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Auteur Fil de discussion: histoire à écouter au coin du feu, ou au dessus du feu, c'est bien aussi!  (Lu 1853 fois)
Capitaine
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Invité

« le: 03 Juin 2007 à 23:04:20 »

Sur les hauteurs de l'île de Petite-Goave, dans une clairière cernée de palmiers et de buissons, un groupe de quatres individus en pantalons courts et vareuses, le front ceint de bandeaux crasseux et des coutelas rangés dans leurs ceintures étaient mollement assis sur des rondins autour d'un maigre feu de bois et d'herbes sèches, qui ne devait pas servir �  les éclairer vu que deux lanternes étaient installés entre leurs bancs de fortunes. L'un d'eux se leva, un moustachu arborant un anneau d'argent �  l'oreille gauche, et un cocard encore frais et violet �  l'oeil droit. Il quitta le cercle pour se diriger vers un arbre auquel un homme était attaché par d'épaisses cordes. Le ficelé, approchant la quarantaine, �  la tête couverte d'un foulard vert bouteille et �  la barbe blonde naissante, était en assez mauvais état, de minces filets de sang coulaient des coins de ses lèvres et de son nez, et quelques estafillades parcouraient son front et ses joues. Il devait être inconscient ou endormi, car l'homme lui faisant face prit le bas de son visage dans sa main et le secoua. Le détenu retrouva ses esprits, cligna faiblement des yeux, et en reconnaissant celui qui l'avait réveillé sourit �  pleines dents et s'exclama en crachant du sang:
-Tiens, te revoil� , petit! Je pensais que tu avais compris la leçon de tout �  l'heure, �  moins que l'oeil encore opérationnel qui te reste ne m'ai pas reconnu! Je te suggère d'oublier ce malheureux incident, de me relacher et de retourner en ville soigner tes plais et boire un coup sur mon compte �  la taverne du Poltron Héroique, tu diras au patron que c'est moi qui lui demande cette faveur, c'est un vieil ami....
-Moi, je te suggère de la boucler, et d'oublier tout idée pour retourner �  ton navire vivant. Moi et mes copains, tu nous as insultés et avec ton pote allemand tu nous humiliés devant les clients du "Poltron Héroique". Mais nous avons une autre raison pour te détenir: l'un de mes matelots est le frêre d'une des prostituées du port, dont tu as sollicité les "faveurs" cet après-midi.
-Ha oui, en effet, une espagnole, grande, �  la chevelure noire, aussi belle qu'une tempête! Je me souviens, ouais, mais je l'ai payée après, je vous jure, elle m'a même proposé de me faire demi-tarif, mais j'ai refusé!
-Il ne s'agit pas de cela! Une de ses parures, un magnifique collier, avec des pierres et tout, a disparu mystérieusement après ton départ. Elle est persuadée que tu lui as volé, et son frère veut tout naturellment le récupérer!
-Et vous, solidaires entre marins, continua le prisonnier d'un air un peu amusé et las, vous allez l'aider en me torturant, en me coupant les lèvres, le nez, les oreilles, en me crevant les yeux ou en me brulant les doigts ou les orteilles, d'où le feu de bois, je suppose. Mais je vous en prie, contentez-vous de ces parties l�  de mon anatomie, car y en a une dont je pourrais toujours me servir avec des doigts ou des oreilles en moins.
-Non, tu ne pourras plus t'en servir, répliqua le tortionnaire en retournant près du tas de buches en train de bruler, car nous t'aurons tué. Mais effectivement, on va s'amuser un peu avant d'achever ta misérable existence.
Il saisit un tison dont l'extrémité était ardente et rouge/orangée, et suivi de ses trois compagnons retourna �  l'homme ligoté qui �  la vue du tison tenta de bouger ses mains, dans l'espoir de se dégager.
-J'ai une suggestion à vous faire, déclara celui-ci d'une voix calme et où la panique était presque maitrisée. Reprenez le collier, servez-vous dans ma bourse (ce que vous avez peut-être déj�  fait auparavant, et dont je ne vous tiens pas rigueur) �  votre guise, mutilez-moi juste un peu, quelques baffes tout au plus, et relachez-moi, ainsi cette histoire sera oubliée, l'honneur de la charmante soeur de ce sympatique monsieur sera vengé, et la vie continuera! Avouez que vous ressortez plutot gagnants...
-Non, coupa le capitaine qui pointa le tison rougeatre sous la machoire du détenu. On va d'abord  te tuer, et ensuite on va faire comme tu dis.
L'un de ses compagnons sortit son couteau, et avec les autres s'avanca vers le captif, jusqu'�  ce qu'il soit entouré.
-Et moi j'ai deux autres propositions, fit une voix forte et imprégné d'un très fort accent germanique. Ou vous lachez vos lames, vous reculez, et vous foutez le camp, ou bien je vous tue tous, et c'est tout.
Le chef des tortionnaires se retourna brusquement vers le fourré d'où la voix était montée, et vit qu'un homme d'une carrure imposante, �  la barbe rousse hirsute, coiffé d'un grand tricorne, était dressé devant eux, flanqué de deux autres flibustiers plus petits, tous trois munis de pistolets.  Le boureau semblait ne pas arriver �  prendre une décision, et hésita avant de lancer d'une voix légerement tremblante:
-Tu n'oseras pas tirer! Si tu fais le moindre geste, j'égorge ton pote! siffla-t''il en laissant tomber son tison et en dégainant son sabre dont il tint la lame sous la gorge de son prisonnier.
Le colosse roux fit feu sur le chef des tortionnaires juste après que ce dernier ai dégainé, et ses deux camarades l'imitèrent. L'un deux, un noir chauve et �  la barbichette tombante tira son sabre, et après avoir vérifié que leurs adversaires étaient biens morts, se tourna vers le captif et tout en tranchant les liens dit:
-On est désolés pour le retard, cap'taine Agonie, on a mis du temps avant de reperer la lumière. On a d'abord cherché du coté du chantier naval.
-Je vous pardonne, maitre Ulysse, répondit aimablement le dénommé Agonie, l'essentiel c'est que vous soyez venu. Même si vous auriez pu venir plus tot, ajouta t'il en massant ses poignets.
-L'aubergiste nous a dit qu'il avait vu ses canailles te suivre, expliqua le géant tout en rangeant ses pistolets dans son ceinturon. Mais il nous l'a dit après qu'on soit revenu du port.
-C'est ca ton problème, Heimlich, fit le capitaine en reprenant ses affaires déposées sur le sable près du feu. Tu ne prends pas la peine de consulter ton entourage ou des témoins, tu te fies d'abord �  ton instinct et tu fonces comme un mulet. Enfin, n'en parlons plus.
Il se pencha sur le cadavre de son tortionnaire, récupéra ses deniers, lui substitua son anneau �  l'oreille et l'accrocha au sien. Puis il fit signe �  ses hommes, et repartit vers le port.  
« Dernière édition: 04 Juin 2007 à 18:36:42 par scar »
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