The Brave

[Tann]

Le sloop fendait la brise et ouvrait la mer en deux, le soleil éclairait l'horizon fin et l'écume en poupe semblait vivre et se battre pour regagner le ciel. Andreï entretenait les canons entreposés sur le pont, le capitaine Ulrich van Hethof avait fait agrandir les cales et les canons ne pouvant plus être placés sous le pont avait été montés de sorte �  ne perdre aucune puissance de feu. Il n'était pas dans les habitudes du jeune matelot de laisser traîner ses oreilles mais le second du capitaine, Piper Wood, dit Le Borgne, semblait perdre patience vis �  vis de son supérieur. Le capitaine, âgé d'une vingtaine d'année ne semblait pas s'en formaliser.

"Captain, la couronne nous réclame �  St Martin et "The Brave" ne s'est pas montré dans ces eaux depuis 4 jours, inutile de perdre plus de temps !
- Ecoutez-moi heer Wood, la cargaison de ce navire doit valoir près du triple des récompenses de la couronne hollandaise, aujourd'hui nous n'avons même pas assez pour fournir l'équipage en vivre et rhum de qualité, c'est notre chance de relever notre fortune et de préservez le moral de l'équipage qui va vite nous lâcher si on continue de faire des missions si monotones. Ce packet et �  nous !
- C'est vous le captain, mon petit !"

Le borgne tourna les pieds et rejoignit d'un pas vif la porte des cales menant aux couchettes de l'équipage. Peu après qu'il eu terminé l'entretien des canons, Andreï alla trouver le second avec qui il avait noué certains liens d'affections. Piper Wood lui expliqua qu'un packet, un petit navire marchand extrêmement rapide, avait souvent été aperçu dans les environs et que le capitaine van Hethof était persuadé que son port d'attache n'était pas loin.

"Le captain voudrait prendre ce navire malgré le retard que nous prendrions vis �  vis de la couronne. Le gouverneur de St Martin nous attend pour une mission urgente et nous risquons de perdre ses faveurs."

Andreï écouta les explications et comme �  son habitude coupa court �  la discussion en ouvrant une des bouteilles de rhum destiné �  l'équipage. A 17 ans, il faisait parti des cadets mais connaissait bien le milieu de la navigation, il avait souvent travailler dans les cales et savait comment rester en bon terme avec chacun. Le capitaine Ulrich van Hethof avait plusieurs fois loué cette qualité et il lui avait déj�  parlé de promotion quoi qu'Andreï s'y était toujours refusé.
Dans la nuit, l'équipage fut réveillé en grandes pompes par les veilleurs, la vigie avait vu une lumière, une proue de pinasse probablement et celle ci avait disparut quelques secondes plus tard. Andreï rejoignit les tribordais �  leur place en scrutant la nuit. La lune était cachée par une couverture faite de nuage, l'équipage était aveugle. Trois coups de canons se firent entendre sur bâbord, d'épais copeaux de bois volèrent en éclats, Andreï se retourna et au milieu des hurlements chargea son tromblon, un grand silence se fit soudain entendre, un silence de mort entrecoupé par des gémissements. Les marins se regardaient terrifiés, comme avant chaque combat. Le capitaine �  la barre attendait de voir d'où viendrait la prochaine attaque, son silence était effrayant. Enfin, quelques blessés pleuraient sur le pont, entourés par des mains malhabiles, incapable de soulager les douleurs, incapable de rassurer ces futurs morts.
Le second se tourna vers le capitaine.

"Un petit navire pirate qui pourrait nous en apprendre sur ... Dites aux hommes de carguer les basses voiles et de coiffer la petite misaine, nous mettons en panne. Ensuite, rentrer les canons sur le pont, faites lever le pavillon blanc et que seuls 20 marins restent sur le pont, désarmés. Le reste de l'équipage se tiendra prêt �  surgir sabre au point."





   

[Tann]

Le second allait voir les hommes les uns après les autres pour leur donner les consignes. L'équipage se mettait en mouvement dans le plus grand silence, la nuit était froide, la lune restait caché et la pinasse rôdait sans qu'on la voit. Parfois, on entendait des cris au loin sur la mer. Piper Wood s'approcha d'Andreï.

"Le captain a réfléchit, tu vas prendre la tête de dix de nos hommes, pendant que nous prendrons les pirates qui nous auront abordé en otage, vous montrez sur la pinasse et en prendrez le contrôle, tu es bon escrimeur n'est-ce pas ?
- Il paraît ...
- Bien, lorsque Ulrich van Hethof leur dira qu'il ne parle qu'hollandais, les hommes surgiront sur le pont, je compte sur vous pour monter sur le navire ennemi dans la plus grande discrétion."

Andreï rejoignit son groupe en cale, il sortit son sabre et prit un mousquet dans la main gauche, le regard des hommes ne se croisait pas. Les pirates seraient moins nombreux, c'était évident, mais l'attaque par surprise avait déj�  fait 3 mort dont le médecin, une blessure et c'est le mort assuré ou au mieux, une douleur non-soulagé jusqu'�  st Martin soit 3 jours de mer. Pendant une demi heure, les corsaires ne bougèrent pas, ils pensaient, étaient tourmentés. Puis, du bruit se fit entendre sur le pont, le capitaine criait en hollandais qu'ils se rendaient, le navire était un navire marchand qui n'était pas armés, les marins ne savait pas se battre. Le sloop se mit �  tanguer violemment, les cris des pirates firent frémir les hommes. Des anglais pour la plupart. Andreï se concentrait sur ce qu'il entendait, une explosion lui avait déchiré le tympan droit lorsqu'il s'était battu comme pirate dans un équipage d'amérindiens 1 an auparavant.

Ik spreek alleen maar Nederlands ... je parle que seulement hollandais ...

La cale s'ouvrit, les hommes sortaient les uns après les autres, Andreï les suivit avec son équipe, sur le pont, les vingt marins et le capitaine étaient encerclés par 10 hommes, l'équipage hollandais les surprirent dans leur dos et assassinèrent 5 d'entre eux sans combattre, le capitaine ennemi braquait son mousquet sur Ulrich van Hethof quand le sabre du second se planta dans son abdomen. Andreï sauta sur la petite échelle de corde et descendit sur la pinasse, suivit par ses hommes, des coups de feu se firent entendre, sur le pont, 5 hommes désemparés tiraient au hasard sans savoir s'ils devaient le faire, Andreï tira un coup de mousquet qui toucha sa cible dans la jambe, il cria dans un anglais presque parfait:

"Ce navire est désormais la possession du capitaine Ulrich van Hethof, votre capitaine a été tué et nous détenons des otages, rendez vous !"

Deux d'entre eux cessèrent de bouger, ceux qui étaient encore menaçant furent abattu, les corsaires d'Andreï se penchèrent sur le pont pour voir 4 ou 5 pirates plonger dans l'eau par les cales. Le tout avait duré 5 minutes, tout bruit se tut, le second, sur le sloop, indiqua �  Andreï de faire monter les prisonniers �  bord et de faire l'inventaire des cales de la pinasse pirate. Sur le sloop, Ulrich van Hethof interrogeait les prisonniers sur la présence éventuelle d'un navire marchand anglais "The Brave" dans les environs.