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Auteur Fil de discussion: Journal d'un canadien franà§ais devenu capitaine de flibuste.  (Lu 29240 fois)
Beauchene
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« le: 03 Octobre 2011 à 15:25:17 »

Je me nomme Robert de Beauchêne. Mes aïeux sont venus s’installer dans la « Belle Province » près de Montréal lorsque Monsieur de Frontenac en était gouverneur.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que pour mes parents je n’ai pas été un enfant disciplinable, loin s’en faut. Trop rebelle et mutin pour eux et mes précepteurs, insubordonné et violent, toujours prêt �  frapper et �  payer avec usure les coups que je recevais.
Mes parents, dès lors que je su marcher, redoutaient plus que tout que j’eusse où puisse manipuler des armes que ce fut coutelas, épée, flèche où autre casse-tête. Lorsqu’il advenait que je m’en procure, aucun chien, chat où cochon du voisinage n’y survivait. Je m’entraînais sur tout animal avant que de pouvoir en faire usage sur de plus nobles adversaires.  
Un jour, j’avais alors �  peine sept ans, un parti Iroquois est venu ravager le pays. Il me vint �  l’esprit, dans cette occasion, de me laisser enlever par ces sauvages, car nul n’ignorait dans la colonie que les Iroquois adoptaient les jeunes enfants qu’ils capturaient. Je pensais - �  juste raison - qu’eux ne m’empêcheraient pas, bien au contraire, d’apprendre �  me servir d’armes. C’est en effet ce qui se produisit.
Je passais six années parmi eux. J’y serais encore si une forte troupe de canadiens commandé par le Marquis de Verneuil, n’était venu saccager le canton des Iroquois qui m’avaient adopté. J’aurai au demeurant certainement été massacré, comme l’ont été presque tous, si l’un des canadiens de la troupe qui s’apprêtait �  m’achever – j’avais reçu plusieurs blessures, la dernière m’ayant couché pour le compte  - n’avait été un voisin de mes parents et qu’il eut l’heur de me reconnaître �  une tache de vin en forme de salamandre que j’avais sur le côté gauche du cou. Monsieur de Verneuil me fit soigner par ses gens et reconduire chez moi.
Si ma parentèle m’accueilli �  bras ouvert, il n’en fut pas de même du voisinage qui avait encore en vive mémoire les multiples exactions qu’ils eurent �  subir de ma part, depuis ma prime jeunesse jusqu’au jour de mon « enlèvement ».

Cinq années s’écoulèrent. Je les passais, m’absentant souvent des semaines entières, �  chasser avec des Algonquins amis où �  guerroyer avec eux contre d’autres cantons ( ils étaient prompts �  se quereller pour la moindre raison, si futile qu’elle puisse être). Un groupe d’une trentaine me désigna un jour comme leur chef.
A quelques temps de l� , une escadre Anglaise mouilla �  trois où quatre lieues sur la rivière saint Laurent et posa �  terre un bon millier d’hommes pour prendre la ville. Incidemment, un navire de flibuste relâchait depuis quelques jours dans le port pour vendre son butin.
Le gouverneur, Monsieur le Comte de la Bouère, manda au capitaine, nommé Maupin, ainsi qu’�  moi avec mes Algonquins, de harceler les flancs Anglais et les colonnes qui s’écartaient pour quérir du ravitaillement, ce que nous fîmes avec assez de succès. Après une couple de semaines, les flibustiers et moi-même, dûmes nous replier et aidâmes alors �  la défense de la place forte. Mon frère aîné, capitaine dans la milice, y fut tué. L’Anglais fut finalement repoussé. Ses troupes rembarquées, l’escadre leva l’ancre non sans avoir au préalable saccagé et incendié les quartiers et villages alentour dont celui où ma famille avait son logis. Mon père y laissa la vie dans sa défense.
Durant ce siège, j’eus  maintes occasions de m’entretenir  avec le capitaine Maupin. Il m’expliqua en quoi consistait l’état de flibustier et en vint �  me proposer de me joindre �  lui. Je refusais l’offre – bien que fort tenté par l’aventure - ne pouvant me résoudre �  abandonner mes Algonquins.
Deux années s’écoulèrent. Un jour, dans une fort méchante échauffourée contre des Iroquois, notre parti fut décimé. Plusieurs fois blessé, je parvins avec deux d’entre eux, blessés aussi, �  fuir le massacre. Au contraire de moi, ils ne survécurent pas. Pendant les mois de convalescence qui suivirent, je me remémorais souvent nos conversations avec Maupin.

Durant le rigoureux hiver qui suivit, ma mère mourut de pneumonie. Je me retrouvais seul héritier des biens familiaux. Lorsque je fus rétabli, ma décision était prise, j’allais me faire flibustier. Je vendis tout puis payais mon passage sur un vaisseau marchand qui devait se rendre �  Martinique.

   
« Dernière édition: 06 Octobre 2011 à 18:05:53 par Beauchene »
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« Répondre #1 le: 06 Octobre 2011 à 18:04:58 »

Le voyage �  bord de la « Belle d’Aunis » fut assez long. J’en profitai pour m’initier �  l’état de marin. J’étais le seul �  avoir payé mon passage. Une dizaine d’autres n’en ayant pas les moyens, payaient en occupant des fonction �  bord et couchaient dans l’entrepont. Pour ma part, j’avais droit �  une cabine et je partageais la table du capitaine où l’on faisait bonne chair. Lui, m’initia �  la lecture de la carte, �  la conduite du vaisseau et �   la connaissance des étoiles.
Plus on descendait vers le Sud, plus la chaleur augmentait. Elle devint très forte surtout lorsque nous étions au vent arrière. J’allai devoir m’y accoutumer.

Parvenu �  Martinique, je passais quelques semaines dans la ville et surtout, dans l’intérieur des terres – souvenir de mon temps de coureur des bois chez les Iroquois et les Algonquins – car il  fallait que je m’imprègne de la mentalité des habitants et que je m’adapte �  ce temps, pire encore �  terre qu’en mer car s’y ajoute la moiteur de l’air. La faune et de la flore étaient aussi une nouveauté.
Je commençais ensuite �  fréquenter le port et les tavernes qui le bordait. Il me fallait un navire et un équipage. Je fis se répandre la rumeur sur mon origine de Canadien Français – mon parler amusait, car très différent du Français où de la langue d’Oc - et sur le fait que j’avais été élevé par des Iroquois. J’étais très jeune mais tous, �  voir mon corps déj�  couturé de cicatrices – surtout la gente féminine, qui en  fit courir le fait - comprirent que je n’étais pas un béjaune mais un soldat de métier de quelque expérience. J’obtins une entrevue  avec le Chevalier de Méricourt, gouverneur de l’île. Mes lettres d’introduction du Marquis de Verneuil et  du gouverneur de Montréal le Comte de la Bouère, ajouté �  mon titre  – avoir été officier durant le siège  Anglais sur Montréal m’avait ennobli et donné droit �  la particule et au titre d’Ecuyer -  y firent effet. C’est avec l’aide du gouverneur que je trouvais un sloop. Il n’était pas de première jeunesse certes mais le bois  était sain. For de cette acquisition, il ne me restait que mille écus. A ce propos, j’ai constaté que la valeur de la monnaie est ici sans commune mesure avec le Canada Français. Un service que j’aurai payé l� -bas deux sols était ,ici monnayé un écu. Quoique la monnaie usité soit la piastre d’argent où son équivalent or : le doublon où la pièce de huit (ces pièces pouvaient être séparées en deux où en huit quartiers pour la seconde ceci afin de pouvoir rendre la monnaie).
 
Deux mois après mon arrivée, avec soixante hommes dont un pilote – je me félicitais d’avoir trouvé ce dernier car je n’étais , loin s’en faut, pas encore un marin -  je mis �  la voile pour la première fois. Le gouverneur m’avait confié un pli secret �  remettre  �  son homologue �  Tobago. En route, nous croisâmes un flibot Français que nous saluâmes puis une frégate Espagnole et trois brigantins pirates dont nous éloignâmes prestement.

Le gouverneur de Tobago me pressa pour aller attaquer un navire croisant au large de Margarita et qui nuisait au trafic marchand. J’acceptais et m’y rendis. Après avoir pris la fuite  devant une corvette Anglaise, nous trouvâmes notre proie : une simple barge sous pavillon Anglais. Nous eûmes deux tués pendant l’approche et huit autres, dont mon charpentier, lors de l’abordage. Mon tir �  mitraille juste avant l’assaut coucha pour le compte douze des leurs. Nous avons coulé la barge après l’avoir pillé et massacré les sept survivants.

Je vendis le butin �  Margarita et recrutais les hommes que j’avais perdu. Le gouverneur des lieux me dépêcha devant Martinique pour y attaquer un navire. Sur la route, je croisai un flibot Français qui nous renseigna sur le navire que nous devions attaquer. Il s’agissait d’une pinasse battant pavillon Anglais. L’ayant trouvé nous nous en sommes emparés. Deux des nôtres furent tués pendant les tirs d’approche et six au cours de l’abordage. Les Godons eurent vingt trois morts et nous massacrâmes les deux survivants avant de couler leur navire.

En recrutant �  Martinique je trouvai un nouveau charpentier. Le Chevalier de Méricourt me confia mission d’attaquer un navire devant Saint Thomas.
Durant le trajet, nous nous attaquâmes �  une goélette armée en guerre battant pavillon noir. Elle portait quarante hommes et sept canons. L’affaire nous a coûté onze hommes dont mon pilote – ce dont je suis fort marri car je n’ai pas encore les compétences pour me passer d’un tel homme – et nous avons gardé cette goélette. Nous avons ensuite pris une pinasse Anglaise, but de notre mission. J’ai perdu huit hommes dans l’affaire.

Saint Thomas est une colonie Anglaise. Je demandai tout de même audience au gouverneur qui me reçu aimablement.  J’appréciai beaucoup de n’avoir pas �  passer par un truchement pour traduire ses paroles. Comme beaucoup parmi la noblesse d’Angleterre, il parlait fort bien notre langue. Nombreux en effet possèdent des terres en France, surtout dans la province de Guyenne qui fut longtemps en leur possession. Il me confia donc une dépêche pour Saba. J’ai complété mon équipage. Je n’ai pu trouver un nouveau pilote mais j’ai eu un maître d’équipage et un chirurgien.
Le gouverneur hollandais de Saba me confia mission d’attaquer un bâtiment Espagnol, une simple yole qui croisait au large de la Barbade. Nous déplorâmes quelques tués dont le chirurgien pour qui c’était le premier combat. Mes années passées avec les Iroquois et les Algonquins m’ont permis de connaître les simples et de savoir préparer potions, onguents et cataplasmes. Je savais réduire les fractures et soigner les blessures dues au combat mais n’avais pratiquer d amputation. Cela eut pu sauver quelques hommes ce jour l�   -bien que mon rôle de capitaine ne me laissât que peu de loisir aussitôt après un abordage d’autant que sous ces climats il faut agir de suite sinon la gangrène s’y met.        
Nous avons croisé un sloop Anglais peu avant les atterrages de Guadeloupe. Combat sans merci où nous déplorâmes vingt tués, les Godons n’eurent eu aucun survivant. La plus rude affaire depuis mes débuts �  la flibuste.
La cargaison était conséquente et après la vente �  Guadeloupe j’ai pu recruter un nouveau pilote. Le Chevalier de Méricourt me confia mission de débarrasser Barbade d’un navire ennemi croisant au large. Nous nous y rendîmes. Il s’agissait d’un flibot Hollandais moins chargé en canon que nous ne l’étions mais dont l’équipage était aussi nombreux que nous. Nous avons eu onze tués. Je décidais de ne pas massacrer les survivants et je parvins même �  en enrôler deux. Le flibot était chargé et nos cales étaient pleines.
La nuit et tout le jour qui suivirent, nous eûmes �  affronter une violente tempête. Nous en sortîmes épuisés quand, celle-ci apaisée, il fallut réparer les dégâts qu’avait subit « Algonquin ».

Les semaines qui suivirent nous permirent d’accomplir quelques missions. Nous fîmes escale �  Caracas, Rio de la Hacha, Bonaire, Cumana, pillant quelques yoles, barges où pinasses et fuyant lorsque l’affaire paraissait trop risquée.
A Saint Kitts, je sollicitai du Gouverneur une « Lettre de Marque » qu’il voulu bien m’accorder moyennant cependant quatre milles piastres qui n’allèrent sans doute pas emplir les caisses de la colonie.

Je repassai par Dominique où le gouverneur me chargea d’attaquer un sloop de guerre Anglais qui croisait devant Sainte Croix. Il était armé de quatorze canons et nous n'en avions que huit mais nous étions d'une vingtaine supérieur en nombre. Ses bordées furent très meurtrières – �  la suite de nos deux premieres bordées, lamentablement ratées, je fracassais le crâne du maître canonnier qui était �  ce moment ivre mort. Je m’étais félicité pourtant d’avoir réussi �  l’enrôlé �  Caracas - Nous avons tenté de fuir mais il était trop tard. Nos voiles déchiquetées ne nous donnaient plus assez d’aire pour gouverner et nous étions trop peu nombreux encore valides pour nous éloigner �  l’aviron, il fallu se rendre �  merci.
Notre goélette fut prise en remorque par notre vainqueur et je fus mis aux fers comme les neuf membres d’équipage restant en vie. Peut-être le capitaine n’aimait-il pas les Français mais je crois plutôt qu’ayant lui aussi beaucoup souffert de l’engagement, il craignait que nous parvenions �  nous emparer de son navire .

Il nous débarqua  �  Antigua. L� , le gouverneur Sir Arnold Bishop me proposa d’être « prisonnier sur parole ». Je serai libre de circuler �  ma convenance dans l’île si je donnai « ma parole de gentilhomme » de ne pas tenter d’en partir avant que je puisse être échangé contre un capitaine Anglais se trouvant dans une situation analogue dans une colonie française. Je la lui donnai.

A Martinique, je m’étais lié d’amitié avec le Chevalier de Méricourt curieux de faire connaissance avec ce Canadien Français qui plus est, élevé par des Iroquois – la rumeur lui étant bien sûre parvenue  - nous avons alors lié amitié au point qu’�  chacune de mes escales il m’offrait le gîte et le couvert. Lors de mon dernier passage, je lui avais laissé en dépôt notre butin soit plus de quarante milles piastres. Je lui envoyai une lettre lui faisant part de mon état présent. Une couple de semaine plus tard, j’en reçu la réponse. Il était fort marri de ma situation et se chargeait de la procédure d’ échange. Il me fit aussi parvenir des « lettres de change » pour la valeur de mon dépôt. Je pus m’installer confortablement dans une auberge car mon vainqueur et sans doute aussi le gouverneur Bishop s’étaient emparés de ma cargaison et des quarante trois milles piastres qui se trouvaient �  bord. Je fus en mesure de verser aux survivants de mon équipage, leur part de butin. Une coquette somme puisque chacun reçu près de mille sept cents piastres.
Je fis procéder par les ouvriers du chantier naval, aux réparations qu’exigeait « Algonquin », je l’équipai de huit canons de six livres – les miens ayant été confisqué par Sir Bishop, je l’avitaillai puis recrutai un nouvel équipage. Mes anciens compagnons, tout �  la joie de leurs parts de prise, me rejoignirent presque tous et je n’eu pas de difficultés �  recruter le complément tant ils avaient loué mes mérites dans les tavernes.              

    
   
« Dernière édition: 31 Octobre 2011 à 09:06:58 par Beauchene »
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« Répondre #2 le: 08 Octobre 2011 à 15:28:25 »

  Quelques mois furent nécessaires avant que mon échange eut enfin lieu. Je me trouvais ainsi libéré de ma parole auprès du gouverneur Bishop. Mon navire était prêt et mon équipage au complet. Je quittai Antigua sans perdre de temps.
Nous avons mit le cap sur Martinique où je voulais aller remercier le Chevalier de Méricourt. Le surlendemain de notre départ, nous avons croisé un sloop Espagnol. Sauf la dernière bordée �  mitraille �  bout portant juste avant l’abordage, nos tirs n’ont pas été très efficaces.. Notre goélette a pas mal souffert pendant l’engagement et nous avons  déploré trente et un mort pour une cargaison qui ne valait pas un si lourd tribut. Il a fallu changer de cap et faire escale �  Nevis colonie anglaise où nous n’avons même pas pu vendre le maigre butin. J’ai cependant recruté un pilote.
Nous avons repris notre voyage vers Martinique où �  mon arrivée le Chevalier de Méricourt m’a fait fête. Nous y sommes restés deux semaines puis avons levé l’ancre pour Sainte Croix et de l�  vers  Port au Prince,  chaque fois comme porteur de dépêches, pillant en route  une pinasse hollandaise et quelques jours plus tard une goélette armée en guerre pavillon pirate flottant en tête de mât. Il y avait douze esclave �  bord que j’ai pu vendre un bon prix. Nous avons encore pris et pillés un sloop pirate et avons été amené ensuite �  faire une escale �  La Tortue pour compléter l’équipage. J’y ai recruté un chirurgien.

Notre navire commençant �  être trop connu dans ces eaux, je décidai d’en changer le nom. Nous le baptisâmes « Iroquoise » et l’équipage – et votre serviteur itou – eut droit �  une tournée de rhum pour l’occasion.
Le lendemain nous récupérâmes cinq naufragés. C’étaient des Français dont le navire, un flibot de commerce, avait fait naufrage huit jours plus tôt au large de La Tortue. Les pauvres n’avaient ni vivres ni eau depuis trois jours et sans nous n’auraient pas survécu deux jours de plus. Après les soins de notre chirurgien, il complèteraient opportunément notre équipage. 

    A Saint Barts, nous ne pûmes rien vendre.  Nous levâmes donc l’ancre sans nous attarder.
Une goélette de commerce Hollandaise fit les frais de notre rencontre et je libérai huit esclaves qu’elle avait �  son bord et qui se joignirent �  nous. Les hommes apprécièrent cette mansuétude et je crois que je réitèrerai �  l’avenir.
Ce fut quelques jours plus tard une goélette armée en guerre battant pavillon d’Espagne que nous croisâmes. Trente des nôtres y laissèrent la vie et notre vaisseau était si endommagé  - les idalgos avaient plus de canons - que nous nous transportâmes sur notre prise. Il fallu cependant faire escale �  Bonaire pour trouver de nouveaux compagnons bien que les seize esclaves pris �  bord de l’Espagnol nous eurent rejoint après que je leur ai offert leur liberté.
   
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« Répondre #3 le: 12 Octobre 2011 à 19:25:25 »

Lorsque j’eus complété mon équipage - et trouvé un canonnier et un chirurgien – je fis mettre le cap sur Sainte Croix. Sur le trajet, nous avons pillé un navire sans aucun équipage ni cadavre �  bord. Les hommes étaient terrifiés et j’ai du les menacer pour piller ce vaisseau. Il y avait �  bord un beau butin.
Le gouverneur de Sainte Croix me confie pour mission d’attaquer un navire Devant San Juan de Puerto Rico. Nous nous y sommes rendu mais il s’agissait d’une frégate et nous avons du fuir.
Le même jour, Nous nous sommes emparés d’une goélette de commerce espagnole. L�  encore un assez joli butin. Je vendis ma cargaison �  San Juan et pu recruter un pilote. Je demanda au gouverneur Espagnol de me confier une mission ce qu’il accepta et nous sommes sorti du port pour l’accomplir. A peine sommes nous sorti de la baie que nous rencontrâmes une goélettes hollandaise armée en guerre.
Las ! Je commis des erreurs tactiques sur le choix des boulets �  utiliser. Gréement et coque endommagés, je tentais de fuir mais le Frison était plus rapide. Mon canonnier et cinquante de mes hommes payèrent mon erreur de leur vie. Je dus amener mon pavillon.
Le Hollandais avait été très éprouvé et le capitaine Vermeulen pris la décision de passer une haussière et de remorquer « Iroquoise ». Je restais �  bord avec six de mes hommes, les sept autre autres ainsi que mon second, mon chirurgien et mon quartier-maître  étant transportés sur le « Vrijkeid ».
Sur « Iroquoise » sept Hollandais nous surveillaient. Je restais enfermé dans la grand-chambre quand mes hommes pouvaient monter prendre l’air sur le pont. Ils étaient ensuite descendus �  fond de cale quand je pouvais �  mon tour m’aérer. Lorsque je pus sortir je vis que les deux navires étaient sous gréements de fortune.

Le surlendemain nous approchions d’une côte  quand une frégate sortit de derrière un promontoire. L’arrivant ne tergiversa pas voyant l’état des goélettes et envoya ses couleurs. Un Français !
Le capitaine Vermeulen n’eut d’autre choix que de couper l’aussière de remorquage et de fuir, abandonnant sa prise et les sept hommes d’équipage qui la conduisait.
La frégate ne tenta pas de poursuivre le « Vrijkeid » - trop près du port et de ses défenses et mit en panne près de nous �  moins d’une encablure.
Les sept Hollandais me remirent leurs armes toute résistance étant inutile.
De la frégate, une chaloupe fut mise �  l’eau et nous accosta.
- Vous êtes vraiment les bienvenus messieurs » dis-je à celui qui commandait et qui montait à bord.
- Je suis le capitaine Robert de Beauchêne. Sans vôtre arrivée, j’allais goûter aux geôles hollandaises.
-   Et moi le capitaine Benjamin !! » lui répondit l’homme en franchissant lestement la lisse.
 -  On me connaît sous le nom de Scar. Ca fait plaisir d’aider un compatriote.
Scar prit Beauchêne par l’épaule  et l’invita �  le suivre sur sa frégate. Il en parcoururent le pont où quinze pièces menaçantes étaient rangées sur chaque bord. Dans la mâture les hommes de l’équipage s’activaient pour mettre �  la voile au plus tôt et profiter de la brise de terre qui se levait.
-   Les geôles hollandaises ! Ha par le diable j’y ai fait mes quartiers pendant une semaine » dit Scar d’un ton amical.
- C’est un endroit agréable mais autant l’éviter.
Il se mit soudain à hurler.
-   Je devais être pendu mais le destin en a décidé autrement ! » lança t’il comme un défi au ciel.
Son ton se radoucit aussitôt.
-   C’est ce qui explique ma rancune envers les Hollandais.
-   Je n’ai, quand �  moi, pas la même rancœur envers eux puisque vous venez de m’éviter d’avoir �  me rendre �  leur invitation cher capitaine Scar, mais …. je comprend fort bien vos raisons. »
Vous avez eu de la chance »
lança un homme large d’épaule et doté d’un cou de taureau qui approchait d’eux.
- Si ça avait été un navire espagnol  on l’aurait laissé passer !
-   Voici mon maître d’équipage, Thomas Bourpif !

Scar invita ensuite Beauchêne dans le carré. Deux hommes s’y trouvaient. L’un d’eux manipulait un « Bâton de Jacob ». le carré était assez spacieux mais décoré �  la va vite. Il était encombré d’instruments et d’armes.
Les deux capitaines burent quelques flacons de rhum en échangeant quelques propos mais Robert devina que le capitaine Scar avait hâte de s’éloigner de cette côte – l’agitation de l’équipage dans le gréement en était la preuve – il écourta le plus poliment possible les civilités.
-   Capitaine Scar, je souhaite rejoindre au plus vite un port, autre que hollandais il va de soi, pour réparer et compléter mon équipage. Comme vous le voyez, le Hollandais m’a pillé mais surtout �  fuit �  votre approche en emmenant mes officiers et la moitié de mes hommes survivants. Je vous suis redevable de mon navire capitaine. Croyez bien que je suis, ainsi que mon navire et mon épée, entièrement �  votre service. Où que vous soyez et pour quelques raison que ce soi, faîtes appel �  moi et je ferais tout pour vous rejoindre.
Robert fut raccompagné �  bord d’Iroquoise et les deux navires firent porter pour s’écarter.
De leur dunettes respectives, les deux hommes se saluèrent d’un large geste du chapeau pendant que les équipages se lançaient des hourras �  tue-tête.  

   
« Dernière édition: 31 Octobre 2011 à 09:27:15 par Beauchene »
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« Répondre #4 le: 13 Octobre 2011 à 12:01:51 »

La Tortue ! Haut lieu de la Flibuste française.
Robert de Beauchêne y séjourna plusieurs semaines. « Iroquoise » avait besoin de nettoyer ses fonds – elle perdait beaucoup en vitesse du fait de la traînée d’algues accrochées sous la coque – et nécessitait de lourdes réparations (dont son mât de misaine fendu de l’étambrai et sur plus de deux toises). Il devrait aussi recruter pas mal d’hommes pour combler les pertes subies.

Il mit �  profit ce séjour pour visiter l’Ile. Il fut reçu en plusieurs occasions par le gouverneur, le sieur Bertrand d’Ogeron auprès de qui il s’enquit des capitaines Maupin et Scar mais tout deux étaient absent de la colonie. Il fit aussi la connaissance d’Alexandre Oexmelin, le célèbre chirurgien de la flibuste, qui fut un temps compagnon de bord de Scar. Grâce �  lui, Beauchêne trouva un chirurgien pour « Iroquoise ».

Prenant momentanément La Tortue comme base, Robert de Beauchêne fit une sortie poussant jusqu’au passage de Mona, route des navires venant et partant vers le vieux continent. Une goélette de commerce hollandaise, une pinasse pirate firent les frais de cette courte croisière. Les Hollandais se défendirent vaillamment (il n'y eut aucun survivant et "iroquoise" perdit vingt hommes dont son maître coq. Pendant l’abordage, le chirurgien avait reçu un coup de crosse �  la tempe et s’était écroulé. Ne pouvant se relever tant la presse était forte entre les deux équipages, il participa au combat en mordant les ennemis �  sa portée. Après que le carnage eut cessé, les hommes le surnommèrent « Croquefesse »  quoiqu’il jura que jamais il n’avait pu mordre si haut.
- Faux !  rétorqua l’un d’eux.
 Se retournant, il se déculotta,  et en fournit la preuve (ainsi que celle que les Hollandais ne furent pas les seuls victimes du chirurgien). Une étonnante et profonde morsure sur la fesse gauche confondit le chirurgien déclenchant l'hilarité de l'équipage qui, de fait, lui pardonna de n'avoir pas été en état de soigner leur camarades blessés ce qui eut peut-être eu pu en sauver quelques uns. Car Croquefesse fut assommé pour le compte avant la fin du combat. Personne �  bord ne demanda non plus �  ce que soient défroqués les corps des Hollandais qui jonchaient encore le pont.  
  

   
« Dernière édition: 31 Octobre 2011 à 09:29:16 par Beauchene »
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« Répondre #5 le: 14 Octobre 2011 à 19:07:22 »

Bauchêne était accoudé �  la rambarde de la dunette et avait assisté �  la scène. Cachant mal l’envie qu’il avait d’en rire, il interpella le chirurgien qui devant la preuve de son méfait restait coit.

-   Monsieur Chabot. Où Croquefesse devrais-je dire ! N’y voyez pas offense de ma part mais cet alias me plait assez. Je vous serais infiniment gré, et toute la compagnie avec moi, si �  l’avenir vous vous absteniez de passer sur le pont ennemi. Outre que nous pouvons avoir besoin de vos talents après une chaude affaire, et vous ne pourriez en faire démonstration si vous étiez offensé comme ce jour d’hui … où totalement occis, nos céans y seraient très favorables. Monsieur Oexmelin m’a appris que vous aviez été un temps boucanier et que vous êtes un tireur redoutable. Nous allons mettre le cap sur Léogane. Je me propose de vous offrir un de ces fusils de boucanier qu’on fabrique près de Rouen (*) et qui me dit-on, n’ont pas d’équivalent de par le monde. Vous pourrez vous rendre infiniment utile en offensant les ennemis du Roy depuis la dunette où depuis les hunes pour peu que nous ayons un jour un vaisseau en possédant.

Les homme redoublèrent d’hilarité et le Quartier Maître proposa que le prix de l’arme soit pris sur le butin. Tous acquiescèrent.
Croquefesse donc, puisque tel était �  présent son nom, fit une large révérence en direction de Beauchêne puis de l’équipage. Après quoi il descendit avec sa victime pour la recoudre.    

(*) Authentique
   
« Dernière édition: 31 Octobre 2011 à 09:31:56 par Beauchene »
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« Répondre #6 le: 17 Octobre 2011 à 12:25:45 »

12 Octobre.
Attaqué un flibot anglais aux atterrage de La Véga. Beaucoup trop de morts, dont notre Maître-canonnier et ce, pour un bien maigre butin.
Escale �  La Véga. Recruté un nouveau Maître canonnier.

13 Octobre.
Attaqué yole hollandaise. Longue chasse, perdu 3 hommes. Pour ainsi dire, pas de butin !

14 Octobre.
Attaqué brick anglais. Avons dû fuir devant l’efficacité de ses bordées. 47 tués dont notre Pilote.
Escale �  Léogane pour réparer et reconstituer un équipage.
Acheté un brigantin que j’ai baptisé « Narval ».  

 15 Octobre.
Première sortie en mer avec « Narval ».
Cap sur Saint Eustache. Rencontré flûte de commerce espagnole armée d’au moins 8 canons et ayant un équipage aussi nombreux que nous. Après une chasse et un long duel aux canons nous l’avons abordé et vaincu mais la note du boucher est lourde : 43 tués  dont notre Maître canonnier !
Aucun des 33 survivants Espagnols n’a accepté de se joindre �  nous. Laissé cette flûte repartir après l’avoir pillé. Libéré un esclave qui se trouvait �  bord et qui veut faire parti des nôtres. Mauvais marin sans doute mais il est bâti en Goliath. Il haï bien sûr les Espagnols et ceux-ci ont peur des noirs. Ce sera un bon flibustier pendant les abordages. Il porte un nom imprononçable avec des B, des W et des A. Nous décidons tous de l'appeler "Goliath".
Relâché �  Saint Eustache pour compléter mon équipage. Je n’ai pas trouvé de canonnier pour remplacer celui que nous avons perdu mais j’y ai recruté un second : Jean de Siorac. Il a déj�  beaucoup bourlingué, entre autre avec le Capitaine Maupin – dont il ne peut me donner de nouvelles - qui l’a surnommé « Le Baron » - il aurait vraiment ce titre  - Je suis fort aise de l’avoir �  bord où il aura pour tâche tout ce qui concerne l’organisation de la vie du bord ainsi que notre économie. Les hommes semblent l’apprécier et j’aime sa faconde de gascon.

16 Octobre.
Quitté Saint Eustache cap sur Sainte Croix. J’ai eu l’heureuse surprise d’y trouver la frégate du Capitaine Scar. Il n’était pas �  son bord, j’y ai donc déposé une invitation �  se rendre sur « Narval ». Je n’oublie pas que je lui suis grandement obligé.
Recruté un maître-canonnier, surnommé « Biscaye » pour ce qu’il est natif de cette région et ne tient pas �  être connu autrement que sous ce sobriquet - pour des raisons qui lui sont propres, affaires de cœur malheureuses, ai-je cru comprendre – qu’importe du moment qu’il se montre capable !
     En fait, c’est moi qui me suis rendu �  bord de "Vent de liberté" la frégate du capitaine Scar qui préférait cet accommodement �  celui de se rendre �  mon bord. Je n’ai pu qu’acquiescer, ne pouvant rien lui refuser, j’en suis pourtant quelque peu marri tant j’étais fier de pouvoir lui faire visiter « Narval ».
Nous avons vidé une bouteille de vin d’Espagne qu’on lui aurait « prêté �  long terme » comme il me l’a si joliment dit. Nous avons aussi bu un flacon d’Armagnac que j’avais apporté (mais j’avais du bourse déliée pour me le procurer).
Nous nous sommes quittés dans la plus franche cordialité.
   
« Dernière édition: 17 Octobre 2011 à 22:02:08 par Beauchene »
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« Répondre #7 le: 17 Octobre 2011 à 22:08:45 »

Le soir même, j’avais obtenu d’être reçu en audience par le Gouverneur, le sieur Guillaume de Lescure me chargea de me rendre �  l’Est du canal de Floride où un sloop corsaire espagnol croisait avec quelques succès au point que le trafic de commerce allait devoir être interrompu tant que cette menace persisterait – il me rapportait l�  les craintes des planteurs, commerçants et armateurs de l’île - le gouverneur n’avait que mon navire de disponible. D’autres vaisseaux étaient bien présent mais il étaient de taille plus importante et avait d’autres projets les concernant. J’acceptais la mission et je fis mettre �  la voile le lendemain �  l’aube.

Malheur ! Ce sloop moins armé que nous, en canons comme en hommes, nous a défait. Plus rapide que « Narval » de beaucoup, il a virevolté autour de nous évitant nos bordées et nous offensant méchamment quand il était sur notre poupe. Je réussi �  l’aborder mais trop tard, nous manquions d’hommes et les Espagnols se sont battus comme de beaux diables. Pour la seconde fois je goûtais aux geôles espagnoles.

Croquefesse s’est montré aussi machiavélique qu’ingénieux.
A Trinidad de Cuba où nous avons été emmené, il a pris contact avec les docteurs de l’hôpital pour proposer son aide. Découvrant que les lieux étaient bondés de malades – une épidémie de fièvre quarte – il leurs proposa de soigner nos blessés et ceux de notre vainqueur �  bord de « Narval ». A la demande desdits docteurs, les autorités acquiescèrent. Elles décidèrent que nos douze marins valides –  LeBaron en était -  Il avait caché �  nos vainqueurs sa fonction de second -  resteraient �  bord aidant de jour �  réparer puis �  décharger nos cales et nos canons, le gouverneur ayant  sans doute l’intention de vendre Narval �  son profit. De nuit, ils seraient confinés dans l’entrepont, capots d’écoutilles condamnés et gardés par quatre soldats.
Croquefesse occupait ma cabine sous  le gaillard arrière, transformée en infirmerie. Cinq de nos hommes y étaient soignés dont Goliath qui avait été estourbi par la chute d'une poulie, ainsi que quatre marins espagnols. Croquefesse était libre d’aller et venir pour pouvoir aller prêter main forte �  ses confrères de l’hôpital.

Après deux semaines, les blessés étaient en bonne voie de guérison, presque valides. Croquefesse, une fin de journée et après que nos hommes furent enfermés, sorti de la grand-chambre et demanda aux sentinelles d’aller immédiatement quérir un médecin de la ville car il semblait que l’un de ces patient semblait avoir la peste !!! Il voulait confirmation de ses craintes auprès d’un confrère.
Effroi des sentinelles. Elles quittèrent le bord dans la plus grande précipitation et s’en furent dans la ville répandant partout la rumeur et semant la panique. Croquefesse avait administré un soporifique aux blessés espagnols, il libéra tous l’équipage qui sous la direction de LeBaron firent sortir le brigantin du port. Les canonniers des forts, soit qu’il soient l�  plus pour surveiller les entrées que les sorties, soit que la rumeur de peste leurs soit déj�  parvenue, ne tirèrent pas et « Narval » fut bientôt en haute mer.

LeBaron mouilla dans une petite crique �  quelques lieues de l�  . Avec Biscaye et cinq des nôtres parlant espagnol, il revinrent en ville où ils se firent embaucher qui comme journalier, qui comme portefaix. Il épièrent dix jours durant  les aller et venue de l’épouse et des deux filles du gouverneur. LeBaron lui, s’informait des habitudes de la famille auprès des gens de la maison du gouverneur qu’il abordait dans les échoppes du quartier.
Son choix se porta bientôt sur la fille cadette Dona Inès laquelle rendait visite deux fois la semaine, escortée d’une duègne et d’un valet, �  son frère sur la plantation d’indigo qu’il possédait au Nord de la ville.
L’enlèvement réussi aisément. Le valet fut relâché et chargé d’une missive pour le gouverneur. LeBaron libérerait Dona Inès le lendemain en échange du Capitaine Beauchêne. La duègne serait jusque l� , garante que la jeune fille ne serait ni molestée ni outragée. Si cet arrangement était refusé, LeBaron s’engageait �  ce que Dona Inès soit vendu dans un bordel Anglais (des hérétiques !). Il joignit �  sa lettre une camée et une mèche de cheveux de la demoiselle pour prouver qu’il l’a détenait.

L’échange eut lieu comme convenu, son Excellence n’osa pas tendre de traquenard qui eut mit la vie de sa chère fille en danger.
 Je retrouvais donc LeBaron, Biscaye et Croquefesse �  bord de « Narval » le soir même. Ils me contèrent l’aventure avec force flacons de rhum �  l’appui.
Croquefesse m’apprit entre deux lampées que LeBaron avait signé la missive au gouverneur de son vrai nom : Jean de Siorac Baron de Mespech. Je fis part �  ce dernier de la folie de son geste.
-   Capitaine, je suis déj�  connu, en France et ici, comme étant de la Réforme. Même sans cette affaire, je sais bien ce que leur « Casa de Inquisicion » me ferait subir. C’est pour cette raison que je m’étais fondu parmi l’équipage quand nous fûmes pris.  Alors Baste !

Le capitaine Beauchêne est depuis lors « Persona non grata » dans toutes les Colonies du Royaume d’Espagne et les têtes de sa personne, de LeBaron (Siorac) son second et de benoît Chabot (Croquefesse) son chirurgien, mises �  prix.
                                                
   
« Dernière édition: 31 Octobre 2011 à 09:35:05 par Beauchene »
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« Répondre #8 le: 19 Octobre 2011 à 14:07:39 »

Beauchêne confia �  LeBaron, son second, la remise en état de « Caribou » avec l’aide du maître d’équipage Chambard et du charpentier enrôlé depuis peu. Quand �  lui, il quitta le bord pour effectuer la tournée des quelques échoppes que comptait Saint Eustache, son nouveau navire « Caribou » avait grandement besoin d’espars, rouleaux de toile �  voile , térébenthine ,peinture, étoupe, brai, cordages et poulies et tout ce dont pouvait avoir besoin pour naviguer et combattre, un vaisseau corsaire.  
Les deux premières qu’il visita étaient assez mal approvisionnées – mais il voulait les voir toutes avant d’effectuer le moindre achat afin d’en comparer les prix. LeBaron qui, étant de la Réforme était parcimonieux, serait satisfait d’apprendre que son capitaine tenait compte de ses avis - en la matière !  - Car pour ce qui est de la gaudriole, Beauchêne ne pourra jamais respecter les préceptes d’une telle religion.
Dans la troisième échoppe – il n’y en avait pas d’avantage �  Saint Eustache – se trouvait avant lui une cliente, chose rare dans un tel lieu. Jeune, belle et chose surprenante, habillée en homme ! En marin pour être précis. Un chemisier de calicot blanc, culotte et bottes noires avec en travers du buste un baudrier auquel pendait un sabre d’abordage. La taille fine était encore accentuée par un ceinturon dans lequel étaient passé un pistolet et une dague. Ses cheveux blonds, assez longs étaient réunis en catogan et coiffé d’un tricorne rouge empanaché de blanc.
Superbe !
Un commis aborda Beauchêne et le pria, en attendant que le maître de céans en ait terminé avec cette jeune femme, de visiter les entrepôts pour voir si ce qu'il cherchait était disponible. Les magasins étaient fort bien approvisionnés. Bauchêne ayant terminé son inspection, revint vers le bureau du négocient. La jeune femme était toujours l� . La porte ouverte, il ne pouvait faire autrement qu’entendre des bribes de la conversation. Tout �  coup, un mot éveilla son attention. Un nom plutôt : Scar !
La jeune femme prit, peu après, congé du marchand.
-   Au plaisir de vous revoir, Capitaine Saskia. » dit le gros marchand, homme  rougeaud �  l’aspect débonnaire.
Ainsi se dit Beauchêne, cette femme est capitaine ! Saperlipopette ! Qui plus est, elle connaît le capitaine Scar car c’est elle qui a prononcé ce nom.
 Elle sortit du bureau, il se mit en travers de l'étroit passage.
-   Mademoiselle … où devrais-je  dire : Capitaine Saskia !-   ?
Elle le détailla  de haut en bas, d’un regard quelque peu interrogateur voire … suspicieux.
Je suis le Capitaine Beauchêne. Pour - Je vous servir Mademoiselle. Veuillez pardonner mon outrecuidance mais je n’ai pu … ne pas entendre quelques mots que vous échangiez. Un nom que vous avez prononcé m’a interloqué. Vous connaissez donc le Capitaine Scar ?       
« Dernière édition: 25 Octobre 2011 à 12:50:05 par Beauchene »
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« Répondre #9 le: 19 Octobre 2011 à 18:02:33 »

Alors qu'elle venait de libérer St Eustache d'un blocus espagnol qu'une goëlette de guerre imposait depuis déj�  5 jours, Saskia put librement vendre tous les biens dont les cales du Golven regorgeaient: plusieurs lingots d'argent, des fourrures, des objets précieux du continent... mais aussi de la toile ou du bois de superbe qualité pris dans les cales de ses prises précédentes et nombreuses, toutes exclusivement espagnoles. Il faut dire que ces derniers ont la main-mise sur le commerce du bois et des fibres de qualité pour la construction navale, ayant de fait des colonies continentales pouvant supporter une telle production et non des îles volcaniques où toute culture est une gageure.

Leo de Vries, l'unique marchand digne de ce nom �  St Eustache, avait bien tenté d'acheter au rabais ses marchandises, pensant qu'elle devait appareiller au plus vite, probablement cahrgée d'une autre mission au nom des Provinces Unies, comme cela a été le cas ce dernier mois. Mais Saskia, en bonne marchande, ne s'y laissa pas prendre et sut reprendre l'avantage dans cette dure négociation. Le temps était en sa faveur, et la qualité des biens qu'ell lui proposait étaient un atout majeur.

Alors que Leo accepte enfin d'ouvrir sa bourse et donner �  la capitaine corsaire pas moins de 25 000 florins, elle fait mettre de côté deux pans de la meilleure toile ainsi que deux arpents de bois tropical qu'elle venait de lui vendre, �  destination du capitaine Scar, lors de son prochain passage. Cadeau d'une amie. Le marchand ne put refuser, même si Scar n'était pas des plus apprécié dans les colonies néerlandaises tellement il eut coulé de navires... mais Leo de Vries savait qu'il était dangereux de mécontenter le capitaine Saskia, surtout après qu'elle ait cassé le blocus espagnol.

Sur le chemin de la sortie, un jeune homme lui barre la route. Un Français �  n'en pas douter. Moustache fine et langage châtié, se mariant fort bien avec son apparence soignée, portant un tricorne sur la tête, une redingote, des manches très larges, des bas et des chaussures �  bout carré dernier cri. Un officier de la Royale, �  peu de chose prêt. On y devine un homme réfléchi, sérieux... peut-être un peu coincé.

Il se présenta: capitaine Beauchêne... qui semble en vouloir �  Scar. Alors qu'il prononce son nom, on sent une position défensive de la jeune femme, alors que plusieurs souvenirs liés �  ce nom de heurtent dans son esprit. Leur première rencontre, le dîner aux chandelles �  l'arrière du Golven, son improbablent libération des geôles espagnoles de La Vega par ce diable de Scar au nez et �  la barbe des Espagnols... et les conditions dans lesquelles elle a pu obtenir celle de Scar, détenu par le gouverneur de Curaçao, Matthias Beck. Ce dernier souvenir, douloureux et humiliant, lui fit mordre la lèvre inférieure de colère contenue.

Elle répond alors �  l'homme sur un ton glacial et suspicieux, la main sur le pommeau de son sabre. Après tout, cet homme pourrait en vouloir �  ce forban de Scar. Qui sait ce qu'il a encore pu faire comme frasques? On parle souvent de lui ces derniers temps... notamment d'un enlèvement d'une superbe femme. La fille du gouverneur de Santo Domingues, selon certains. Connaissant le lascar, la fille n'a pas dû être remise vierge au commanditaire, le gouverneur d'Orégon... un Français... et ce Beauchêne a tout de l'officier mercenaire!

Prudence...


Qui ne le connait pas? Ami ou ennemi, ce lascar ne peut guère passer inaperçu... surtout pour mes compatriotes chez qui il a fait de nombreuses victimes, échappant �  la potence par miracle �  Curaçao il y a peu de temps. Demander après lui en terre néerlandaise est peu avisé, capitaine Beauchêne, car même si Scar n'est pas encore activement recherché par les gouverneurs de mon pays, par trop occupés �  harceler l'Espagnol, cela arrivera bien tôt ou tard.

Allons... allez droit au but... que lui voulez vous? Le chercheriez vous pour vous venger d'un troussage ou la chose serait plus sérieuse?
 
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« Répondre #10 le: 20 Octobre 2011 à 12:05:47 »

- Que non point ! Vous vous méprenez �  mon sujet Capitaine Saskia. Je suis en fait grandement redevable au Capitaine Scar. Il y a peu, il m'a permis d'éviter d'avoir �  me rendre �  l'invitation forcée et d'une durée indéterminée que me faisait un gouverneur. Vous entendant prononcer son nom, j'osais espérer que vous aviez de lui des nouvelles récentes.    
« Dernière édition: 25 Octobre 2011 à 12:51:26 par Beauchene »
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« Répondre #11 le: 20 Octobre 2011 à 14:50:02 »

Saskia reste vigilante bien que sur ses gardes. Les Français sont beaux parleurs, c'est chose connue. Mais quelque chose la poussait en son for intérieur �  croire cet homme, allez savoir pourquoi. Elle décide donc de ruser afin de tester la véracité des dires de ce Beauchêne...

Ha bon? Ainsi ce forban vous a providentiellement sauvé? Voil�  qui est intéressant... élan de sympathie pour un compatriote peut-être.

Elle désigne d'un geste les pans de toiles et arpents de bois qu'elle lui a réservé.

Voici la raison pour laquelle son nom a été prononcé: je lui ai fait mettre de côté ceci, que je viens de saisir �  bord d'une goëlette espagnole, celle-l�  même qui effectuait le blocus de St Eustache que je viens de casser, par la grâce de Dieu. Des matérieux d'excellente qualité, comme vous pouvez le constater.

Elle revient à Beauchêne, la voix désormais beaucoup moins glaciale

Mon équipage et mon navire on été fortement éprouvé, mais nous sommes arrivés �  manoeuvrer et le maintenir en échec, tirant en limite de portée de nos couleuvrines. Tactique certes laborieuse, coûteuse en boulets et demandant de bonnes capacités manoeuvrières, mais elle a porté ses fruits.

Dites moi... seriez vous sur le départ, ou accepteriez vous de venir passer la nuit sur mon domaine? Le fait est que j'ai pu acquérir quelques hectares de terre sur cette île, dans un "fond" verdoyant, et que je m'apprêtait �  y retourner. Un peu de compagnie venant d'un homme aux bonnes manières me changera grandement.

Et puis vous pourriez alors en profiter pour me conter votre rencontre avec ce diable d'homme qu'est Scar! Me feriez vous ce plaisir, capitaine?

   
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« Répondre #12 le: 20 Octobre 2011 à 18:58:40 »

- Ma foi, il me faut passer commande auprès de ce marchand le sieur Léo de Vries, sinon mon équipage se trouvera désoeuvré et mon second sera bien marri de ne pouvoir les mettre �  l'ouvrage pour remettre en état notre sloop. En outre capitaine, je présume que votre plantation se trouve en dehors de la ville. je dois �  ma honte vous avouer que je sui un très piètre cavalier. En faite, j'ai appris �  monter dans ma prime enfance mais depuis ...

Beauchêne avait suspendu sa phrase d'un air assez penaud.
 
- J'ai été longtemps "Courreur des bois" et je suis �  présent marin. je n'ai eu que bien peu l'occasion de monter en selle depuis. Aussi vous prierai-je de ne point vous moquer, ni de ma façon ni de l'allure de mon équipage. Si telle sont vos intentions, c'est avec grand plaisir que j'accepte votre invitation.  
« Dernière édition: 31 Octobre 2011 à 09:36:35 par Beauchene »
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« Répondre #13 le: 20 Octobre 2011 à 22:08:39 »

Saskia rit alors de bon coeur.

HA HA HA! Capitaine Beauchêne, l'on n'accède �  mon domaine que par la mer! IL ne pourrait en être autrement pour un capitaine corsaire, marchande de surcroit! Allons, venez avec moi, nous appareillerons dans une heure et atteindrons Golvengeval dans trois heures au pire.

Au fait... sauriez vous jouer aux échecs? Je n'ai malheureusement aucune adversaire digne de ce nom au domaine, et si par chance vous étiez adepte de ce jeu, notamment de sa forme la plus récente avec eschés de la dame et roque... je serais fortement intéressée par une partie. J'ai notamment chez moi un superbe jeu en ivoire et ébène "emprunté" �  un capitaine de galion de commerce espagnol. Un homme au goût certain qui n'a pas eu de chance de croiser mon sloop des Bermudes et d'en sous-estimer la létalité pour peu qu'on sache le maneouvrer correctement.


Elle ressort alors, tête haute.

Dans une heure sur les quais, capitaine. A tout de suite!
   
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« Répondre #14 le: 21 Octobre 2011 à 18:59:06 »

Saskia volta et s’en fut, son rire résonnant dans l’étroit couloir de l’échoppe du sieur Léo de Vries.
Beauchêne eut un large sourire. Il était assez satisfait de lui même : il l’avait fait rire.
Alors qu’au début de leur entretien, elle avait été sur la défensive.
Non ! Agressive ! C’est le mot qui convenait.

De fait, il n’était pas aussi mauvais cavalier qu’il l’avait prétendu avec son faux air penaud.
Il savait monter, sans plus … mais bien mieux que beaucoup, surtout parmi les gens de mer dont la plupart n’avaient chevauchés que l’élément liquide et des femmes. Quoique pour ces dernières … les bourgeois, les terriens en général, prétendaient que le matelotage entre marins n’était qu’un doux euphémisme cachant en fait des pratiques sodomites. Les sots !  

Il la suivi des yeux jusqu'�  ce qu’elle disparaisse �  sa vue.

-   Sacré beau brin de fille. »  Pensa-t-il. - Un port de tête adorable. Le dos droit, les épaules rejetées en arrière – les deux mettant en valeur des rondeurs …  Et du caractère ! Une battante �  n’en pas douter.

Beauchêne secoua la tête comme pour chasser cette délectable vision. Il entra dans le bureau de Léo de Vries. Il était temps de penser �  ses devoirs de capitaine d’un navire  flibustier.
Il commanda au marchand ce dont « Caribou » avait besoin. D’avantage même car il choyait son navire.
Il ne lui restait que peu de temps avant que l’heure ne soit écoulée. Il fut de retour �  son bord.

-   Mon cher LeBaron » à l’adresse de son second - envoyez une équipe avec un homme de confiance chez Léo de Vries. Il a son échoppe et ses entrepôts dans la ruelle située entre le bout du quai et les fortifications de la batterie basse. Voil�  la liste de ce que j’ai acheté, vérifiez �  leur retour que rien ne manque, le larron fait dans la qualité mais ses prix sont assez élevés et je n’ai pas un capitaine Saskia pour m’offrir de la toile �  voile et des espars.
-   Je ne comprend pas capitaine. Qui est ce capitaine Saskia ?

-   Oh rien ! Je vous expliquerai plus tard. Au fait, que l’équipe que vous enverrez chez ce Léo de Vries loue les services d’un charretier. Il y a pas mal �  transporter �  bord. Et je vais m’absenter pour …. En fait, je n’en sais fichtre rien. Ne vous inquiétez pas même si vous ne me voyez pas de plusieurs jours. Vous n’auriez pas remarqué un sloop … « Golven » je crois ? Sinon voyez avec les hommes si l’un d’eux sait où il est accosté, je descend dans la cabine me changer.
-   Vous changer Capitaine ? Vous aviez demandé une audience �  son Excellence le gouverneur ?

-   Mieux que ça mon cher ! » Lança Beauchêne par dessus l’épaule en dévalant l’échelle du panneau d’écoutille.
-    ?
Il réapparu avant que LeBaron eut fait partir l’équipe chez Léo de Vries. Chemise de fine batiste �  jabot et manches bordées de dentelle, tunique de fin velours vert passementée de fils d’argent, tricorne bordé de galons et de franges en fils d’argent également et souliers �  boucles, l�  encore en argent.
Les hommes présents sur le pont le regardèrent bouches bées. Occupés �  vérifier la liure de beaupré, Pierre « Belle gueule » dit �  l’aide bosco :
-   Mazette ! Y’a une femme l�  dessous, j’te l’dit compagnon.
-   Alors c’est une Lady »
répondit « la Bigorre ».
-   Ici on dit pas Lady, c’est une colonie des Provinces Unies.
-   Et comment y disent les Hollandais ?
-   Ben … j’sais pas. Moi j’fréquente que les filles de chez  la Margot.
-   Et où c’est-y ça chez la Margot ?

-   L�  Bas ! »   dit la Bigorre en tendant le bras vers les bas fond de la cité.
-   T’as déj�  trouvé le temps de repérer les lieux ?
-   Quand on me pince le nez y’a pas encore du lait qui coule. Moi j’ai bourlingué et je suis déj�  passé partout.
Pendant ce temps, après avoir obtenu de son second la position de « Golven », Beauchêne s’y rendit – ce n’était que cinq navires plus loin, le long de l’unique quai – et il y fut rapidement suant presque dans ces beaux atours. Le Capitaine Saskia avait parlé  de quelques heures de mer et l’air du large lui ferait le plus grand bien.
- Vêtu comme pour assister au « Lever du Roy » que peut bien aller faire Robert �  bord de ce « Golven ». pensa LeBaron en voyant son capitaine s’éloigner.                
  
   
« Dernière édition: 31 Octobre 2011 à 09:38:52 par Beauchene »
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