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« le: 10 Septembre 2006 à 21:15:40 » |
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Port au prince avait ce soir l� des allures de paradis terrestre. Des tavernes animées qui sentaient bon le rhum et la bonne humeur. Des pirates sanguinaires s"amusant comme des enfants, des enfants jouant aux pirates sanguinaires et des musiciens faisant vibrer et danser petits et grands. Cette atmosphère bon enfant était surveillée par une lune rousse d"aspect irréelle qui rendait cette soirée magique. Un vrai paradis sur Terre. Mais moi, il me fallait courir. Cel� faisait � peu prés 30 minutes que je m"engageais sans réfléchir dans les premières ruelles qui s"offraient � moi. Sans un regard en arrière, je ne cherchais qu"� fuir le sort que me réservait un groupe de marins biens moins joviaux que leurs camarades. Lorsque je n"entendis plus que la rumeur des festivités, je m"arrêta, le souffle coupé et les tempes brûlantes, pensant avoir échappé une fois de plus � une fin certaine. Je me laissa tomber sur le sol, posa mes bras sur mes genoux et me mit � rire doucement, fière de ma victoire. Mais j"entendis quelqu"un frapper dans ses mains en riant. Me retournant pour voir de qui il s"agissait, je reconnut l"un de mes poursuivants. Je me leva en hâte et repris ma course mais aprés deux pas, je me heurta � un mur de pierres. Il me fallu lever la tête pour me rendre compte qu"il s"agissait en fait d"un des camarades de l"autre homme. Avec un sourire large comme une fosse, le géant m"empoigna et me projeta contre un mur qui, plus solide que ma pauvre tête, me fit perdre connaissance. Je ne me réveilla que plusieurs minutes aprés, le visage ensanglanté, ligotée et entourée par six grands gaillards qui, d"aprés leurs sourires, n"étaient pas prêts � me laisser partir aprés de simples excuses. L"un d"eux s"approcha, se baissa et me dit: "Do you know what is this little thing you"ve just stole?" Mes yeux s"agrandirent et je me dit en moi-même: "c"est vraiment pas ma soirée! non seulement je me fais choper, mais il faut que ce soit par des pourritures d"anglais!" L"homme comprit que je ne parlais pas un mot d"anglais. Il me tendit alors le petit médaillon doré que je leur avais dérobé, et il reprit en français quasiment parfait: "Est-ce que tu sais ce qu"est cette petite chose que tu nous a volé ma petite?" Le raffinement avec lequel parlait cet homme me fit pensait qu"il était probablement cultivé, hors un marin cultivé doit sans aucun doute être important. Er je me mis � avoir sérieusement peur.
"Ceci est un présent pour notre bon roi. S"il y a une chose que des gentilles filles comme toi ne doivent pas faire, c"est de voler ce qui appartient au grand roi Charles II! -Je m"excuse milord, dis-je sanglotante, je ne savais pas... -Tais toi, me dit-il sur ce même ton compatissant et paternel qui devenait de plus en plus inquiétant. Tu ne savais pas, mais cel� n"est pas suffisant pour que nous te pardonnions. -Que...que voulez-vous de moi...?" Le regard de plus en plus malsain de l"anglais et les rires de ses compagnons me firent comprendre ce que 6 marins en mer depuis plusieurs mois pouvez vouloir d"une jeune fille seule et attachée au fond d"une ruelle sombre. Le choc de la nouvelle, mêlait � la peur, au dégoût et la colère m"empéchèrent de parler et je ne trouva que la force de dire d"une voix tremblante et sans vie: "...non..." les hommes se mirent � rire et celui que je considérait comme leur capitaine déchira ma chemise en le disant: "Ne t"inquiètes pas sweetheart, je vais être trés doux avec toi!" Je me sentis défaillir lorsqu"il posa ses lèvres dans mon cou. je ne sentais plus le sol froid et humide sous mes jambes, ni l"odeur de mort qui régnait dans cette ruelle. Je me sentais planer, emportée par le malaise qui me gagnait. Et lorsque je cru mon sort scellé, j"entendis une voix provenant de l"entrée de la ruelle. "Let her go!" Cette voix, douce et autoritaire, avait résonnait chez les anglais comme un coup de feu, et chez moi, comme un salut potentiel. Le géant, reconnaissant dans cet ennemi probable un compatriote, s"approcha de l"ombre qui venait de parler: "Who d"fuck art thou, mate?" L"homme ne répondit pas. Il s"avança de quelques pas ce qui nous permit de le découvrir en partie. Il portait un long manteau noir, de grands gants d"escrime noir et portait un feutre noir dont un bord était attaché par une boucle en argent reflétant la lumière de la lune. "Let her go or die!" Le chef des anglais se rhabilla avant même d"avoir pu me toucher et s"approcha � son tour de l"homme: "Give us an answer!" il avait l"air quelque peu contrarié d"avoir été interrompu et hurlait plus qu"il ne parlait � présent. Je ne put m"empêcher de sourire en voyant mon bourreau ridicule. "Give us a fuckin" answer! Who the fuck are you! -The only thing you gotta know is that you"re all gonna die if you don"t let her go! -What the... KILL HIM! KILL HIM!" Et même si je n"avais pas compris un traître mot de ce qui venait d"être échangé, je compris que du sang d"anglais allait couler � Port au prince ce soir l� !
L"homme au feutre noir dégaina sa rapière et pointa le géant avec alors que ce dernier se précipitait sur lui en hurlant. L"homme fit un pas de côté et la lame fut quelques instants éclairée par la lune alors qu"elle traversait la gorge du géant. Le colosse anglais s"effondra, l"affrontement n"avait duré que quelques secondes. Les camarades du mort étaient stupéfait, il me sembla que le monstre gisant sur le sol avait dut être � plusieurs reprises leur atout majeur lors de batailles précédentes. Les anglais échangèrent quelques regards, dégainèrent et s"approchèrent en entourant l"épéiste apparemment doué. Il approcha sa main gauche de son feutre et lorsqu"un des anglais fut � sa hauteur, il lui jeta son chapeau et en un bond lui traversa la poitrine avec sa lame. Il se retourna pour donner un grand coup de genou dans l"entre-jambe d"un autre adversaire et le jeta sur un de ses compagnons. Il esquiva en quelques pas quelques coups hasardeux d"un jeune anglais courageux mais inexpérimenté, para � deux reprises puis bloqua son épée, qu"il retint par la garde avant d"asséner un coup de tête au jeune anglais qui s"effondra, assomé. Les derniers anglais encore debout, le chef mis � part se réunir � deux pour venir � bout de leur adversaire. Ils s"élancèrent d"un même mouvement mais l"homme en noir tint bon. Il para, esquiva pendant plusieurs longues secondes et les deux camarades commencèrent � douter de leur supériorité. Et lorsque le doute n"en fit plus un, l"homme en noir se fendit et traversa la gorge de l"un des deux anglais. L"autre poussa un cri, lacha son épée et s"enfuit. Nous n"étions alors plus que trois, le chef des anglais, l"homme au manteau noir et moi, toujours attachée mais certaine de mon salut. Les deux hommes se regardèrent, le chef avait l"air furieux. Ce fut l"homme en noir qui prit la parole en premier: "I guess it"s your turn now, isn"t it? dit-il plein d"ironie dans la voix. -No...no...not yet...soon my friend, i"ll get you! And you"ll pay for your crimes against the king!" Alors que le chef marchait � reculons sans quitter son adversaire des yeux, je tendis les jambes et il s"étala de tout son long en hurlant comme un enfant effrayé. Il se releva plus furieux que jamais et voulu me plonger son épée au travers du corps mais l"homme en noir lança un couteau qui vint se planter dans l"épaule de l"anglais qui hurlant une fois de plus, s"enfuit � son tour en criant: "Edgar Walters will never forgive you bastard!" Seuls dans la ruelle, je ne put m"empêcher d"avoir un frisson lorsqu"il s"approcha de moi pour me détacher. Il se baissa, coupa mes liens et me demanda: "Are you wounded? Did they hurt you? -I...heu...do...heu...don"t... ho et merde!" il comprit aussitôt que l"anglais n"était pas vraiment mon fort et il sourit. "Vous êtes française? me dit-il avec un charmant accent anglais -Vous parlez français! Mais c"est parfait! -oui oui j"ai appris il ya quelques années. -Qui êtes-vous? Pourquoi vous m"avez sauvé?" Il ne me répondit mais s"éloigna de quelques pas, se baissa et ramassa le médaillon qui m"avait valu tant d"ennuis et me le donna en disant: "Je suppose que c"est la cause de tous vos soucis, vous devriez le garder en souvenir, me dit-il en souriant, et maintenant, si vous me donniez votre nom? -Je vous ai demandé avant, lui répondis-je -Et je vous ai sauvé la vie!" Il gagna. "-ha ha, ok, je m"appelle Isabella Scamaglione, voleuse devant l"éternel, et je vous dois une fière chandelle! -C"est vrai, vous m"en devez une, et j"ai une idée sur comment vous allez pouvoir payer votre dette! Le sourire qui apparut sur son visage me rappella celui du chef anglais et je pris peur � nouveau mais il interrompit mon fil de pensées: "N"ayez crainte, j"ai une offre � vous faire qui n"a rien � voir avec ce que vous avez failli subir. -Quel genre d"offre?" Je commençais � douter de ce qui se passait. "Accompagnez moi jusqu"� mon navire, je dois avoir des vêtements qui vous iront et nous pourront parler tranquillement du contrat que je tiens � vous offrir." Cet homme était décidément de plus en plus bizarre. Un anglais qui n"a pas de scrupules � tuer ses compatriotes, un expert en escrime qui possède un navire, certainement pas un marchand ni un militaire, un pirate peut-être? Pourtant il n"en a pas l"air. Alors que toutes ces questions se bousculaient dans mon esprit, il s"éloignait doucement vers le port. Il se retourna et voyant que je ne le suivais pas, il me fit signe avec la main de l"accompagner. "S"il ya une leçon que feu mon père m"a appris, c"est de ne jamais suivre un homme sans connaître son nom! Dites moi comment vous vous appelez, et aprés on verra!
Modifié par salk
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