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Capitaine
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« Répondre #2 le: 24 Août 2007 à 01:46:52 » |
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-Allez, souris un peu, Calico, on s'en est pas trop mal tiré en fin de compte ! Au milieu de l'après-midi, quelque part sur l'Ocean Atlantique, non loin des côtes d'Amazonie, une chaloupe dérivait lentement, le vent gonflant pleinement la voile. A son bord étaient assis deux hommes d'un certain � ge, l'un tenait une dame-jeanne de tafia ouverte dans une main et la barre de l'autre. Son visage parcouru de nombreuses rides et balafres s'étirait en un sourire de vautour qui dévoilait des dents blanches et dorées étincelantes sous le soleil. Sa chemise était largement ouverte sur son torse partiellement velu et tatoué d'étranges symboles ondulé et ne ressemblant pas vraiment � quelque chose de précis. A ses poignets pendaient des bracelets en tissus, en fer, en cordes, en tresses et � ses oreilles des anneaux, des broches et des os. Chacun de ses doigts étaient ornées de chevalières, mais malgrè ses inombrables bijoux il ne semblait pas vouloir paraitre élegant ou rafiné. Comble du loufoque, il était coiffé d'une énorme chapeau de pécheur au bord duquel il avait piqué plusieurs plumes, allant de la mouette au perroquet. Son interlocuteur, lui, était élegant de par son maintien. Il portait une vieille redingote de la marine royale anglaise et avait pour seul bijou une chevalière � l'annulaire. Il avait les cheveux poivres els courts, sans doute pour masquer la calvitie qui avait défriché son front. Il paraissait profondement indigné, presque scandalisé, et prenait bien soin de ne pas regarder l'individu en face de lui. Il tirait tranquilement sur une modeste pipe de bois. A la remarque de son compagnon, il lacha indiférement avec un fort accent anglais: -Si tu considères que le fait qu'on ai échappé � la mort de justesse en trouvant miraculeusement une embarcation libre est du � la chance, alors en effet on s'en est pas trop mal tiré. Le second navigateur grogna de satisfaction, et porta goulument la dame-jeanne � sa bouche de babouin. -Toutefois, Agonie, reprit l'anglais, on aurait pas eu besoin de s'évader si on avait tout simplement fait � ma manière. On aurait simplement pu marchander avec ce marchand, il a fallu que tu élabore un de tes fichus plans farfelus pour avoir le beurre et l'argent du beurre! -Et la crémière, ajouta le dénommé Agonie en français avec un sourire coquin. Et je tiens � dire que question plans farfelus t'es pas mal non plus Calico! Encore une facette mystérieuse des anglais... -Peut-être, mais au moins mes plans, eux, fonctionnent. Si je n'avais rien tenté, on se balancerait aujourd'hui tout deux au bout d'une corde, et les corbeaux nous picorerait les yeux. -D'une certaine manière, j'aurai apprécié que ma mort serve � nourir des êtres vivants, fit le français. -Voilà une pensée très honorable, remarqua Calico, et fort surprenante de la part d'un forban qui a égorgé ses compagnons de cellule pendant leur sommeil. Enfin, je ne critique pas ton sens de l'initiative, ça au moins c'était de circonstance. Sûr qu'ils ne risquaient pas d'alerter les gardes. Il se tut et se retourna � sa vieille pipe, plongé dans ses souvenirs avec nostalgie, quand il avait lui même égorgé des hommes durant un abordage nocturne. Il se souvenait aussi d'un cannonier d'� peine 30 ans, dont il repensait encore parfois la nuit. Les deux voyageurs restèrent silencieux, jusqu'� ce que Agonie, le français, porte sa main � ses yeux et se mette � scruter l'horizon. Calico, l'anglais, remarqua ce geste et se mit également � regarder au loin, sans savoir ce qu'il cherchait au juste. Puis ils le virent, chacun en même temps: un galion rutilant. Il était � plusieurs lieues, mais il leur paraissait suffisament proche pour qu'ils se sentent enfin sauvés. Agonie se leva en agitant les bras et en criant pour atirer l'attention de la vigie, Calico s'empara d'une rame et se mit � ramer frénetiquement pour faire avancer un peu plus la chaloupe, le vent se mettant � souffler plus fort, comme par hasard. Après un long moment d'allégrese et d'angoisse, le galion arriva devant eux. Ils ne se sentirent plus de joie, ils dansèrent, s'étreignirent. On leur lanca une échelle en corde depuis le pont, et avant de monter, Calico dit � Agonie, avec une note d'émotion dans la voix: -J'arrive � peine � y croire. Qu'on soit sauvé, qu'on puisse souffler un peu, que les emmerdes soient finies! -Oui, moi aussi j'admet que je me sens libéré d'une sorte de malédiction, approuva le français. Ces braves gens vont nous conduire quelque part où personne en nous connait, et de l� nous pourrons nous "remettre en société"! Calico acquiésa en souriant, avant de lancer: -J'espère que cette fois tu ne feras pas tout foirer. Il grimpa à bord du navire, suivit d'Agonie qui ajouta: -Tu sais qu'� chaque fois je veux bien faire. Mais on rediscutera de ca plus tard, pour le moment profitons de cette aubaine. Lorsqu'il posa le pied sur le pont, il vit que Calico l'attendait avec une expression lasse et lourde de reproches. Agonie savait analyser les signes, et préféra deviner tout seul la raison du changement d'attitude de l'anglais. La réponse était devant lui. Un mur de flibustier toutes lames dehors et pointant leur pistolets droit sur lui. Le regard du français fut attiré par un homme de grande taille, coiffé d'une perruque et d'un tricorne, se servant d'une canne bien que n'en ayant nul besoin, braquant lui aussi un pistolet sous le nez d'Agonie. Celui-ci risqua un coup d'oeil vers Calico Rackman et lui dit: -Franchement Calico, je t'assure que je suis pour rien, l� je vois pas ce qui peut coincer! L'homme coiffé d'une perruque, leur chef sans doute, déclara avec une voix trainante d'aristocrate français: -L'océan est petit, Agonie la Belle. Je suis vraiment stupéfait que tu sois encore en vie après notre dernière rencontre, mais apparement tu as la peau dure. Et la mémoire courte, d'après ce que tu as dis � ton ami. Tu ne te souviens peut-être pas de ce regretable incident � Saint-Malo, il y a 6 ans de cela ? Agonie fixa intensement les yeux de cet épouvantail, et finit par éclater de rire et se tourna vers un Calico incrédule: -Rackman, j'ai le grand déplaisir de te présenter Aristide Racolin, dit "le sublimissime", corsaire au service du Roi de France, et une vieille connaissance. -Et visiblement pas très heureux de te revoir, conclut Calico. Je préfère ne pas savoir pourquoi, aussi je vous prierai, messire Racolin, de bien vouloir nous mettre au fer le plus rapidement possible, je me sens extrémement las. -Mais avec joie, monsieur, répliqua aimablement le corsaire en faisant signe à ses hommes de les conduire aux cachots. Je trouverai quelque chose de fort ennuyeux � vous faire subir dans les prochaines heures, surtout � toi Agonie. Une heure plus tard, alors qu'Agonie commencait � s'habituer � l'obscurité de leur geole, et que Calico restait enfermé dans un mutisme digne d'un moine tibétain en pleien méditation, il tenta d'engager la conversation avec son compagnon anglais: -Je suis....vraiment navré, Calico. J'ai aucune excuse, sinon de ne pas savoir me débarasser de mes ennemis... -N'y pense plus Agonie, coupa Rackman sur le ton de la conversasion, je crois que j'ai trouvé un moyen de nous sortir de là! Agonie resta muet pendant aproximativement 5 secondes, puis bafouilla: -Tu veux dire que...tu as..un plan ? -Un peu farfelu, je te l'accorde. Mais � mon avis, il pourrait marcher. A l'entente du mot "farfelu", Agonie sourit � pleine dent et une lueur malicieuse s'alluma dans ses yeux. -Et en quoi consiste ce plan ? demanda-t'il joyeusement. -Et bien, répondit Rackman, 'faut juste que le bateau soit pris dans une tempête, comme ça ca couvrira le bruit, ensuite, on a besoin de cordage, d'un objet pointu et tranchant, de préférence assez petit pour qu'on le glisse dans une botte. Ensuite, l'un de nous doit faire semblant d'être pris d'un accès de fièvre, l'autre doit se déguiser, pour cela on va attirer des gardes ici et les piéger. Une fois dehors...
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