|
|
« le: 14 Septembre 2015 à 14:24:03 » |
|
Dans une petite taverne faite d'une seule pièce, hormis la réserve qui se tenait derrière un mur de crépi et de chaux, illuminé durant la nuit par deux grands lustres en fer, des tables taillées de manière grossière, des chaises, qui étaient parfois que de simple bûches larges et aplaties sur le dessus, un rhum de piètre qualité mais des bières � la saveur sucrée spécialité du tavernier, qui en faisait l'une des principales raisons, en plus de ses bas prix, � venir dans ce coupe gorge.
On raconte que sa bière est dû � un soir où il goûta le rhum qu'il servait et constata son gout décevant, il versa son verre alors dans une chope de bière et quelques minutes plus part but de cette bière, et constata que sa saveur en était bien meilleure. Mais nous ne sommes pas l� pour faire une dégustation culinaire mais pour intéresser � deux personnages assis � une des tables.
Deux jeunes hommes, l'un avec un chapeau gris enfoncé jusqu'au sourcil, des vêtements très ample, l'autre avec juste un bandana dans les cheveux, un haut aussi sale que le visage de son interlocuteur. Leur pauvreté était évidente, de part leur présence dans cette taverne et le fait qu'ils ne buvaient et ne mangeaient qu'un seul plat et une seule norme chope de bière qu'ils se partageaient.
- Faut vraiment qu'on se casse d'ici! Qu'on vogue sur un navire qu'on se sente libre. Dit le moins vêtu des deux, d'un ton enthousiasme et rêveur. Cet homme s'appelait Victor. - Et on fait comment sans navire? Répondit le second sans même le regarder attrapant un morceau de gras avec ses doigts pour le porter � sa bouche. - On trouvera! On doit prendre le large. Victor ne fut pas plus perturbé par la remarque réaliste de son ami. Victor était jeune, seulement 17 ans, il était né � Saint Martin et n'avait jamais connu l'Europe. Malgré son amour pour la mer il était étonnant de savoir qu'il n'avait posé qu'une seule fois le pied sur un navire. Fils de fermier il passa sa jeunesse � travailler la terre mais lorsqu'une épidémie frappa l'île � la mort de sa mère, son grand frère et sa petite sœur qui venait tout juste de naître, son père décida de fuir le mal qui régnait � Saint Martin et ils prirent un navire pour la Martinique. Son père ne vit jamais cette île, il mourut en route, emporté lui aussi par la maladie, son corps fut jeté et donné � la mer sans avoir le droit � reposer sur la terre qui lui avait donné une activité, de quoi vivre et une famille.
L'orphelin travailla alors pour l'église locale dans les champs. Mais depuis ce jour il ne rêvait que d'une chose reposer le pied sur un navire sentir le sol bouger sous lui, sentir le vent sur son visage. Il passait alors la plus part de son temps libre sur les quais � poser des tonnes de questions et ennuyer les marins pour apprendre le plus de chose. C'est l� qu'il rencontra Thomas, jeune marin qui avait après ses dires navigué sur un navire corsaire. Il lui apprit pas mal de son savoir et ne sut pas garder ses secrets. Victor savait très bien que Thomas était une fille. Elle ne lui cacha pas et fut heureuse de voir que cela ne changea rien � leur relation; Victor était amoureux de la mer et comptait se marier avec elle.
Les deux orphelins vivaient au jour le jour; Clémence bien souvent volait ou travaillait sur les quais tandis que le jeune Victor gagnait sa vie honnêtement et essayait de convaincre son amiE de venir � la messe pour sauver son âme. Elle y allait mais plus dans l'espoir de sauver son esprit que son âme, car ça même son ami n'en savait rien.
Enfin revenons au perroquet buveur, qui doit son nom � son enseigne colorée et amusante.
- Y a un navire qui vient d'arriver. Enfin j'ai vu ses voiles et il se dirigeait vers le port. - Ouais j'ai remarqué. Répondit Clémence en prenant une gorgé. - Tu sais quel type de navire c'est? Qu'est ce qu'il vient faire ici. Clémence coupa la parole � son ami car elle savait qu'elle allait bientôt se noyer sous un flot ininterrompu de question. -Je t'arrête tout de suite, je l'ai seulement vu de loin, j'ai passé la journée � décharger le navire du vieux Michel. J'ai le dos en compote j'ai pas voulu m'attarder plus longtemps sur les quais. Je sais qu'y a un nouveau venu mais ca doit être encore un marchand. - On pourrait se faire engager! - Faudrait savoir ce qu'il compte faire. Car s'il repart pour l'Europe tes rêves d'aventures vont vite couler.Cette phrase n'était pas en faite destiné � son ami mais � justifier la nécessité de ne pas faire de trop longue traversé. Clémence ne souhaitait surtout pas se retrouver coincer plusieurs semaines voire mois sans jamais avoir l'occasion de quitter le navire. Si ses démons la persécutaient elle savait très bien qu'elle finirait au fond de l'océan ou au bout d'une corde sur la grande vergue. - Y a qu'a espérer - C'est ça, espérer. reprit comme un écho Clémence.
|