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« le: 14 Mai 2014 à 18:10:28 » |
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Depuis plus d’une dizaine d’années, dans l’océan indien et sur les côtes de la Somalie en particulier, on constate une recrudescence de la piraterie : des bateaux de plaisance, des porte-conteneurs et des supertankers sont arraisonnés et rançonnés par des groupes de pirates.
Devant ces véritables « coffres-forts » flottants évoluant au large de pays où la plupart des moyens de survie ont été détruits par la voracité du capitalisme, la piraterie est un acte d’autodéfense. La dislocation de l’Etat en Somalie, la famine, la destruction des ressources en poisson par la pêche industrielle et l’immersion de déchets toxiques dans l’océan poussent les paysans et les pêcheurs des zones les plus pauvres � récupérer une part des richesses qui circulent � proximité de leurs côtes. Devenir pirate est alors un moyen de survie pour les exclus d’une abondance réservée aux consommateurs occidentaux.
La multiplication des actes de piraterie sur l’un des principaux axes maritimes du commerce mondial (Golfe d’Aden, mer d’Arabie, côtes somaliennes) a fourni le prétexte d’une part � l’intervention des principales marines de guerre et d’autre part � un renforcement d’une législation répressive permettant aux forces militaires des états occidentaux de débarquer n’importe où en territoire somalien. Des présumés pirates ont donc été tués ou arrêtés par différentes armées, en France par exemple les procès d’assises passés ou � venir mettent en évidence le fait que ceux que les médias ont longtemps présenté comme des barbares sont surtout des pêcheurs reconvertis utilisés comme hommes de main par des commanditaires qui agissent comme de véritables investisseurs.
Pour celles et ceux que le sujet intéresse, je conseille l'ouvrage rédigé par le Collectif Iskashato : Frères de la Côte. Mémoire en défense des pirates somaliens, traqués par toutes les puissances du monde
Ci-dessous, la préface de L'Insomniaque (éditeur) :
"Du temps où les Égyptiens de l’antiquité naviguaient vers le Pays de Pount, dans la Corne de l’Afrique, un précurseur de Barbe-Noire voguait déj� dans leur sillage sur un radeau de roseau. De nos jours, la piraterie connaît un regain en Afrique. Mais c’est celle qui sévit au large des côtes somaliennes qui cause le plus de dommages et qui retient l’attention des médias, prompts � forger une figure maléfique, accusée de menacer le bien-être des consommateurs occidentaux : le pirate somalien, barbare exotique mû par le plus vil appât du gain. Or ces nouveaux flibustiers sont, � l’origine, des pêcheurs spoliés de leur gagne-pain, car l’éclatement de l’État somalien a attiré d’autres prédateurs, autrement redoutables, sans que la «communauté internationale» s’en émeuve: flottes de pêche usant de méthodes industrielles illicites, mafias sous-traitant le «stockage» des déchets toxiques de l’Occident en les immergeant dans l’océan… Ainsi les rapines des pirates relèvent en fait de la légitime défense. Si leur armement est aussi dérisoire que leurs abordages sont audacieux, la coalition de leurs ennemis jouit d’une écrasante maîtrise technique du combat naval – mais ces puissances maritimes surarmées peinent � éradiquer la piraterie dans l’océan Indien… En effet, croisade antipirate ou pas, tant que rien ne sera fait pour protéger la mer elle-même, le problème persistera. Et les vocations de pirates fleuriront, et pas seulement en Somalie. Tant que les requins du business séviront sur les sept mers pour y semer la mort et le néant, le menu fretin se sentira pousser des dents de piranhas."
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