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« Répondre #1 le: 18 Août 2009 à 22:18:49 » |
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"Prend soin de ta petite sœur, Ludwig."
La mère du petit garçon lui fit un doux baiser sur le front avant de le laisser partir en compagnie de Wendy. Ils étaient jumeaux, mais Ludwig étant arrivé quelque minute avant, ajouté au fait qu’elle était la petite préférée lui donna ce rang. Peut être pensaient ils que le grand frère ressentirait d’avantage sa responsabilité de gardien de cette façon.
Raphael les attendaient dehors avec son eternel mousquet comme d’habitude. À l’époque, il avait déj� la quarantaine et l’œil gauche en moins. Il y avait beaucoup � dire sur cette blessure qu’il considérait comme un cadeau. Il savait que ce n’était rien comparé � ce qu’aurai pu être son sort sans le sacrifice du père des deux enfants devant lui.
Ludwig et Wendy n’étaient encore que des bébés le jour ou Raphael devint borgne et leur mère veuve. Il décida des lors de quitter sa vie d’aventurier pour se consacrer entièrement a cette famille. Non pas parce qu’il considérait avoir une dette, ou parce que c’était la chose � faire, mais parce que sont cœur lui interdisait d’agir autrement. Les deux bambins le considéraient d’ailleurs presque comme leur père. Et qu’importent les rumeurs idiotes sur sa relation avec la femme de son défunt ami.
"Qu’est ce que c’est?"
Demanda Wendy en pointant le gros sac que portait Raphael.
"Ca? C’est une surprise mes p’tits démons."
Sans en dire plus, il dirigea le groupe vers un endroit isolé et vida le sac sur l’herbe verte. Des dizaines de bouteilles vides s’entassèrent sur le sol devant le regard intrigué des jumeaux.
"Vous ne devinez toujours pas?"
Lança l’homme en agrippant son arme avec un sourire. A cette instant, les yeux de Wendy s’illuminèrent et elle lui sauta au cou en poussant un cri de joie.
"Vraiment? On peut? Pour de vrai?"
"Mais oui mais oui. Vas-y doucement avec un vieux débris comme moi ma puce."
Il la déposa et se mit � disposer les bouteilles le long d’un rocher. Wendy sautillait d’impatience. Sa fascination pour les histoires que leur racontait Raphael sur ses aventures passées était largement supérieure � celle de Ludwig. Elle tenait son nouveau père en idole et se mettait souvent � rêver de vivre elle-même de telles épopées.
"Voila. C’est prêt. Nous allons commencer � dix mètre. Inutile de demander qui veut tirer le premier. Tu gigote tellement qu’on pourrai croire que tu a une envie pressante."
Après une petite démonstration, Raphael mit le mousquet entre les petits bras de la gamine de dix ans. Conscient qu’une telle arme était trop lourde pour quelqu’un de son âge, il garda une main sous le canon pour équilibrer et diminuer la charge et l’autre main dans le dos de Wendy pour la retenir au moment du recul provoqué par le tir.
"Ta jambe droite un peu plus en arrière. Garde les deux yeux ouvert et fixe intensément ta cible. Prend une grande inspiration et bloque-la. A partir de la, ne laisse rien te déconcentrer. Prend ton temps. Essaye de rester sur tes appuies sans trop te crisper. Ne pousse pas la gâchette, presse la."
Le bruit du canon qui crache la balle mit fin aux quelques seconde de silence. Sur le rocher, une des bouteilles en verres venait d’exploser.
"Wahoooo! J’ai reussiiiie"
"Une vraie tireuse d’élite. De quoi couvrir de honte plus d’un homme. A ton tour Ludwig"
Wendy bombait le torse, toute fière de son exploit. Son frère jusque la plutôt silencieux s’avança et prit l’arme. Même schéma que pour sa sœur. Conseil, position et tir qui fit mouche. La seule différence résidait dans l’expression de sa joie. Il était loin d’être aussi exubérant qu’elle, se contentant juste d’un "ce plus facile que ca en a l’air."
Loin d’être l’œuvre de ce qu’on appel communément la chance des débutants, les jumeaux avaient un réel talent pour le tir de précision. Raphael décida donc de transformer ce simple jeu en véritable entrainement. Le mentor transmis son savoir a ses élèves, et quelques années plus tard, ils étaient capables d’exploits surpassant ceux du maitre qui dans une mauvaise foi certaine, ressortait son âge avancé en excuse.
Le temps n’entamait en rien la passion de Wendy pour les histoires de Raphael. Chacune de ses nuits était bercé par de grand rêve d’aventure. Et un soir, durant l’année de ses 18 ans, elle posa une question � ce vieille homme qui avait abandonné toute ces choses pour elle et son frère.
"Tu ne regrette pas ton ancienne vie, Raphael? Tu as laissé tellement de choses derrière toi � cause de nous. Ca ne te rend pas triste d’avoir � subir cela?"
La réponse vint en même temps qu’un petit sourire au coin des lèvres.
"Je ne regrette rien ma petite Wendy. Ces deux décennies passées avec toi et ton frère ont été les meilleures années de ma vie. Bien sur que mon existence d’autre fois me manque de temps en temps. Mais j’ai appris � apprécier cette nouvelle façon d’être. Et pour tout te dire, je suis heureux d’avoir eu la chance de connaître les deux."
"Tu veux dire que tu es satisfait de ta vie?"
Raphael éclata d’un rire gras qui s’étouffa en toussotement.
"Oui je suis satisfait. Et même plus. J’ai vécu ma vie comme je l’entendais et mes choix ont souvent apporté de bonnes choses. Des choses comme toi."
Cette nuit la, Wendy n’avait pas fermé les yeux. Ses pensées s’accumulaient et s’entrechoquaient dans son esprit comme dans un tourbillon. Et le courant de ses rêves y était puissant.
*Faire des choix…*
Ce fut la dernière fois que la famille Armand vit le plus jeune de ses membres. Wendy s’était enfuit en pleine nuit en quête d’aventure. Elle voulait réaliser ses rêves et savait qu’il lui fallait parcourir le monde pour cela. Sa mère tomba gravement malade. La mort de son époux l’avait déj� beaucoup affecté. Cette nouvelle perte l’avait fait se replier sur elle-même. Elle n’était plus qu’une ombre faible et fade qui ne pouvait plus sourire.
Mais le pire était encore � venir. Trois ans après cette fugue, une affiche faisait parler tout les habitants des alentours. Personne ne voulait y croire. Elle était pourtant bien la, froide, réelle et fatale. Les traits du visage qui ne laissait déj� aucun doute étaient entérinés par les mots qui suivaient plus bas. Wendy oneshot Armand. Recherchée morte ou vive. 800 pièces d’or. Ce fut le coup de trop pour la vieille femme dont l’état de santé se dégrada rapidement et qui mourut quelques jours après l’apparition de cet avis de recherche. Quant � Ludwig, il ne pouvait plus ressentir autre chose que de la colère et de la rancune. Il tenait Raphael pour responsable de tout le mal qui s’était abattue sur sa famille. Et après l’enterrement de sa mère, il alla directement chez lui, pris son mousquet et le pointa vers la tête de celui qu’il a un jour failli appeler père.
"C’est ta faute. Tu lui as mis toutes ces idées idiote dans le crane. Elle t’admirait. Elle voulait être comme toi, mais tu ne lui a jamais dit qu’il y avait une différence entre un aventurier et un pirate. Il fallait toujours que tu embellisses les choses, que tu fasses passer notre père pour un grand héros…"
"De vous deux, tu es celui qui ressemble le plus a votre père. Il me suffit de te regarder pour avoir l’impression de revenir 30 ans en arrière."
"Ne me compare pas � lui. Je ne suis ni un pirate ni un lache qui vagabonde sur les mers en laissant une famille derrière lui."
"Tu es encore jeune Ludwig. Il y a certaine chose que tu ne peux pas comprendre. Il ne se passait pas un jour sans que ses pensées ne se dirigent vers vous. Mais c’était un homme recherché, et pas seulement par les autorités. Rester avec vous aurai été beaucoup trop dangereux. Et cette distance le faisait souffrir."
"Et tu pense que Wendy avait comprit tout ca?"
"Elle partage une chose très forte avec son père. L’appel de la mer. Ce n’est pas quelque chose qui peut s’apprendre."
Il marqua un petit moment de silence avant de reprendre.
"Cependant, si tu le lui demande, sa réponse te conviendra sans doute mieux que la mienne."
Une petite grimace déforma le visage de Ludwig. Son index se plia légèrement sur la gâchette avant de se relâcher. Il se retourna et se dirigea vers la sortie.
"Que comptes-tu faire une fois que tu l’auras retrouvé?"
La question résonna dans la tête du jeune homme, stoppant ses pas. Mais aucune réponse ne vint faire écho aux paroles de Raphael. Il l’ignorait sans doute lui-même et ne le saura qu’une fois de nouveau face � sa jumelle. Dehors, Ludwig se dirigea vers le port et pris le premier bateau en direction du dernier endroit ou sa sœur avait fait parler d’elle. Il savait que le voyage serait long et difficile, et que l’affiche plié sous ses vêtements ne le quitterai pas de si tôt.
*Oui mère, je vais prendre soin de Wendy.*
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