis, qui avait placé en lui toute sa confiance et s'en était retourné en France, avec toute sa famille, sûr que le jeune homme aurait su faire fructifier son seul bien, sa plantation de cannes qui n'avait que difficilement survécu �  la crise. Les petits planteurs qui avaient pu se mettre �  la canne en abandonnant la culture du tabac n'étaient pas nombreux, mais de ceux ci la famille Montgrandis s'en targuait avec gloire, et tenait ferme face aux grandes habitations qui rachetaient toutes les terres.

Il fallait se dépêcher, Vieux Fort n'était pas un endroit sûr où se retirer en cavale. Et même si la ville n'était qu'�  quelques heures de marche, qu'elle pouvait offrir le secours d'un marin rencontré �  bord de la Fortune cinq ans plutôt, elle serait évidemment un piège �  l'heure où sa culpabilité serait démontrée. Sa seule chance était de quitter cette partie de l'île, pour Point-� -Pitre, car la nouvelle de son crime tarderait �  y être annoncée, et que personne n'imaginerait un colon assez fou pour traverser la jungle de Basse Terre en période d'hivernage. A cette époque, les pluies et les ouragans sont violents. Cependant, cela jouait �  son avantage, car empêcherait la nouvelle de se répandre trop rapidement, et lui n'était pas de ces colons cantonnés dans les fortins où �  l'ombre de leurs habitations qui craignent la forêt autant que l'on craignait l'Atlantique quelques siècles plus tôt. Il avait passé nombre de jours dans ces forêt, escaladé la Souffrière maintes fois, descendu les rivières aussi souvent que son temps libre lui permettait.
Mais pourtant, il n'avait que très peu de fois été �  Grande-Terre. Pour les affaires et la politique des Montgrandis principalement.

Ce matin, la pluie était douce et calme, mais cela ne durerait guère, il fallait en profiter. Depuis les Bains-jaunes, largement plus d'une journée de marche était nécessaire pour rejoindre la Rivière Salée, du moins par temps calme et �  bonne allure. Il commença donc de s'enfoncer dans la jungle, longeant l'antique sentier des indiens caraïbes. Il se sentait �  l'abri dans cette forêt impénétrable. Il ne prêtait pas attention aux bruits étranges, �  la moiteur ambiante ou �  la faim qui commençait de lui nouer le ventre.

Après plusieurs heures de marche sans problème, la pluie parvint �  percer la canopée pour marteler le sol touffu. Il se trouvait sur le versant sud de la montagne, la chaleur �  l'approche de midi devenait purulente, il fallait continuer, car il était parti très tard ce matin.

Soudain la tempête s’annonçât. Les animaux de la forêt étaient tendus, ils criaient sans cesse, semblaient courir dans tout les sens comme pour trouver un abri opportun.

Frédéric se hâta de trouver un endroit moins en pente, car les éboulements et les glissements de terrains ne sont pas rares sous les pluies battantes. A peine avait-il trouvé son lieu, que le vent faisait déj�  chavirer la cimes des fromagers et autres arbres géants. La lumière du soleil sembla s'étioler et s'éteindre comme une bougie sous le souffle puissant d’Éole. Impossible d'avancer, trempé de la tête aux pieds, Frédéric se morfondait de son crime qui l'avait poussé dans une pareille misère. S'il connaissait la jungle, c'était par beau temps ! De plus, il ne connaissait pas les us et coutumes des anciens indiens caraïbes qui avaient peuplé ces îles inaccueillantes. Combien de temps cela allait-il durer ? Frédéric réfléchissait.

Il pensa �  Marie Montgrandis, et ses promesses d'un mariage commode qui lui aurait apporté une situation confortable, mais plus encore la chance d'un mariage amoureux. Il se souvint, les yeux ruisselant de pluie, ou de larmes, les heures passées �  lui apprendre la géographie et l'histoire, les nuitées oppressantes lors des tempêtes de juillet, la douceur de son front quand il veillait sur elle du temps qu'elle failli mourir de fièvre.

Il ne pouvait rester l�  �  attendre. La tempête pourrait durer des jours. Mu comme par un nouvel espoir, il se dressa et reprit le chemin, même sous les éléments déchaînes, car s'il restait l� , sans manger ni bouger, il mourrait �  coup sûr.

Le traversé fut difficile. Il manqua �  plusieurs reprise de se faire emporter par les écoulements violents qui sillonnaient ci et l�  comme des rivières fulgurantes, la jungle pourtant déj�  pleine de catastrophes. Agrippant avec force ce qu'il trouvait, luttant autant qu'il put, il finit par atteindre la bordure du plateau �  la nuit tombé. A cette heure ci, pendant la saison sèche, il serait déj�  de l'autre côté du plateau, peut-être même derrière la crête du Morne, prêt �  descendre en direction de Petit-Bourg.

Frédéric s'installa sous les troncs multiples et protecteurs d'un gommier géant, le corps endoloris par la fatigue et la faim, craignant la maladie d'avoir bu toute la journée l'eau qu'il trouvait en abondance mais sûrement insalubre. Au moins pensait-il, malgré la tempête, il ne s'était pas perdu. Il avait juste présumé avec trop de hardiesse ses capacités et mal soupçonné la rudesse des éléments.

La nuit fut longue et terrible, il ne put fermer l’œil un instant, fut dérangé par des animaux et insectes et dût changer d'abris plusieurs fois.

Il se remit en chemin dès les premières lueurs, encore qu'on ne les décelait pas franchement puisque la tempête n'avait pas laisser au ciel un pouce de place pour les laisser apparaître.
La pluie fut redoutable jusqu'au Col aux Ananas, car la végétation était moins dense sur cette pente douce balayée par le vent. Une fois passée la Vallée Touchard, la pluie se calma et des morceaux de ciel bleu se présentèrent timidement. Les bas nuages de l'ouragan ne pouvaient passer les crêtes, il était donc enfin �  l'abri sur ces hauteurs, il devait être 9h du matin, si rien ne venait interrompre son voyage, il serait �  Petit-Bourg dans l'après-midi.
 
« Dernière édition: 11 Juillet 2013 à 21:51:48 par Tifant »
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