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Auteur Fil de discussion: Journal d'un canadien franà§ais devenu capitaine de flibuste.  (Lu 26313 fois)
Jacquotte
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Capitaine Saskia, alias "Peettante"


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« Répondre #15 le: 24 Octobre 2011 à 23:40:56 »

Alors que Robert Beauchêne approchait du Golven, il put aisément voir Saskia s'activer �  préparer le départ de son navire. Elle était restée telle qu'il l'avait vue l'heure d'avant, habillée en homme, les formes généreuses en plus. Il put admirer sa manière autoritaire mais douce �  la fois de gérer son équipage, main de fer dans gant de velour, mais toujous motivée par une profonde volonté de protéger ceux qui l'entourent.

Notamment un petit mousse au bonnet rouge retombant sur son oreille droite, comme en sont équipés les mousses espagnols qui, �  la demande de Saskia, accourt vers Beauchêne.


- La signora Peettante, elle dire qué signor Francese bienvenou et qué nu boord.

Le mélange d'Espagnol Français et Néerlandais dans le language du garçon fit sourire le corsaire Français alors que le petit mousse lui indiquait avec force gestes la passerelle pour monter sur le Golven. Alors qu'il prend pied sur le frèle esquif, Saskia vient �  lui dans une démarche chaloupée, le contemplant de haut en bas et de bas en haut avec un sourire en coin.

- Mij God! Que vous voil�  bien affublé, capitaine! Soyez le bienvenu �  bord du Golven! Nous appareillons dès maintenant, car le temps presse si nous voulons ariver �  govengeval avant le tombée de la nuit. La nuit dans les tropiques est traitresse car tombant sur les coups de sept heures du soir sans crier gare, en moins d'une demie-heure, chose bien étrange pour ceux qui ont vécu au pays! Allons venez vous installer �  la barre de mon modeste sloop... nous sommes �  équipage réduit, juste quatre, la grande majorité de mes hommes passant la nuit et probablement les deux ou trois suivantes dans les tavernes et bordels du port. Aussi devrai-je affaler, choquer et hisser comme un simple matelot si nous voulons arriver �  bon port!

Elle fit une légère courbette, ironique.

- Si notre capitaine vuet bien se donner la peine... je le guiderai jusqu'à bon port!


Et le Golven de prendre paisiblement la mer, longeant sa côte caraïbe sous le soleil couchant de St Eustache, portée par une brise légère. Deux heures plus tard, le Golven lançait l'ancre dans une baie sombre et une chaloupe fut avancée pour que l'équipage �  son complet, Beauchêne compris, puissent accoster �  un quai sommaire où des esclaves se bousculaient pour accueillir leur maîtresse, l'appelant "Peettante" et souriant de leurs belles dents blanches visibles comme autant de phares éclatants dans le noir. Voyant Beauchène s'interroger sur ce mot incunnu de lui, saskia lui dit alors sobrement:

- "Peettante", cela veut dire "marraine" en Néerlandais... un surnom qu'ils m'ont donné.

A l'arrivée �  terre, les lourdes senteurs de la nuit emplissent l'air, mélanges de l'acidité de de la terre noire et riche, et de la moiteur de la végétation luxuriante. L'aire est rempli de sons propres �  cette région du monde. Le chant des "genbo" (petites chauves-souris insectores chassant �  tire d'aile �  la tombée de la nuit, remplissant l'air de leur cris aigus), des "kabri d'bwa" (grosses sauterelles sont le bruit ressemble au bêlement d'un cabri) et des petites grenouilles. Une nuit assourdissante, bien loin de la quiétude des nuits en mer.


Alors qu'une nuée de gens s'affairent, Saskia guide son invité jusqu'�  une maison de type colonial perdue au milieu de la végétation. Il fait noir, et l'on ne peut savoir ce qu'il y a au del�  de la luxuriante végétation qui les entoure, mais Beauchêne a le sentiment que le terrain est plus vaste qu'il n'y parait.



Elle désigne alors un fauteuil et une table sur la terrasse entourant la maison.

- Asseyez vous, capitaine... mes gens vont vous servir quelque chose �  boire pour vous faire patienter. Je vais, pour ma part, changer de peau avant de vous rejoindre!

Beauchêne peut entendre, malgré le bruit assourdissant de cette nuit antillaise, le bruit caractéristique des vêtements glissant au sol et celui du bac où Saskia s'est plongé avec délice, juste derrière la paroi qui les sépare. Des jeunes femmes de toutes couleurs, certaines portant leur enfant sur le dos, lui servant raffraichissements et mets �  grignotter tandis qu'elle pratique ses abblutions.

- Préparez donc le jeu d'échecs, capitaine Beauchêne, lui lance t'elle à travers la paroi, j'arrive sous peu. Une pipe de tabac et un thé vous tenteraient ils?  
« Dernière édition: 24 Octobre 2011 à 23:57:58 par Jacquotte »
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« Répondre #16 le: 25 Octobre 2011 à 12:44:15 »

Les deux heures qu’avait duré la traversée jusqu’�  Golvengeval, �  bord de l’embarcation de Saskia, n’avaient pas autorisé de conversation. La présence de l’équipage réduit et du même fait, l’obligation que Saskia avait de manœuvrer elle même. Robert apprécia simplement la fraîcheur de l’air du large, l’approche de la côte et le spectacle grandiose de la nuit tombant brutalement, comme chaque fois et sans jamais lasser, sous ces latitudes.

Golvengeval. Ils prirent pied sur le petit débarcadère et s’engagèrent sur une belle allée en direction de l’habitation principale presque noyée sous les frondaisons. Toujours sans parler, car après le relatif silence en mer – relatif du fait qu'il y avait le bruissement de l’eau le long du bordé,  le sifflement du vent dans le gréement, les craquements du bois qui travaillait – ici, c’était un formidable concert de tout les animaux et insectes des nuits tropicales.

Saskia installa Robert sous une vaste varangue puis entra dans la demeure. Il retira son tricorne et son baudrier. Il ne portait pas son lourd sabre d’abordage mais une fine rapière en acier de Tolède �  lame damasquinée, don - �  son corps défendant - d’un capitaine Espagnol. Il  les remis �  une jolie et très jeune petite soubrette noire comme l’ébène qui les pris avec un sourire enjôleur. Robert avait compris qu’ici, nul n’était vraiment esclave. Elle n'arait pas été appelée "Peettante" si tel n'avait pas été le cas.
Les lourdes et capiteuses effluves de la terre et de la végétation luxuriante envahissaient d'avantage encore l’air maintenant que la nuit s’était faite. Le bruissement qu’il perçut derrière la mince cloison de bois malgré les trilles lancinantes de la faune, ne laissèrent pas Robert indifférant.
Il avait conscience  - de manière encore diffuse certes - qu’il vivait un moment rare, hors du temps.
 Saskia avait, pensa t-il, plusieurs facettes. Le Capitaine capable de diriger un navire et de mener un équipage au combat, d’une part. Le terrible flibustier (au grand dam des Espagnols surtout), d’autre part. Mais aussi, la propriétaire d’un assez vaste domaine où l’esclavage était quasi banni. Enfin :   La   Femme  !
A l’évidence peu, et peut-être moins encore, connaissait cette face l� .
Robert ne voulut rien risquer qui puisse rompre le charme ambiant. Tournant la tête en direction de la voix de Saskia - et d’où il avait perçu les affolants bruissements et maintenant des bruits d’ablutions  -  il répondit avec autant d’équanimité qu’il fut capable :
-   J’accepte avec plaisir fumer une pipe et jouer aux échecs. Et … Va pour le thé, cependant un verre de vin aurait eu d’avantage ma faveur.  

Avisant l'échiquier, il prépara le jeu, admirant chaque pièce avant de la déposer sur sa case.
 
-  Magnifique jeu que vous avez l� . Les pièces sont joliments ouvragées. Un cadeau ?    
 
Cette question posée d'un air un peu goguenard car il en pressantait la provenance.  
« Dernière édition: 31 Octobre 2011 à 09:41:44 par Beauchene »
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« Répondre #17 le: 25 Octobre 2011 à 14:44:31 »

Un rire contenu se fit alors entendre de l'autre côté de la paroi.

- On peut dire ainsi. Le capitaine espagnol du galion de commerce que je ramenais alors �  Curaçao était un homme charmant mais très empêtré dans ses considérations de l'honneur. Un jeune officier fraichement émoulu de son "escuela naval militar". Son problème était d'être toujours en vie, comme les trente autres membres de son équipage, et la dizaine d'autres qui a spontanément rejoint nos rangs, comblant par l� -même nos pertes du jour. Les cales du Golven étaient pleine et 3000 Florins m'attendaient �  bon port. Une bonne journée, en somme...

Mais ce triste sire ne voyait que déshonneur au fait d'être tombé dans les mains d'un corsaire commandant un sloop des Bermudes. Néerlandais de surcroit. Et femme, qui plus est! Trop de déshonneur pour ce jeune homme fragile prisonnier �  mon bord tandis que son navire allait être livré au gouverneur de Curaçao, le très rigide et puritain Matthias Beck...


Un silence se fait avant qu'elle ne continue son récit, continuant ses abblutions.

- Il devait nourrir quelque secret espoir que nous puissions croiser la route d'un navire espagnol trop fort pour notre sloop et que nous l'abandonneions alors, lui et son galion, afin de sauver notre peau. Chose probable si prêt du continent sud Américain. Mais lorsqu'il vit les côtés très caractéristiques de Curaçao, son espoir s'envola aussi vite que son désir de vivre. Aussi me demanda t'il de mettre fin �  ses jours, ce que je refusai sur-le-champ. Sa capture allait me rapporter une rpime non négligeable, et je ne suis pas fole au point de laisser un tel poisson m'échapper alors que l'or de la récompense pour sa capture sonnait déj�  �  mes oreilles.

"Je peux vous dédommager", m'a t'il alors dit de but en blanc.

D'abord intriguée, je lui ris au nez, car s'il avait quelque richesse, celle-ci était désormais dans mes cales... ce �  quoi il répliqua sans se démonter qu'il possédait un jeu d'échec unique en ivoire et ébène, caché dans une trappe secrète de son galion... et qu'il m'échangeait ce jeu contre la possibilité d'en finir dignement. Un jeu offert par son père avant son départ d'Espagne, un dignitaire propre du roi.

J'avoue avoir eu pitié de lui sur le moment, souhaitant qu'il n'ait pas eu �  tomber dans mes griffes et que par quelque magie, il ait pu m'échapper. Voire mourir au combat. Mais voil� , la réalité était toute autre, et ce jeune homme m'échangeait un trésor contre une mort digne.


Saskia, continuant son récit, sort de son baquet, aidée par ses servantes silencieuses mais bien présentes.

- J'acceptai alors, envoyant Hubrecht, mon second, chercher le jeu en question dans la cachette dont le jeune officier me confia l'existence. Quelques minutes plus tard, Hubrecht me faisait un signe depuis le galion captif. Je devais donc �  mon tour ne point me dédire. Je lui déliai alors les mains et lui remis mon pistolet chargé. Il le pris sans trembler ni même essayer de retourner l'arme contre moi. Puis il se tira une balle en pleine tête devant ses hommes restés sur le galion désormais sur notre bordée babord, avant de tomber �  l'eau pour y disparaître �  jamais.

Elle fit alors son apparition, les cheveux lâches bien que toujours mouillés, vêtue d'une robe simple mettant ses formes généreuses en valeur. Un sentiment de fraîcheur éname alors d'elle, de simplicité et de franchise... mais également de fragilité, elle qui n'arbore plus son sabre d'abordage et ses habits d'homme. Elle s'assoit alors devant Robert beauchêne, troublante dans son attitude androgyne.

- Meisjes! Breng twee pijpen, onze beste tabak, Franse wijn en thee! lança t'elle sans quitter le Français du regard. Un regard brûlant et réservé �  la fois.

- Ce jeu �  une histoire. Une histoire tragique. Et chaque fois que j'y joue, je repense �  ce jeune homme, me disant que je n'aurais peut-être pas sa force de caractère le jour où les Espagnols auront enfin l'occasion de se venger de moi et de mes commanditaires.

Une jeune femme de type amazonien arrive alors, bébé dans le dos, apportant deux longues pipes, du tabac, une bouteille de vin effilée assurément provenant de Bordeaux au vu de sa forme bien caractéristique, et une théière fumante. D'abord surpris par ce type physique désormais peu courant dans les petites Antilles, Beauchêne se remémore alors qu'il y avait, il y a encore peu, un traffic d'esclaves provenant du Brésil que les Portugais revendaient �  bas prix �  l'Espagne et aux Provinves Unies. La provenance de celle-ci ne laisse donc aucun doute. Elle pose délicatement le tout sur la table et sert sa maîtresse avec déférence. Son bébé se réveille alors et se met �  crier, visiblement contrarié d'avoir été ainsi dérangé, ce qui fait sourire tendrement la fière corsaire.

Elle bourre alors sa pipe lentement, laissant son thé infuser tandis que la servante, ondulant du corps pour bercer son petit, verse dans le verre de Beauchêne un vin rouge capiteux, s'harmonisant assez bien avec les effluves du lieu en cette soirée.


- A vous le premier coup, mon cher... honneur aux invités! lance t'elle alors, lui montrant l'échiquier d'un geste large.


   
« Dernière édition: 25 Octobre 2011 à 15:26:08 par Jacquotte »
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« Répondre #18 le: 27 Octobre 2011 à 13:14:48 »

Le premier coup !
Beauchêne décida de le jouer – mais peut-être pas où l’y invitait son hôtesse. Quoi que ? Il n’était pas entièrement convaincu qu’il n’y ait pas eu une allusion. Bref ! Il se lança dans une farce, ces petites pièces en un acte qui se jouent parfois au théâtre.
Il glissa les fesses pour s’enfoncer profondément dans son fauteuil, les épaules presque �  hauteur des genoux. Il porta une main �  son cœur, grimaça comme sous l’emprise des affres d’une violente douleur. D’une voix geignarde mais avec l’emphase d’un avocat plaidant :

-   Haaargh ! Le premier coup pour moi me dit-elle ! Ho la rouée, la fieffée rusée ! Car voil�  un moment déj�  qu’elle l’a joué ce premier coup.

Pointant un doigt accusateur et tremblant vers Saskia.

-   Elle l’a joué lorsqu’elle s’est présentée devant moi dans cette vêture !

Il surveillait, les yeux plissés par sa grimace, la réaction de Saskia. Un instant interloquée puis comprenant, elle commençait �  sourire. Il continua sa pantomime.

-   Le coup n’est pas fatal …je pourrai cependant y succomber avant qu’il soit longtemps. Je dois derechef prendre médecine.

S’appuyant d’un avant bras �  un accoudoir du fauteuil, il se redressa �  demi.

-   Voyons ce que nous avons là. » reprit-il en balayant du regard ce qui se trouvait sur la
 table basse �  ses côtés. Il prit le vin qu’on venait de lui servir, le porta �  ses lèvres. Il fit un bruit de succion comme certains lorsqu’ils portent en bouche une cuiller de potage … après quoi il en bu vraiment une bonne lampée.

-   Ah le sublime Elixir !
-   Cependant ce breuvage présente des effets pervers, Outre qu’il échauffe l’esprit, il donne la fièvre �  qui ne l’a et la fait dangereusement monter – ce qui est le cas – �  qui ne l’a point encore ! Il me faut en user avec modération.


L’indienne qui portait son enfant, bras tendu en suspend dans sa direction, lui présentait depuis le début de sa tirade, une pipe en terre cuite. Le fourneau en contenait déj�  du tabac mais la pipe n’était pas allumée.
Comprenait-elle le français ? Où son instinct lui faisait-il deviner quel genre de partie jouait Beauchêne ? Il ne saurait dire. Elle montrait un sourire mais un peu figé. Saskia elle, souriait franchement. Il poursuivit donc.

-   Ah, voilà la panacée ! Elle soulage de bien des maux : L’angoisse, la faim, le froid.

Il fit mine d’en tirer quelques bouffées qu’il soufflait avec extase.

-   L’effet en est cependant bien éphémère et ne saurait m’apaiser longtemps. Mais baste ! Que faire d’autre pour apaiser le mal qui me ronge �  présent ? N'y a t-il point un doct savant pour traiter ma blessure, et demeurant assez proche, car mon état ne peut que s'agraver c'est chose sûre.

Sans transition, il se redressa dans son fauteuil, cessa sa grimace. Un bref regard sur Saskia. Il lui sembla qu’elle se retenait de pouffer de rire.
Il fit pivoter l’échiquier pour avoir les pièces blanches devant lui, du bout des doigt il saisit le pion du Roi et l’avança de deux cases.
Si sa prestation était un coup d’estoc, il frappa cette fois de taille – mais  d’un coup atténué, comme porté du plat de la lame – il passa au tutoiement.

- A toi de jouer Saskia !  
   
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« Répondre #19 le: 27 Octobre 2011 à 14:21:37 »

La fantaisie du Français toucha la Néerlandaise au coeur. Direct. Fin bretteur �  l'intelligence aigüe que ce Robert Beauchêne, trouvant en un clin d'oeil la faille dans l'armure de la plantureuse femme corsaire, décelant le jeu de séduction, le dénonçant avec brio et prenant donc la main, alors que l'échiquier ne devenait plus que la concrétisation du jeu subtil et intrusif des deux partenaires. Une négociatrice et un beau parleur de haut vol. Moment rare de subtilité et d'intensité.

Amusée et séduite, Saskia oublie l'espace de cet entretien combien elle a souffert depuis qu'elle a conquis sa liberté, fuyant �  bord du Golven un mariage arrangé par son père avec un riche commerçant de son pays ainsi qu'une vie paysible mais mortellement ennuyeuse. Elle oublie ses ennemis agonisant �  ses pieds et ses amis dans ses bras, le sang recouvrant ses vêtements alors que son équipage tombait �  La Vega �  cause de sa haine aveugle de l'Espagnol, son emprisonnement des mois durant dans les geôles de La Vega, mais aussi le prix fort élevé qu'elle a dû payer pour que Scar ne se balance pas au bout d'une corde �  Curaçao. Tout ce qui fait de sa vie une épreuve permanente. Un choix souvent douloureux.

Tout cela semble désormais bien loin, alors qu'elle boit les paroles de Robert et redevient femme, et non corsaire affublée de vêtements masculins, cherchant �  se faire respecter par les hommes de son bord en ne montrant aucune faille, aucune faiblesse.


- Voil�  bien un coup fort original... le roi se permettrait-il des choses qui ne lui sont point admises en temps normal? Le voil�  bien empressé d'aller se faire manger...

Le ton était donné. D'un geste simple, elle congédie la servante amazonienne qui s'en va prestement en riant sous cape, berçant le bébé qui avait cessé ses pleurs pour retomber dans les bras de Morphée. Avait-elle compris le jeu qui se trame sans en comprendre les mots? Assurément oui, le jeu de la séduction transcendant tous les langages, ethnies et autres convenances. Au loin, un homme, apparememnt de son ethnie, l'attend. Elle fait mine se passer sans le voir mais se laisse tendrement enlacer dans un petit rire contenu. L'atmosphère est �  l'érotisme dans ce petit paradis reconstruit de toute pièce.

Saskia découvre ce qu'est être femme, elle qui n'a jamais connu la plaisir de se donner �  un homme de son plein gré. Elle découvre avec étonnement sa volonté profonde de ne pas résister, de ne pas se défiler devant les avances de son partenaire. De ne pas contrôler mais au contraire de se laisser emporter par le vent de volupté et de fantaisie de Beauchêne.


- Cela est plaisant... et puisque tu joues ainsi... elle laisse un moment le silence l'emporter juste après el tutoiement initié par le Français... je ferai de même. Au Diable les conventions!

Elle joue alors d'un geste suave: le pion protégeant la reine se déplace d'une case en diagonale, ouvrant le passage �  cette dernière, juste en face du roi adverse. Au moment où elle joue, un pan de sa chemise trop lâche glisse doucement (intentionnellement?), dévoilant �  la lumière de la bougie son épaule et le haut de sa gorge.


Elle se sent ennivrée par ce jeu sans règles fixes, découvrant avec délice un monde nouveau où s'abandonner n'est pas synonyme de danger. Un rêve dont elle ne voudrait pas se réveiller...




   
« Dernière édition: 27 Octobre 2011 à 14:29:19 par Jacquotte »
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« Répondre #20 le: 30 Octobre 2011 à 17:38:17 »

Ostensiblement avec calme – Ventre Saint Gris ! Voilà qui n’est pas chose aisée -  il but une gorgée de vin et alluma sa pipe pour cacher son trouble.

Intentionnel de faire glisser le vêtement sur son épaule … Certes non !  Encore que ?
Mais, ne pas remettre d’ordre dans sa tenue … ?
pensa -t-il.

Une partie d’échec comporte plusieurs phases. L’ouverture – une demi douzaine de coups tout au plus -  ne demande pas une attention très importante, ce sont des coups presque convenus, impliquant des réponses assez conventionnelles. Saskia répliquait de façon inusité mais c’était pour l’instant sans danger.
 
Robert compris cependant qu’il ne pouvait gagner cette partie ci. S’il aurait encore assez de concentration pour développer ses pièces sur l’échiquier, il savait dès �  présent que quand viendraient les échanges et les combinaisons il ne parviendrait jamais �  faire abstraction de l’ambiance, de cette atmosphère, de cette femme sublime assise face �  lui et de   …

CETTE PEAU BLANCHE A PEINE  DEVOILEE !

Peau blanche car, si depuis qu’il était dans les Caraïbes il avait acquis un teint halé, Saskia ne pouvait �  aucun moment s’exposer au soleil … et aux regards.
Elle avait donc le teint des européennes du Nord. A l’inverse des négresses, des mulâtresses où des caraïbes, les femmes blanches ne montraient jamais leurs chevelures dénouées où la moindre parcelle de leur peau, hormis �  leur époux où amants.

L’ECLAIRAGE TREMBLOTANT DES BOUGIES CREER  UN JEU D’OMBRES ET DE LUMIERES SUR SON  EPAULE ET LA NAISSANCE DE SA GORGE !    

Il n’était pas expert dans cette  autre partie l� . Oh ! Bien sûr, il avait déj�  quelque expérience, une Iroquoise, une Algonquine et quelques ribaudes, mulâtresses où quarteronnes, dans les ports où il avait séjourné. Une seule fois avec une femme blanche, c’était �  Tadoussac en Nouvelle France, une jeune et belle épouse d’officier. Elle avait été attiré parce qu’il était �  demi sauvage et c’est elle qui avait pris toutes les initiatives.
 Il avait quelques peines �  se remembrer (*) ces conquêtes l� .
 
AFFRIOLANTES RONDEURS OU IL DOIT ETRE SI DOUX DE POSER SES LEVRES !

Cela n’avait rien �  voir avec ce qui se dessinait �  présent. Il découvrait ce soir, l’intense plaisir de l’approche. Un peu ce que ressent un chasseur effectuant une longue traque. Cependant, comme coureur des bois, il avait chassé pour les besoins en nourriture de son groupe. Comme flibustier, il courrait sus aux ennemis de son Roy sans état d’âme. Ce soir, s’il parvenait �  ses fins, il n'était encore sûre de rien, il y aurait une hallali exaltante, voluptueuse.

Aussi inexpérimentée que lui, semblait-il dans cette sorte de jeu, elle possédait comme lui cet instinct du chasseur, car qu’est-on d’autres lorsqu’on est flibustier aux aguets d’une prise et de son butin ?

Qui en fait, ce soir est la proie ?
Je suis dès �  présent plus qu'�  demi engagé dans ses rets !
Qu'il doit-être agréable de se faire dévoré ! Elle a des dents magnifiques !


ELLE VA DEVOIR JOUER A NOUVEAU. EN VERRAI-JE UN PEU PLUS ?

Il prit son fou du roi, le posa où était le pion joué le coup précédant. Il fermait ainsi la brèche, mettait en jeu cette pièce et tenait sous sa menace, où défendait, deux diagonales.


(*) Qu’allez vous croire ? A cette époque, ce mot était utilisé pour : se remémorer. D’où est issue d’ailleurs le mot anglais : remember !    
   
« Dernière édition: 01 Novembre 2011 à 18:50:43 par Beauchene »
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« Répondre #21 le: 14 Novembre 2011 à 22:42:12 »

Ce diable de Français sait y faire!, se dit la belle tout en observant Beauchêne, visiblement déstabilisé par l'attitude de la blonde Néerlandaise, mais sachant garder son sang froid et se concentrer sur le jeu d'échec. Sa réplique montre �  quel point il est capable de se maîtriser et de ne pas perdre la tête... qualité fort apprécié par la corsaire. Car plus d'un a tenté d'obtenir ses faveurs en usant de sa force ou de tout autre artifice viril... en vain. Ce n'est pas ce qu'elle recherchait.

Alors qu'elle continue de jouer, cette fois concentrée sur le jeu d'échec, Saskia s'étonne de s'ouvrir ainsi �  des sentiments et sensations jusqu'ici inconnues. Une sensualité qu'elle s'était interdite de part sa position �  bord, ou toute autre raison plus ou moins fumeuse. Car la peur de perdre le contrôle était en fait son vrai moteur.

Elle se surprend alors caressant d'un doigt négligeant le roi d'ébène, pensive, attendant que son adversaire joue son coup. Un geste involontaire, machinal, chargé de sensualité, trahissant probablement ses désirs qu'elle ne s'était toujours pas avoué. Arrêtant net son mouvement lancinant, elle lève le regard et croise alors celui de son adversaire, rougissant �  la lumière de la bougie.


Je...

Le jeu a évolué sans que les deux corsaires ne s'en rendent compte, tellement leur esprit est �  autre chose. Certains coups, d'ailleurs, semblent hasardeux. Voire précipités. Comme si la conclusion était attendue avec fièvre. Jusqu'au moment où le roi blanc du corsaire français  se trouve (involontairement?) en situation de mat, coincé par un mouvement de la reine noire. Le jeu se terminait enfin, comme l'espérait et le craignait en même temps Saskia.

Mijn God, Robert! On dirait que tu es échec et mat... 

Elle se lève alors lsilencieusement. Un mouvement marqué par une certaine nervosité. Puis elle s'approche de Beauchêne, se dévoilant plus �  la lumière de la lampe posée �  son côté. Il peut alors �  loisir le jeu des ombres créées par les plis du tissu léger et ses rondeurs �  peine voilées. Le silence est alors pesant.

Je n'ai jamais aimé ce terme... "échec et mat"...
Qu'est-ce que l'échec sur l'échiquier s'il est le prix �  consentir pour y gagner... un coeur?


D'une main, Saskia caresse alors du bout des doigts la joue de Robert. Lentement. Doucement. Tendrement. S'étonnant elle-même qu'elle en soit capable, après tout ce qu'elle a vécu. Elle ne trouve aucun mot �  dire, tellement ce qu'elle vit �  l'instant est inconnu. Ce désir de se laisser porter, de ne plus rien contrôler. De s'oublier. Elle recule alors, sortant de la lumière des bougies. Seul le soleil couchant en contre-jour permet �  Beauchêne de voir, si ce n'est deviner, le mouvement qui fait soudain chuter sans un bruit la chemise de Saskia.

Elle se retourne alors vers lui, les mains pudiquement et maladroitement posées sur sa poitrine généreuse.


Ik schaam me... dit elle tout bas, comme une supplique. Kom spoedig... ik smeek... Robert...

   
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« Répondre #22 le: 19 Novembre 2011 à 16:06:04 »

Il avait perdu la partie comme il l’avait prévu.
Il avait juste tenté d’en retarder l’échéance – ce qui lui permettait d’admirer Saskia tout �  loisir – pour se donner du temps car il appréhendait la suite.
Il découvrait qu’il manquait d’expérience en ce domaine. Oh bien sûr, il y avait l’Iroquoise et quelques Algonquines. Il y avait la femme de l’officier Français. Il y avaient eu les ribaudes des ports. Mais aucune n’avait exigé de lui qu’il mérite pour obtenir.

Saskia avait, lui semblait-il, envie de s’offrir mais il avait conscience qu’il devait mérité sa conquête. C’était bien l�  la difficulté due  �  son manque d’expérience. Il craignait qu’un geste malencontreux, qu’une parole malvenue ne brise le charme.

Il fut grandement soulagé quand Saskia prit l’initiative. Il ne comprenait pas les mots mais espéra en avoir compris le sens.

ELLE S'OFFRAIT !!!

Il se leva, lui fit face. Il dénoua les lacets de son col de chemise et passa le linge de fine batiste par dessus tête. Dans l’éclairage diffus, son torse hâlé, presque imberbe, faisait apparaître de nombreuses marques où la peau diaphane brillait. Blessures pour la plupart reçues pendant les années passées parmi les sauvages de Nouvelle France.
Torse nu, il approcha Saskia, lui caressa du dos de la main une de ses hanches, lui enlaça la taille et la serra contre lui.

- Tu es vraiment sublime ! - Tu es une femme surprenante �  tout point de vue ! - Je meurs d'envie de toi.

De sa main libre il lui releva doucement le menton d'un doigt et sa bouche chercha celle de Saskia.  
  
   
« Dernière édition: 19 Novembre 2011 à 19:01:28 par Beauchene »
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« Répondre #23 le: 21 Novembre 2011 à 22:28:14 »

Le jour se lève sur St Eustache.

Les bruits assourdissants de la nuit caribéenne, faits de coassements des petites grenouilles, des mabouya, des chants des kapri bwa et autres vibrisses, font place aux sons plus doux des chants des oiseaux des îles aux plumes chatoyantes et au vol feutré.  

Un petit "Cici Zeb", perché sur le rebord de la terrasse de la maison coloniale, chante �  tue-tête, réveillant Saskia, corsaire néerlandaise, dans les bras de Robert Beauchêne.


Chant de l'oiseau


Le beau Français dort encore. Il ronfle même, épuisé par sa nuit mouvementée dans les bras de sa maîtresse. Saskia se dégage doucement de son étreinte pour rejoindre le petit oiseau sur la terrasse.

Chut! Tu vas le réveiller! lui souffle t'elle.

Le Cici Zeb cesse alors, la fixant d'un air étonné. Comme s'il était témoin et complice de la scène emprinte de paix de ce matin. Une servante, qui attendait non loin le réveil de sa maîtresse, réagit alors, apportant un grand linge blanc pour la revêtir. Nul besoin de longs discours, un sourire entendu entre femmes suffit, et un petit rire amusé de la servante et des enfants jouant non loin en dit long sur la complicité de ceux qui vivent en ce petit paradis reculé où l'on ne peut arriver que par la mer.

Quelques servantes s'activent alors pour ramener le petit déjeuner qu'elles avaient, semble t'il, préparé depuis peu et maintenu au chaud, attendant le réveil des amants fatigués. Saskia s'amuse �  les regarder babiller. Elle sait de quoi elles parlent et apprécie cette candeur que ces femmes ont encore, malgré les épreuves et la captivité. Malgré le déracinement et les horreurs qu'elles ont pu voir ou endure avant qu'elle ne les recueille.

Elle ne peut s'empêcher de faire le parallèle de sa situation avec la leur. Tout les sépare, mais elles ont cependant beaucoup en commun, notamment d'avoir traversé des épreuves douloureuses, de s'être adaptées �  un environnement hostile. Saskia est devenue une corsaire respectée par son équipage et redoutée par les navires de commerce espagnols et anglais sur lesquelles elle fond sans crier gare, les mettant hors d'état de nuire souvent sans essuyer la moindre perte �  force de manoeuvrer autour de sa proie et de lui asséner des frappes chirurgicales de ses couleuvrines �  fort calibre importées de France. Mais elle est aussi l'insaisissable cible des navires cherchant �  l'arrêter dans son activité, profitant de sa manoeuvrabilité et de sa vitesse pour fausser compagnie �  ses assaillants lorsqu'elle juge le combat trop incertain.

Oui, elle est devenue cela... mais cette nuit, une autre femme a vu le jour, et cela nourrit un doute en elle. Son appétit sexuel, son audace dans ce jeu amoureux, mais également sa soumission dont elle tiré tant de plaisir. Est-ce vraiment elle? Et que dire de ces moments où des désirs de maternité et de vie paisible l'ont envahi, alors qu'elle s'endormait dans les bras de son bel amant? Elle secoue la tête, comme pour se raisonner. Ce rêve est irréalisable dans le monde de la flibuste. Irréaliste même. Voire dangereux. Mieux vaut prendre la vie comme elle vient et savoir en  goûter les rares plaisirs.

Alors qu'elle reste ainsi pensive �  le terrasse, elle entend les draps glisser derrière elle, quelques gémissements, puis les pas de Robert la rejoignant.


Goedemorgen... bien dormi?

   
« Dernière édition: 21 Novembre 2011 à 22:41:42 par Jacquotte »
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« Répondre #24 le: 22 Novembre 2011 à 22:05:03 »

Robert émergea du sommeil profond où cette nuit inénarrable l’avait plongé. Une variation de la nature des bruits environnants, le discret babillage des servantes, l’absence de Saskia �  ses côtés … et la faim.
Il n’ouvrit cependant pas de suite les yeux comme pour prolonger cet instant de plénitude et de félicité. Et puis, les draps embaumaient encore l’odeur enivrante de Saskia, conservaient encore la tiédeur de son corps �  la peau souple et soyeuse, gardait l’emprunte de ses rondeurs affolantes.

Cette nuit, il avait découvert.
Pour la première fois, il était resté attentif �  satisfaire sa partenaire, �  … « DONNER» !
Ce qui n’avait pas été si facile dans l’état d’excitation où la soirée l’avait amené.
Jusqu’�  cette nuit, il s’était toujours contenter d’assouvir son envie entre les cuisses ouvertes des femmes. A « PRENDRE » son plaisir sans jamais se préoccuper de sa partenaire.
Cette nouveauté lui fit presque peur.
-   Ce doit être l’âge ! » se mentit-il pour refouler un sentiment confus.

Il rejeta le drap. Depuis la terrasse, il entendit Saskia lui souhaiter sans doute le bonjour en néerlandais puis lui demander s’il avait bien dormi.

-   Bonjour ! J’ai dormi comme une marmotte. Toi aussi j’espère !

 Puis il continua avec un petit air amusé.

-   Même si le sommeil fut d’assez courte durée me semble t-il.

Il se leva, enfila rapidement sa culotte et sa chemise. Pieds nus, il rejoignit sa belle amante sur la terrasse. Il l'admira lorsqu'elle se tourna vers lui.

-   L’amour te rend plus belle encore si c’est possible.

Il passa délicatement un doigt sous les yeux de Saskia.

-   J’adore ces cernes sous tes yeux. Elles les mettent en valeur.

Puis à voix presque inaudible tout près d’une charmante oreille.

-   Et elles flattent mon orgueil de mâle.

-   Si le petit déjeuner peut attendre, j'aurai plaisir �  aller jusqu'au ponton pour nager un moment. M'accompagneras-tu ? Je présume que tu sais nager car j'ai entendu �  Saint Eustache qu'on t'appelait Saskia des flots ! Moi j'ai appris �  nager avec les Iroquois. la Nouvelle-France est riche de lacs et de fleuves et il vaut mieux savoir nager quand le canoë se retourne.    
« Dernière édition: 23 Novembre 2011 à 09:16:49 par Beauchene »
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« Répondre #25 le: 12 Décembre 2011 à 21:51:51 »

Saskia savait nager bien sûr.
Elle l’emmena non pas près du ponton mais dans une petite anse toute proche où ils se baignèrent. Robert en aurait bien profiter pour faire �  nouveau l’amour mais, soitqu’elle n’en eut pas envie, soit qu’elle craignit d’être vu par les gens de sa maisonnée,elle ne répondit pas �  ses avances.
Ils revinrent �  l’habitation et prirent un solide petit déjeuner. Robert et Saskia passèrent le plus clair de la journée ensemble. Ils se racontèrent comment ils en étaient venu �  se rendre dans les Caraïbes et �  y mener la vie qui était la leur.
La journée s’avançait et Robert comprenant que Saskia était redevenu le capitaine corsaire et la propriétaire d’une grande plantation demanda �  être ramené au port pour y retrouver son navire et son équipage.
Les adieux furent brefs. Saskia resta sur le ponton de Golvengeval quand le cotre emportait Beauchêne.
 Il refoula ses sentiments se disant qu’il était trop jeune pour se fixer et qu’il lui fallait encore courir l’Aventure. Pour Saskia, �  présent qu’il connaissait son histoire, il pensa qu’elle avait voulu, avec lui, rejeter au loin ses démons.
A peine fut-il revenu �  bord qu’il donna l’ordre de lever l’ancre. Personne �  son expression fermée ne posa la moindre question.


L’Amour n’a point l’heur de faire bon ménage avec Dame Chance. C’est du moins ce que pensa bientôt Robert de Beauchêne.
Pendant les deux mois qui suivirent, les navires rencontrés étaient soit trop forts de canons et d’équipage soit si maigre de cargaison que le butin ne couvrait pas la dépense. A plusieurs reprises, il fallut fuir pour n’être point pris et par deux fois même, Robert dut  amener son pavillon et être rançonné par des gouverneurs �  la cupidité sans borne.
Par un ami, il apprit un jour qu’une corvette était �  vendre �  Port Royal. Il s’y rendit et engageant tout ce qui lui restait de fortune en fit l’acquisition et parvint a l’armer de quelques canons.
Enfin, la chance fut �  nouveau sa compagne.     
   
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« Répondre #26 le: 14 Décembre 2011 à 14:06:20 »

                                                                           ooo00O00ooo

La perte de la corvette "Salamandre".

Les deux caporaux de la garnison du fort Saint Antoine profitaient d’une pause dans leur service. Ils fumaient leurs pipes accoudés �  l’un des créneaux dépourvu de canons.

-   Tiens ! Regarde les gars de la frégate s’escrimer sur leurs avirons pour amener leur navire dans la rade.

-   Oui-da ! Avec cette chaleur j’voudrais pas être à leur place.

Les deux chaloupes de Salamandre remorquaient, faute de vent, la corvette hors du port. Les  seize rameurs de chacune d’elle ahanaient, torse nu, le dos luisant de sueur. Les tolets grinçaient et les avirons pliaient sous la contrainte.
Lentement, le vaisseau s’écarta du quai. Il prit un peu d’ère et les deux caporaux constatèrent que les équipages des chaloupes n’étaient plus soulevés de leurs bancs de nage lorsqu’ils tiraient sur les avirons. Ils leurs fallut quand même près d’une heure pour amener la corvette au milieu de la rade où elle jeta l’ancre. Les aussières furent larguées par les embarcations et remontées toutes dégoûtantes d’eau où elles seraient lovées dans la soute aux câbles.
Les chaloupes vinrent se ranger le long du bord et les hommes embarquèrent sur le navire. L’une des embarcations fut remontée �  bord et arrimée sur son chantier, l’autre resta le long du flanc bâbord de la corvette.

-   M’est avis qu’elle  lèvera l’ancre avant le lever du jour.

-   Oui- da ! Mon compère. J’ai su par des marins qu’au petit jour il y a toujours  une brise de terre qui se lève et qu’elle disparaît quand le soleil monte sur l’horizon. C’est ce qui permet aux vaisseaux de sortir de la rade alors même qu’il n’y a pas de brise : la « bonasse » comme ils disent. Bon ! Va falloir que j’y retourne avant que le sergent ne me cherche.

-   Il est dur avec toi ?

-   Ho, j’ai vécu pire !    

Il vida sa pipe en la tapotant sur le créneau, la rangea  dans une poche de sa tunique et emprunta le roide escalier du chemin de ronde qui menait �  la cour intérieure où les hommes de sa compagnie commençaient �  se regrouper.

-   Qu’allez-vous faire aujourd’hui ? demanda son compère.

-   Marche et contremarche jusqu’a Gros Morne » répondit-il par dessus son épaule.
-   Nous autres soldats, c’est pas torse nu ! Et ça durera plus longtemps que ce qu’on fait les matelots de la frégate » ajouta t-il en maugréant.

-   Bon courage ! Moi je prend la garde au bastion Nord ce soir.

-   Alors on se revoit demain matin pour la soupe. Salut !    
« Dernière édition: 18 Décembre 2011 à 07:55:01 par Beauchene »
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« Répondre #27 le: 16 Décembre 2011 à 21:57:57 »

A bord de Salamandre où les manœuvres  dues au déhalage avaient pris fin, l’état-major de Beauchêne se retrouva dans la spacieuse chambre arrière. Les vastes fenêtres joliment inclinées vers l’intérieur, éclairaient agréablement la grand-chambre. Les miroitements  de la mer et du soleil se reflétaient en un superbe jeu mouvant de lumière.

-   Messieurs, servez vous ! les flacons  et les boujarons sont sur la table. Buvons au succès de cette campagne.

Il y avait l� , le second, le bosco, le canonnier et le quartier maître. Tous, compagnons depuis peu et donc �  peu près inconnu de Beauchêne.

-   Tout l’équipage est à bord ?

-   Oui Capitaine » répondit Raveneau le second.

A l’intention du bosco :

-   Faites frapper des lanternes en bout des vergues basses. Je désire que de l’avant �  l’arrière le pont soit visible cette nuit. Monsieur Raveneau va faire doubler les sentinelles. Je ne voudrai pas apprendre demain matin �  l’appareillage que nous avons eu des défections. Nous avons un équipage de vauriens en qui je n’ai pas confiance. J’ai besoin de tout mon monde.


Beauchêne avait décidé de descendre cap au Sud  le long des Isles du Vent jusqu’au approches de Marguerita puis cap Ouest le long des Isles sous le vent jusqu’�  la longitude de Maracaibo.
La campagne débuta fort bien, il s’empara coup sur coup d’une flûte de commerce hollandaise, d’un sloop et d’une goélette franche espagnol et ce, sans perdre trop de monde. Il décida de garder le sloop comme annexe. Armé d’une dizaine d’hommes, le sloop lui permettrait d’étendre la surface de mer surveillée en naviguant en limite de visibilité de la frégate. Il permettait en outre d’aller dans les ports pour s’informer des navires présents et de ceux prêts  �  mettre sous voiles. Il en avait confié le commandement �  son fidèle Goliath, le géant noir qu’il avait affranchi après l’une de ses toutes premières actions comme capitaine de flibuste.

Un matin, au large de Bonaire.
 Beauchêne apparu sur le gaillard arrière, par le panneau d ‘écoutille.

-   Bonjour capitaine » lui lança l’officier de quart.

-   Bonjour monsieur Lambert ! – Tout va bien ?

-   Oui capitaine ! Tout va bien �  bord. Le sloop de Monsieur Goliath n’est toujours pas en vue … mais cela ne devrait pas tarder.

-   Demandez �  l’un des mousses d’aller me chercher ma longue vue. J’ai oublié de l’emporter et je vais monter jusqu’aux barres de perroquets pour voir s'il est visible.  
   
« Dernière édition: 17 Décembre 2011 à 19:00:45 par Beauchene »
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« Répondre #28 le: 17 Décembre 2011 à 19:16:22 »

L’un des gamins lui apporta rapidement la longue vue. Beauchêne descendit l’échelle du gaillard, sauta lestement sur la lisse bâbord, s’accrocha aux enfléchures du grand mât et entreprit l’ascension.
Dans la grand hune, trois hommes détectèrent son approche �  la tension saccadée des haubans.

-   Range les cartes Durand v’là quelqu’un !

La tête du capitaine émergea par le trou du chat.

-   Ah bonjour Capitaine ! » lancèrent-ils avec un ensemble de gamins pris en faute.
 
-   Comment se fait-il que vous soyez trois ?

-   Rampier et Gaubert sont venus me tenir compagnie et m’ont apporté une mangue. » s’empressa de répondre Durand.

-   C’est bon. A présent Rampier et Gaubert descendez maintenant. Quand �  vous … ?

-   Durand, Capitaine.

-   Durand donc, faîtes bonne veille. Le sloop n’est toujours pas en vue ?

-   Non mais sur la côte la brume matinale n’est pas encore levée.

-   Je monte jusqu'aux barres de perroquet, de là haut il sera peut-être visible.

Beauchêne reprit son ascension pendant que Gaubert et Rampier se laissaient glisser jusqu’au pont par les galhaubans.
Une fois l�  haut, Beauchêne enjamba les barres, s’y assit confortablement. Il ouvrit son instrument, colla l’œil �  la lunette et fit la mise au point. L�  bas, loin �  bâbord, il discerna la côte noyée dans une brume diaphane. Une tache plus blanche nécessita toute son attention.

Une voile ? se demanda -t-il.

Des cris confus lui parvinrent venant du pont, quatre perches (*) plus bas – signe de désordre qui ne l’étonnait pas vraiment avec un tel équipage –

C’est bien une voile. Un sloop, c’est à présent certain.

Au dessous, les cris duraient et se faisaient plus forts. Excédé, il cessa son observation et dirigea son regard vers le pont. En bas,des hommes courraient en gesticulant sur les gaillards et sur le tillac, de la fumée s’échappait du panneau d’écoutille arrière. Des flammes apparurent.

-   Sainte mère de D …

Un énorme champignon �  volute rouge et noir, une déflagration formidable....
Le corps de Beauchêne s’envola dans les airs avec le mât de perroquet.

(*) 1 perche = 7,15m soit quatre perches, près de 30m au dessous de Beauchêne !
 
   
« Dernière édition: 17 Décembre 2011 à 21:02:13 par Beauchene »
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« Répondre #29 le: 18 Décembre 2011 à 11:37:48 »

Le sloop commandé par Goliath – car c’était bien lui qu’avait aperçu Beauchêne juste avant la catastrophe – récupéra le capitaine de La Salamandre. Seul survivant d’un équipage de près de cent trente hommes !
Dans quel état !
Beauchêne resta prostré pendant deux jours et sourd cinq de plus. Hormis un poignet cassé – le droit et heureusement, car il était gaucher – il n’avait aucune blessure grave. Lorsqu’il put �  nouveau entendre, que les sifflements dans les oreilles s’atténuèrent et que son mal de tête s’estompa, il  se trouvait dans la chambre d’une auberge de Tobago. Goliath �  son chevet lui donna quelques informations.

-   Nous étions �  peine dégagés des brumes de côte quand notre vigie annonça que les perroquets de la corvette étaient en vue. Nous avons mis le cap dessus. Un peu plus tard, La Salamandre était coque visible. Tout �  coup, une énorme boule de feu et quelques secondes plus tard l’énorme bruit malgré la distance. Nous avons tout de suite compris que la corvette venait de sauter – la sainte barbe sans aucun doute – nous avons fait force de voile pour rejoindre. La suite a été terrible Capitaine. Sur près d’un demi mille (*) ce n’était qu’espars et planches �  demi calcinés et partout des corps mutilés, brûlés. Nous n’avons découvert que quatre rescapés mais vous êtes le seul survivant. Les autres sont morts �  bord du sloop, un seul était encore en vie �  notre arrivée ici.

-   Où sommes nous ?

-   A Tobago Capitaine. Vous avez eu de la chance. On vous a trouvé juste comme les requins arrivaient �  la curée. Vous enlaciez encore un tronçon du mât du grand perroquet et vous teniez toujours votre lunette d’approche dans la main gauche mais vous étiez inconscient. Votre lunette est l� , je l’ai fait démonter et nettoyer par un marchand qui vend ce genre de chose en ville.


(*) Un mille marin où mille nautique = 1852m     

   
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