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Capitaine
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Invité
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« le: 07 Février 2009 à 17:05:59 » |
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Déboulant sur la grand'place de Saint-Georges, les deux hommes reprirent leur souffle, rassurés qu'ils étaient face � la foule abondante qui leur permettraient de semer leurs poursuivants, si il y en avait. Il se fondirent dans la masse, les gens s'écartant sur leur passage � la vue de leurs vêtements sales, terreux, en lambeaux, et de leur visages tout aussi repoussants. Celui des deux qui avait les cheveux gris déclara: -Bon, je pense qu'on peut s'estimer définitivement sauvés. On trouve de nouvelles frusques pour l'incognito, une table pour récupérer et établir un plan et... Il laissa la phrase en suspens. -...Et ? reprit l'autre, qui portait un long fusil en bandouillière. -Et bah après on avise! -Ha. Ok. Ca me va. Impressionné par la répartie prolixe de son comparse, l'ainé fit la moue et balaya la foule du regard. Il sembla avoir trouvé ce qu'il cherchait car il indiqua du doigt l'autre extrémité de la place � son camarade. -Tu vois ces deux gentilhommes, là-bas ? -Ouais, et alors ? fit son acolyte. -C'est le type parfait du pigeon. Les nipes pas trop voyantes mais de qualités. Elles seront parfaites pour nous. -Ok, alors comment on fait ? -Très simple, la technique des trois D, fit le grisonnant en comptant sur ses doigts. On détourne, on dérouille, et on dépouille. -Ouais, du brigandage quoi, répliqua l'autre d'un ton parfaitement égal. -Exactement, mon gars, confirma le premier en se feignant d'un large sourire. -Ok, ça me va. Amusé par les trésors d'adaptation de son émule, le type aux cheveux grisonnant traversa le marché flanqué de son compère. Ils arrivèrent devant deux bourgeois en redingotes sombres, l'une rouge bordeaux, l'autre vert bouteille. Leur barrant la route, le plus vieux des deux clochards boueux se plia en deux en une réverence exagérée et entonna: -Mes seigneurs, daigniez accorder quelques instants et préter l'oreille � deux misérables sans le sou et... -Ventre-saint-gris! Débarrassez le chemin, vils manants! s'écria l'un en brandissant sa canne comme une épée. L'autre se plaqua un mouchoir en dentelle contre la bouche, affichant une expression d'incommodité et de dégout très expressive. Pendant ce court échange les deux manants avaient discrètement escorté les deux seigneurs au coin d'une ruelle étroite, dans laquelle le groupe s'engouffra subitement. Une manchette, un coup de tête, quelques tatannes pour parachever le travail, et les mendiants procèdèrent � l'échange de vêtements. Laissant les canes et les tricornes emplumés � leurs propriétaires initiaux, ils débouchèrent sur le port. Celui qui trimballait toujours son fusil trouva une fontaine et ils allèrent s'y laver la figure. Après ce petit nettoyage ils avaient parfaitement adopté leur accoutrement. Personne n'irait les soupçonner. Celui aux cheveux courts gris avait la peau tannée, burinée, le visage parcouru de rides annonciatrices de l'âge et de fantômes de balâfres. L'autre, aux cheveux noirs comme la nuit ébouriffé avait de larges épaules, était maigres, le teint cireux, les pommettes saillantes, le visage maigre, le nez pointu. -Ca fait du bien de se sentir propre, dit-il en admirant sa redingote. -Tu l'as dit, Pulovsky, confirma l'autre, qui se nommait Agonie la Belle. Et je dirais même plus, ça fait du bien de se sentir riche! Devant les yeux interrogateurs de Pulovsky, il tira d'une poche une petite bourse, qui, au poids, devait bien contenir une trentaine de pièces d'or. L'autre, mimant la suprise, effectua le même geste, et sortit également une bourse en cuir de sa veste. -Ce genre d'établissement me semble être l'endroit adéquat pour la suite de notre programme, fit-il en montrant d'un mouvement de la tête l'enseigne d'une taverne typique non-loin. -Tout-à-fait d'accord, mon cher Pulovsky. Allons-y de ce pas. Les deux brigands s'engouffrèrent dans la taverne.
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