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Auteur Fil de discussion: Re : journal de bord d'un flibustier  (Lu 25985 fois)
Beauchene
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matelot de première classe

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« Répondre #30 le: 04 Novembre 2011 à 21:56:14 »

Le sloop « Caribou », avait embouqué, �  la nuit tombante, la  baie au fond de laquelle se nichait Maracaibo.
Beauchêne naviguait pour son compte. Il avait décidé de venir écumer les eaux de cette vaste baie abritant Coro sur sa côte Nord non loin de l’entrée et Maracaibo tout au fond. Le trafic commercial espagnol devait y être important.
Au levé du jour, il avait fait doubler les vigies. Qui dit trafic important dit aussi, sans doute, chasse-marée et chaloupes canonnières �  l’entrée des ports.
Grand-voile arisée et hissée �  peine �  mi-mât –  pour être le moins visible possible mais garder assez d’ère pour gouverner – le sloop tirait des bords entre les caps ouvrants  la baie.
Plusieurs heures passèrent sans qu’aucun navire ne fut en vue. Le soleil allait bientôt être �  une main de son zénith quand le cri tant attendu de tous retentit.

-   Holà en bas ! Voile en vue !
 
-   Où ça ? rugit Beauchêne qui faisait les cents pas sur le gaillard arrière.

-    Par l’avant du travers tribord capitaine ! Coque encore noyée sous l’horizon.

-   Je monte !


Beauchêne prit la longue vue des mains de son second et gravit lestement les enfléchures.
La vigie - un nègre gigantesque que Beauchêne avait affranchi -  était sans aucun doute un piètre marin mais il était doté d’une vue exceptionnelle.

-   Fait moi de la place Goliath. Où es-t-il ?

-   Là bas Capitaine »
répondit ce dernier en tendant le bras en direction du large et au del�  de la baie.
Beauchêne ouvrit la longue vue, la cala contre le mât pour la stabiliser et fit la mise au point.

      -    Ha voil�  !    Coque �  peine visible … Trois mâts … Il suit un cap qui doit le faire entrer dans la baie.
 
      -    Ho en bas ! tribord la barre ! Cap Est- Quart Nord.

 
Beauchêne reprit son observation. Au bout d’un temps :

-   C’est une flûte !

-   Goliath, ne la perd pas de vue et prévient si elle change de cap où modifie sa voilure, je descend.


Il se laissa glisser le long d’un galhauban jusqu’au gaillard arrière.
D’une voix forte, �  l’attention de tout ceux présent sur le pont où dans la mâture.

-   C’est une flûte de commerce compagnons !
Espagnole sans aucun doute. Il doit y avoir du monde �  bord et autant de canons que nous … sinon plus.
Nous allons la malmener un temps, �  limite de portée de nos couleuvrines, ensuite nous irons la prendre.


Il poursuivit, d’une voix normale cette fois, �  l’attention de LeBaron son second, de Chambard son maître d’équipage et de Biscaye le canonnier, tout trois impatient d’en savoir plus. Le chirurgien aussi était présent mais comme simple curieux.

- Ils ne nous ont certainement pas encore vue. Nous nous confondons avec la côte �  bâbord. Quand il nous verrons, ils auront déj�  doublé le cap et seront entré dans la baie. Ils ne leur sera pas aisé de virer de bord.
 
-   LeBaron, Chambard, nous n’allons pas faire de branle-bas de suite. Veillez cependant �   ce que toutes les voiles puissent êtres établies au plus vite dès que l’Espagnol nous découvrira.

-   Biscaye, Nous n’utiliserons dans un premier temps que nos couleuvrines. Charge les canons �  mitraille, règle les �  leur plus forte élévation . Elle est bien plus haute sur l’eau que nous. Nous utiliserons les couleuvrines �  portée maximale. Prévois qu’elles puissent être rechargées �  mitraille juste avant l’abordage. Tu enverra la dernière bordée quand tu jugeras bon. Veilles bien �  tirer avant qu’il ne soit trop près, que la décharge puisse encore balayer son pont.


La flûte doubla les caps et entra dans la baie. Sa vigie aperçue le sloop. Désordre sur son pont et dans le gréement. Elle commença �  virer lof pour lof.
Sur « Caribou », l’enchaînement des ordres fusait.

-   Larguez les ris ! Hissez la grand-voile !

-   A déferler le hunier !

-   A Hisser ! foc et hunier !

-   A border écoutes et boulines !


Les voiles se déployèrent en un tournemain, les vergues brassées avec entrain. La vague d’étrave de « Caribou » s’enfla quand le sloop bondit.

   Elle va manquer à virer ! Hurla LeBaron.
   
Beauchêne tourna brusquement la tête en direction de la flûte espagnole.

-   Oui ! Jubila t-il. Elle retombe sous le vent.

-   Tambour, La chamade ! 
 
-   Branle-bas de combat !


Dernier ordre assez inutile. Tout l’équipage se trouvait déj�  �  son poste où tout près, appuyé �  la lisse pour voir l’espagnol. Dans chaque regard s’était allumée la petite flamme du prédateur.

A bord de la flûte, le capitaine, vociférant, rappelait l’équipage �  son devoir et faisait remettre de l’ordre dans son gréement. La flûte tenta �  nouveau de virer de bord.
Trop tard !
Parvenu �  deux encablures (*) de l’espagnol, Beauchêne hurla.

-   Choquez les écoutes !

 « Caribou » perdit rapidement de sa vitesse.

-   De l’avant à l’arrière … Feu ! Aboya Biscaye le maître canonnier.

 Dans un grondement assourdissant, le flanc bâbord du sloop fut enveloppé d’un nuage de fumée traversé de langue de feu orangées.
Beauchêne avait tenu compte du vent pour choisir par quel côté il attaquerait la flûte. Le nuage de fumée fut rapidement repoussé vers le navire espagnol, aveuglant ses canonniers.

-   Rechargez !  – Visez le pied de ses mâts ! – Feu à volonté !

Les couleuvrines tirèrent de nouveau, de manière plus désordonnée mais le feu était assez soutenu. A travers la fumée, Beauchêne observa avec plaisir l’efficacité des bordées. Il s’empara de son porte voix.

-   LeBaron ! A border les écoutes !

-   Biscaye ! Fait charger �  mitraille !


Abaissant son porte voix, �  l’attention du maître d’équipage �  ses côtés.

-   Chambard, gouverne dessus. Amène nous entre ses gaillards.

« Caribou » reprit un peu de vitesse, piqua sur la flûte puis vira pour prendre un cap parallèle  �  moins de cinq brasses (*) d’elle.
 
-   Feu !

Un fracas étourdissant – car les canons accompagnaient cette fois les couleuvrines – la bordée de mitraille jaillit avec le sifflement caractéristique de ces projectiles. Elle creusa des trouées sanglantes parmi l’équipage espagnol qui s’était massé le long de la lisse pour repousser l’abordage et arroser le sloop du feu de ses arquebuses et mousquets.

Beauchêne dégaina son sabre, le leva au dessus de sa tête. Il approcha le porte voix �  sa bouche pour donner l’ordre d’aborder quand Chambard le retint �  l’épaule et tendit le bras vers la dunette de l’espagnol.

-   Attendez Capitaine ! Regardez, ils amènent leur pavillon ! – Ils se rendent !

Sur le gaillard de la flûte en effet, celui qui semblait être le capitaine montrait que l’un de ses hommes amenait les couleurs. Le grand pavillon aux couleurs de l’Espagne descendit le long de sa drisse.

C’était terminé, Beauchêne était maître du navire et de sa cargaison.

(*) - 1 encablure = 185,20 m
      - 1 brasse = 1,80 m

   
   
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Sus aux ennemis de mon Roy
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