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Auteur Fil de discussion: Et dans le fond de sa prunelle, brà»lait une ardente flamme...  (Lu 3466 fois)
Talisca
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« le: 07 Janvier 2008 à 21:45:32 »

               
              Un ciel sombre surplombait l'Angleterre, et des larmes de pluie inondaient les rues pavées du vieux port. Du caniveau s'échappait le murmure d'un ruisselet serpentant au bas des trottoirs accompagné par le glougloutement des eaux sales plongeant dans l'âbime d'un égout. Les hautes masures projettaient sur la ruelles des ombres, aussi inombrables qu'imposantes, alors que sur leurs facades dégoulinait une nauséabonde misère. De longues prairies s'étendaient autour de la ville portuaire. C'est l� , dans ce désert de verdure, que la bâtisse se dressait. Son architecture ancienne et raffinée, le portail qui bordait la propriété signifiait au visiteur qu'il avait �  faire �  des personnes de haut rang. Des fenêtres closes sortait une douce lumière, une de ses lumière faiblardes qui réchauffe les badauds rien qu'�  sa lueur les soirs d'hiver. Derrière les carreaux, une femme se tenait. Sa tête couverte d'un bonnet blanc, elle se tenait assise sur un lit coquet aux couvertures brodées de soie dans lequel une fillette de dix ans était couchée. La jeune femme entrouvrit la bouche et commenca �  raconter une histoire... une histoire qui résonna longtemps aux oreille de la petite rouquine qui lui faisait face. L'histoire commencait ainsi :

"Pyrame et Thisbé effaçaient en beauté tous les hommes, toutes les filles de l'Orient. Ils habitaient deux maisons contiguës dans cette ville que Séramis entoura, dit-on, de superbes remparts."  
« Dernière édition: 29 Février 2008 à 13:40:36 par Talisca »
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La mort est le commencement de l'immortalité...
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« Répondre #1 le: 09 Janvier 2008 à 19:00:31 »

La nature avait accompagné en frissonant cette lecture. Le vent sifflait dans les saules, comme porteur d'un message secret et l'océan qu'on apercevait de la maison, bercait de son interminable reflux la monotone chanson de la conteuse.

C'est dans ce paysage l�  que cinq ans plus tard, on voyait courir une jeune fille �  la toison flamboyante. Celle-ci, heureuse de la vie simple qu'elle menait, se plaisait �  rester des journées entières face �  l'océan. Elle allait s'asseoir en haut des falaises escarpées qui se tenaient �  l'écart du port et s'asseyait l� , ses pupilles tournées avec fièvre vers l'horizon. L'instant qu'elle affectionnait particulièrement était l'aube. Lorsque le jour et la nuit se confondent,  quand l'astre solaire sort des flots et innonde de tout son éclat le ciel auparavant bien gris.
La jeune fille écoutait la musique des vagues se brisant sur les roches, le cri percant des goélands qui volaient au dessus des flots : somptueux, et plus libres que personne...

Un soir qu'elle tardait �  rentrer, une voile écarlate fendit les flots. Elle irradiait. Et de longues trainées de sang semblaient l'accompagner. La couleur de ses voiles coloraient l'écume du sillage qui tourbillonait avec fureur.
 
« Dernière édition: 22 Janvier 2008 à 21:05:11 par Talisca »
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« Répondre #2 le: 22 Janvier 2008 à 21:49:56 »

Partie I

           


              Les embruns de l'océan agressaient maintenant son visage, lui dérobant le peu d'air qu'elle aspirait. Ses jambes blêmes ne la portaient plus et menacaient �  tous moments de s'effondrer, entrainant avec elles tout son corps épuisé. De sa gorge suintait un peu sang : gout désagréable, sous-jacent, qui annoncait sa chute future. Tout en continuant éperdument de fuir, la jeune fille jettait derrière elle des regards furtifs, aveuglés par la peur de succomber �  l'effort.
Elle entendait encore, noyée dans la brume, la cloche du port qui s'emballait  et rythmait ses pas. Et, alors qu'il lui semblait fournir d'ultimes efforts, ses pieds se dérobèrent sous elle qui s'affala de tout son long sur l'herbe du plateau. Elle resta l�  longtemps, chassant vigoureusement le mal qui étreignait sa poitrine, la souffrance qui la forçait �  tenir ses yeux fermés pour mieux supporter l'infernale douleur. La malheureuse émit une longue plainte, mélange savant de rage et d'effroi.
Quand derrière elle des pas se firent entendre, elle se tut et, les yeux grands ouverts, sa main droite collée �  son épaule ensanglantée, observa la nature glacée sous la nuit sans étoile.


Des voix d'hommes se firent entendre. Elles étaient rauques, brutales, usées avec acharnement par la mer et ses folles bourrasques. Leurs tonailtées impressiona la jeune fille qui se tapie un peu plus dans l'ombre, faisant bientôt corps avec la terre.
Des bribes de conversations lui parvinrent alors : c'étaient deux hommes qui parlaient une langue inconnue �  la jeune fille. De l'espagnol peut-être ?


- *Quelqu'un est partit par l�  !*
- *Un bienchanceux...* grogna l'autre.

Le glissement d'une lame contre un fourreau se fit entendre. Il fit frémir la rouquine, qui émit un gémissement.

- *Il ne peut être loin. Je l'aurai ce fuyard !*
- *Alexandro, laissons ce gueux avec sa chance. La frousse qu'on a du lui flanquer le punira bien assez ...*
- Pas de survivant ! Le capitaine �  insister : pas de survivant ! Jamais de survivant !* déclama le meneur, féroce.

Le souffle froid de la jeune fille se fit plus saccadé. Elle était prise par un hoquet de terreur qui avertit les deux pirates de sa présence. Le plus trapu tendit l'oreille.

- *Par là !* 
 

Ils avancèrent alors dans l'impénétrable obscurité nocturne. Et trouvèrent, �  tâtons, le corps presque inerte de la jeune femme.


- *Le vla ! Le vla !*
- *LA vla, idiot !*

Les deux marauds, forts de leur découverte, émirent un grognement de satisfaction. Ils échangèrent un regard et l'épée fendit l'air. Alors que l'arme s'apprêtait �  s'abattre sur le cou tremblant, une lumière semblant sortie tout droit de l'enfer illumina le ciel : le port s'enflammait, répandant alentour les flamboyants rayons de son agonie. La figure apparut instentanément aux yeux des pirates. Médusés, ils s'approchèrent de ces joues si joliment dessinées, de cette bouche pulpeuse et raffinée si accessible �  leurs lèvres trop rugueuses...
 

 
   
« Dernière édition: 26 Janvier 2008 à 17:42:35 par Talisca »
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« Répondre #3 le: 24 Janvier 2008 à 19:52:17 »

La rouquine était maintenant �  bord du navire qu'elle avait tant admirer quelques heures plus tôt. Un vent chargé d'humidité glacée pénétrait sa chair où se dessinait des frissons de froid et de peur. Elle était encadrée par les deux gredins qui l'avaient trouvés... Ceux-ci, sourire aux lèvres la regardait avec un air de fierté. Elle était leur "prise".

Dans le port, les batisses se tachaient de sang tandis que des cris d'allégresse germaient �  leurs fenêtres. On courait sur les pavés, et la débâcle avait emporté toute humanité : des enfants, orphelins sans le savoir, se faisaient piétinés. L'un d'entre eux gisaient déj� , un mince filet de sang roulant sur son menton. En traversant la ville, Thisbé avait cru pénétrer en Enfer. Partout, on massacrait, hurlait, pleurait, implorait... Les sabres tintaient et diffusaient dans la nuit des éclairs blancs.

A bord, les pirates s'éxécutaient avec ardeur. Les cannoniers s'activaient plus encore que les autres, chargeant sans cesse les canons, ne trouvant jamais assez de poudre pour assouvir leur soif de massacre.

La jeune fille qui restait roide au milieu de la boucherie, comme figée de stupeur, n'avait pas encore vu le capitaine. Il était probablement l� , caché par la masse grouillante que formait son équipage ou par l'insupportable crachin qui battait inlassablement le pont du navire.

Bientôt pourtant, un visage difforme surgit.  Il était silloné de cicatrices, routes sinueuses traçée sur une peau ridée, vieillit. Entre ses joues boursouflées, une bouche d'une extrème finesse se dessinait. Quand la rousse le vit apparaître, elle ne put s'empêcher de faire un pas en arrière...
 
« Dernière édition: 17 Février 2008 à 18:57:15 par Talisca »
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