Mélissande n'avait pas tout saisit des paroles d'Elisa, mais elle n'en fit rien paraître.

- La capitaine ? Elle doit être cachée là parmis les hommes qui grouillent dans la cité.

La seconde haussa un sourcil, puis une lueur d'inquiétude assombrit ses grands yeux clairs.

- J'espère d'ailleurs que tout se passe comme prévu...

Elle en avait trop dit aussi retourna-t-elle ses yeux vers la tribade.

- Vous souhaitiez la rencontrer ? Il me semble que vous vous étiez déj�  aperçut. Et les filles. Oui, vous avez raison... Pourquoi des femmes ?!

Mélissande rit.

- Allons, réfléchissez ! Elle s'arrêta mais ce silence fut court. Il y a dans notre siècle une dévalorisation totale de la gente féminine. Si les femmes de nos côtes ne sont pas esclaves, elle sont les ferventes servantes de leurs maris. N'est-ce pas triste ? Toutes celles que vous voyez l�  ont fuit l'avenir qu'on avait dessiné pour elle, ou bien d'autres, qui comme moi, �  défaut de fuir l'avenir, fuient leur passé...
La blonde sourit gravement.



- Remonter jusqu'�  moi ! s'indigna Thisbé... Non. Non, impossible. Imaginez ? de quelles manièrs pourraient-ils savoir que ce marin vient de mon navire... Il faudrait que quelqu'un soit témoin du crime... Et puis... sa blessure est guérie ! Trompe-la-mort me l'a confirmée ce matin même.

Thisbé s'arrêta. Elle eut un regard gêné �  l'encontre de Jack. Son air grave faillit la faire sourire mais c'est �  l'expression songeuse du capitaine qu'elle comprit. Oui : ses ambitions étaient trop folles... Et pourtant ! Pourtant ! Elle était sure que ça aurait put marcher �  la perfection. Mais il était vrai que le crime parfait n'existait pas...

- Jack... Que ferons-nous donc alors ?  

Alors alors... Chers camarades je n'ai pas tout saisit. Ma question sera simple. Aucune guerre n'oppose Angleterre, Espagne et la France sont en paix... Mais je doute que ces chers gouverneurs n'est pas usés de coups bas ? Ensuite, si ces trois nations ne se font pas la guerre entre elles, n'ont-elles pas, chacunes, des démélés avec d'autres nations ? Comme la Hollande ou autre ?

Voil�  pour mes questions... Un peu idiotes peut-être mais merci d'y répondre !  

Thisbé se frotta sa paume conte son genoux et détailla attentivement les pavés qui recouvraient la ruelle. Elle soupira, se mordit la lèvre effleura sa nuque du bout des ongles et déclara :

- Si c'est la perspective de le tuer alors...

Elle s'arrêta, prit son souffle et poursuivit :

- Si ce n'était pas l'un d'entre nous qui le tuait ?

Une nouvelle fois, un court silence plana avant qu'elle ne reprenne

- Le jeune marin que j'ai sous mes ordres depuis quelques temps maintenant ne ferait-il pas l'assassin idéal ? Ni le gouverneur ni le général ne le connait. Il brouillerait les pistes ! Et puis... votre conscience se verait apaisée. Non ?

La rousse sourit et appuya sa tête contre le mur qu'elle avait dans le dos.

La seconde du "Sillage de l'Ange Noir" conversait encore avec Elisa.

- Une opportunité, oui. Non ! Plus que cela. La rédemption totale ! L'inespérée libération...

Une rafale était survenue aussi la blonde plissa-t-elle les yeux.

- Et puis, les gens de la mer étaient mes préférés.

La blonde eut un rire sardonique. Ses dernières paroles étaient d'un cynisme sans faille : comment aurait-elle put avoir des "préférences" dans une pareille "profession" ? Elle déglutit puis observa ses mains. Elles étaient pâles malgré l'ardent soleil qui assaillait le pont toute l'année durant. Il y avait du noir sous ses ongles clairs. Elle aussi désormais connaissait la vie de pirate et les aléas qu'apportaient un tel quotidien. Arrivée �  une telle déduction, elle sourit.  

- Parce-que les badauds que vous tuez �  la pelle lors d'un abordage sont plus coupables que lui qui chasse nos frères ?!

Thisbé savait bien que les combats maritimes étaient plus faciles �  justifier, les meurtres que l'on y commettait pouvaient être considérés comme plus "morals" : On ne se battait que pour sauver sa peau... Et encore... Thisbé passa sa main dans ses cheveux roux et s'assit près de Jack.

- Alors que proposez-vous... capitaine ?

Et la rousse attendit, plongeant son regard dans la façade grise qui lui faisait face.

Sur le pont, Mélissande laissait le vent faire ondoyer sa chevelure.

- L'endroit en lui-même n'était pas déplaisant... sourit-elle. C'est l'odeur et les visages grossiers des marauds qui l'étaient...

Ses traits se durcirent et elle laissa le reflet de l'océan se mirer dans ses yeux qui cachaient bien des secrets : leur pupilles, bien que claires, cachaient d'insondables mystères...  

Mélissande haussa les épaules.

- Alors peut-être oui, nous sommes nous déjà "croisées".

Elle tourna ses pupilles saphir vers la tribade eut un sourire triste et enchaina.

- Tout le monde connait mon passé ici. Les nouvelles comme les plus anciennes d'entre nous. Soudées comme des soeurs de sang et pourtant... Pourtant c'est souvent qu'elles me vilipendent, le croyez-vous ? Et ce, malgré le fait que, dans la nuée sourde et malodorante de la poudre qui envahit le pont lors d'un abordage, c'est mon nom qu'elles appelent �  l'aide ! C'est moi qui courent quand elles sont en de trop facheuses postures !

La blonde croisa ses mains, jetta un coup d'oeil �  ses doigts pâles, �  ses ongles roses et releva la tête.

- Mais ne me croyez pas victime. J'ai été proie mais me voilà fauve !

Elle sourit.

- Alors ainsi vous connaissez Amsterdam ?  

- C'est ma personne qui vous intrigue ou bien avez-vous juste envie de voyager ? dit Mélissande avec humour. Pour tout vous dire j'ai voyager... Oui. Sur l'eau comme sur la terre.

Elle marqua une pause et reprit.

Je viens du royaume de Hollande, et c'est grâce �  Thisbé que je ne suis pas restée putain !

La blonde avait enchainé ces phrases �  une vitesse telle qu'elle dut inspirer fortement pour reprendre ses esprits. Ses yeux quant �  eux, vomissaient des éclairs furibonds.

- Et; pour finir, il vient dans les bordels toutes sortes de personnes étranges dont les tribades font parties.  

Mélissande était debout sur la dunette arrière. Comme �  son habitude, la blonde se tenait �  l'écart et regardait l'océan.
Trompe-la-mort, lui, avait recommencé une enième partie de dés avec Silk. Celui-ci subissait encore son éphèmère infirmité et semblait bien triste de ne plus pouvoir, comme auparavant, virevolté dans les haubans.

Quand elle vit apparaître Elisa, Mélissande eut un sourire. L'air éberlué de la femme aux cheveux d'argent ne pouvait que paraitre comique, aussi la jeune seconde ne se fit pas remarquer et attendit, amusée.  

- Une porte close, une lanterne allumée au coin d'une rue froide d'Amsterdam... déclara Mélissande avec un petit rire nerveux. Elle en avait assez dit selon elle aussi se permit-elle de rajouter : Si, votre question est indiscrète.

Sur ce, la blonde se leva, sourit une dernière fois à Elisa qu'elle salua :

- Quand vous vous sentirez mieux monter donc faire un tour sur le pont. A moins que vous ne souhaitiez nous quitter promptement ? Mais, �  mon avis, c'est une mauvaise idée. Il se trame des choses en ville, et si j'étais vous je ne tiendrais pas �  les voir de près...

Sur ce, la seconde tourna les talons et disparut �  son tour. Trompe-la-mort l'attendait, et c'est ensemble qu'ils gagnèrent le pont. Elisa ne tarderait surement pas �  les rejoindre...


Non loin de l� , Thisbé persévérait dans son délire. Mais, lorsque, enfin arrêtée, elle fixa de nouveau Jack, la rousse parut revenir subitement �  la réalité. Elle blêmit �  nouveau et la fièvre qui s'était emparée d'elle faiblit.

- Alors Jack... Pourquoi me regarder ainsi ? Est-ce la perspective d'un assassinat qui vous fait palir ? Le plan que je viens d'élaborer ne vous réjouit-il pas ?

La capitaine marqua une pause, scruta le sol espérant y lire des inscriptions secrètes et releva ses larges yeux noirs vers Jack...  

Mélissande sourit une nouvelle fois quand la tribade parla de l'erreur de parcours. C'était pour elle, Mélissande, qu'elle avait parlé d'erreur de parcours. Car, bien que pourvue de nombreux atouts par "mère nature", le monde l'avait rejetté elle aussi...

- Tribade et alors ! Oui tribade et alors, répéta Mélissande sourire aux lèvres. Si ca peut vous rassurer vous n'êtes pas la première que je croise.

En disant cela, Mélissande saisit une bouteille de rhum qu'elle vida d'un coup. Sa peau blême frémit quand l'alcool caressa ses papilles et, quand elle eut finit, la seconde releva la tête d'un coup.  

- Un défaut de fabrication, dit Mélissande avec un rire froid ou une erreur de parcours non ?

Elle marqua alors une courte pause, fit miroiter son regard saphir �  la lueur du jour et se retourna vers Elisa �  qui elle sourit.

- Thisbé alors ne le sait pas. Elle s'en serait certainement plus offusquée que moi. Enfin, après tout elle en a vu d'autre... Mais si vous êtes une tribade comme vous dite alors ce navire sera peut-être vote paradis !

Trompe-la-mort se mit �  rire derrière la porte : "Une tribade !" Le chirurgien était une ombre angoissante qui venait troubler vicieusement la conversation des deux jeunes femmes. Sa présence, l� , derrière la porte, agacait Mélissande qui le fit bien vite fuir.  

- Tout les pirates sont donc pareil, soupira Mélissande, moins l'on en sait sur eux mieux c'est ?!

Elle soupira puis sourit avec une moue triste.

- Vous savez... Le monde nous rejette tous pour telle ou telle raison. Mais quelle est la votre ?

Les dernières paroles de la tribade avait avivée la curiosité de la blonde qui, intriguée essayait de faire l'inventaire des choses qu'on aurait pu lui reprocher...  

- Fatal ? murmura Mélissande.

Trompe-la-mort parut dans l'encadrement de la porte. Il venait de chasser les espionnes malignes qui glissaient leur oreilles entre les gonds de la porte.

- Fatal oui, affirma-t-il en jettant un regard de reproche à Elisa.

Le chirurgien s'en fut alors et reporta son regard �  un panier ou se tenait des bocaux au fond desquels reposaient des plantes étranges enveloppées d'un liquide jaunâtre, malodorant. Il se saisit de l'un d'eux qu'il glissa dans les replis de son accoutrement et disparut une nouvelle fois.

- Pour votre nom, non j'avoue que je n'en savais rien avant d'entendre votre échange avec Thisbé. Elisa... n'est-ce pas ? Elisa Novalis. J'en ai vaguement entendu parler dan sune taverne, une seule fois je crois...
La seconde se rassit sur un tas de hardes qui trainaient là.  

Mélissande, toujours assise tourna la tête vers la porte, des pas résonnaient derrière la cloison. Mais ceux-ci, hésitants s'en furent bientôt et Mélissande redirigea son regard vers Elisa.

- C'est normal... Entre pirates on se serre les coudes.

La blonde eut un sourire carnassier qui fit étinceler la blancheur de ses dents. Puis, elle se leva, s'appuyant au mur pour prendre de l'élan. Quand elle arriva enfin �  proximité de la tribade, elle déclara :

- Vous joindrez-vous �  l'équipage qui s'affaire sur le pont ou préférez-vous vous reposer �  nouveau ?

Des gloussements parvinrent de derrière la porte *Elle se prend pour la capitaine ou je me trompe*, murmuraient des voix féminines masqué par le grincement qui s'échappait des quilles du navire...  

Je ne drirais qu'une chose : T  : : : ...  

Merci beaucoup pour ces petites remarques sympathiques ! En effet je préfère la ruse au combat et j'essaie de respecter l'époque mais j'ai encore plein de progrès �  faire... Comme par exemple : améliorer mes connaissances de la marine. Et oui c'est un souci :- Et c'est ça qui me rend hypra admirative de ceux qui sont des incollables (ou presque) sur le sujet !
Bref je travaille tout de même �  colmater  mes lacunes... Et tant mieux si elles ne sont pas toujours handicapantes au rp.
Donc : Merci �  tous pour ces petites réfléxions  

(Alalalaa... on se croirait aux Oscars  : Merci �  ci, merci �  la... et patati et patata erm... ! )